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Lille dauphin, c’est bon pour la Ligue 1 ?

Par Eric Carpentier
Lille dauphin, c’est bon pour la Ligue 1 ?

Ce soir, Paris affronte son concurrent national le plus sérieux selon le classement du moment. Mais aussi un club au bord de la Ligue 2 la saison passée. Bonne nouvelle pour le LOSC, mauvaise pour la Ligue 1 ? Possible.

Les faits sont formels : le PSG n’aurait pas pu mieux préparer son déplacement à quitte ou double au San Paolo. En allant jouer un Classique chez le quatrième et en recevant son dauphin, Paris affronte ce qui se fait de mieux en France entre deux duels européens. Enfin des oppositions sérieuses face aux enfants de la patrie, avant l’arrivée des jours de gloire ! Aux armes, clubs de Ligue 1, formez vos bataillons ! Ces cohortes étrangères feraient la loi dans nos foyers ? Ces phalanges mercenaires terrasseraient nos fils guerriers ? Bah oui. Parce qu’aujourd’hui, Paris peut aller gagner au Vélodrome en s’avançant sans 6 et sans 9. Et parce qu’aujourd’hui, son rival le plus pressant (à huit points) est un club dont la masse salariale est encadrée par la DNCG. Oui, le LOSC mérite sa place, de même que Montpellier derrière lui. Mais la Ligue 1 n’en sort pas forcément grandie.

Un p’tit feu pour démarrer

Le point commun entre le LOSC de Gérard Lopez et le Tours FC de Jean-Marc Ettori ? L’encadrement de la masse salariale, donc. Sauf que le second est douzième de National, tandis que le premier, seul dans ce cas parmi l’élite, est bien parti pour représenter la France à l’international la saison prochaine. À moins d’un effondrement sauce bordelaise 2010, le LOSC squattera un strapontin européen en fin de saison. Et Paris sur le trône, ce sera donc à la place, au choix, de Monaco, Lyon, Marseille, Rennes ou Bordeaux, pour reprendre les européens actuels. Pour l’heure, c’est Monaco, puisque les deux clubs ont très exactement interverti leur classement par rapport à la même époque la saison passée. Une perspective pas forcément encourageante.

Car qu’est-ce que Lille, sinon le Monaco du pauvre ? À savoir deux clubs dont les directions font pencher la balance bien plus vers le jeu de l’achat/vente que vers celui du terrain pour se développer, laissant leur entraîneur se débrouiller avec ceux qui restent. Du côté de la Turbie, Jardim a été au bout de la mission avant d’être submergé par les vagues du renouvellement. À Luchin, Christophe Galtier fait un travail exemplaire avec son groupe, mais peut aussi remercier tous les matins Nicolas Pépé d’avoir refusé Lyon, quand les dirigeants étaient prêts à l’accompagner à la Part-Dieu pour 30 patates. Spoiler : il risque fort de ne pas y avoir de saison 3 pour l’Ivoirien au LOSC. Là où les sur-performances étaient le résultat de générations arrivées à leur sommet, avant la consécration européenne puis l’éparpillement sous d’autres cieux (cf. Lille 1999-2002), le club ne compte aujourd’hui que quatre joueurs présents depuis plus de deux ans : Maignan, Soumaoro, Koné et Faraj. Quelle que soit la qualité de l’équipe actuelle, elle tient davantage du feu de paille que du bûcher élaboré couche après couche.

Faut savoir bien béguiner

Avec le 15e effectif le moins stable du « big 5 » (1,19 saison en moyenne, talonné par Monaco, tiens, tiens) et le quatrième national, Lille doit soulever une question à l’endroit des autres cadors réels ou supposés. Comment Lyon ou Marseille, entre autres, peuvent-ils être devancés par une équipe montée en si peu de temps ? Gérard Lopez peut voir « le foot comme une usine complètement folle qui produirait un bon produit une semaine puis un mauvais la semaine suivante » (Le Figaro, fin septembre), le travail des locomotives doit précisément être de réduire cette incertitude pour rester compétitif au plus haut niveau. Là, il semblerait que le taf ne soit pas toujours bien fait.

Reste une chose. S’il n’est pas forcément bon signe pour la santé de la Ligue 1, ce Lille dauphin est très clairement bon pour le moral. Avec sa Bip-Bip (Bamba-Ikoné-Pépé, 77% des buts lillois cette saison), dont la vitesse n’a d’égale que l’espérance de vie de l’hirola, et une défense menée par un trio Maignan-Soumaoro-Fonte étonnant, cette équipe est une doudou bien balancée, troisième attaque et troisième défense de France. Il faut profiter de ses caresses pour décoller et espérer un corps-à-corps torride au Parc des Princes. Il sera bien temps de râler pour l’indice UEFA la saison prochaine : après tout, ça ne fait jamais que vingt ans que ça dure.

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