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Leverkusen, Bayer de caractère
Bousculée par la Roma en demies retours de Ligue Europa, jeudi, Leverkusen a encore fait la différence dans les dernières minutes, sauvant même son incroyable série d’invincibilité au bout du bout du bout du temps additionnel, comme d’habitude. La formation de Xabi Alonso tient décidément quelque chose de surnaturel, et rien ne semble capable de l’empêcher de réaliser sa prophétie.
Leverkusen tenait déjà son billet pour la finale de Ligue Europa, jeudi soir, au moment où Josip Stanišić, entré à la 90e et lancé par Granit Xhaka, a crocheté Leandro Paredes puis trouvé, pied gauche, le petit filet opposé de Mile Svilar, gardien de la Roma. On jouait alors la septième minute de temps additionnel et, sur le papier, ce but du 2-2 n’était qu’anecdotique, les hommes de Xabi Alonso ayant déjà fait le travail à l’aller (0-2). Pourtant, la démonstration de joie de toute l’équipe allemande – remplaçants compris – fut encore plus forte qu’un quart d’heure plus tôt, lorsque Gianluca Mancini avait trompé son propre gardien et donné l’avantage – sur la double confrontation – à la formation allemande. Car au-delà de définitivement assurer au Werkself une soirée de gala le 22 mai à Dublin, ce pion lui permet de rester invaincu cette saison toutes compétitions confondues, avec une série de 49 rencontres sans voir l’ombre d’une défaite, que ce soit en Bundesliga, Pokal ou C3. Plus fou encore : en marquant à la 90e+7, le tout frais champion d’Allemagne a encore offert un scénario irréel, confirmant qu’il était le roi des arrêts de jeu, le maître du renversement, et un monstre indestructible, même sur un fil.
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Le talisman Patrik Schick
En rembobinant, cela fait mal au crâne. Contre Stuttgart (2-2) le 27 avril, Leverkusen avait déjà remonté deux buts en seconde période, avec le second inscrit dans les tout derniers instants (par Robert Andrich, 90e+6). Sur la pelouse du Borussia Dortmund le 21, il était également revenu dans le temps additionnel du temps additionnel (Josip Stanišić, 90e+7). Dans l’antre de West Ham en quarts retours de Ligue Europa, le 18, Jeremie Frimpong avait égalisé à la 89e minute. Contre Hoffenheim, le 30 mars, le FC Pharmacie était encore mené à trois minutes de la fin du temps réglementaire, avant de renverser la table (Andrich à la 88e, Patrik Schick à la 90e+1). Même schéma le 14 mars en quarts retours de C3 face à Qarabağ, avec encore plus de folie : retard de deux buts, réduction du score à la 72e, puis un doublé de Patrik Schick après la fin du chrono (90e+3 puis 90e+7). Et l’international tchèque avait déjà été le héros lors de la manche aller à Bakou, sa réalisation à la 90e+2 ayant permis à son équipe de remonter un break de retard (2-2), là aussi. La réception de Stuttgart (encore) le 6 février ? Égalisation à la 66e, but du 3-2 de Jonathan Tah à la 90e. Le déplacement à Leipzig le 3 janvier ? Égalisation à la 63e, but du 3-2 de Piero Hincapié à la 90e+1. Sans oublier le toooor d’Exequiel Palacios à la 90e+4, à Augsbourg le 13 janvier.
Ce n’est que pour l’année 2024, mais c’est déjà assez effrayant comme ça. Au total, au cours de cet exercice, le club de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a marqué 17 fois dans le « Xabi Time » (c’est-à-dire à la 90e minute, ou après), dont 11 fois pour arracher le nul ou la victoire. Grâce à ce superpouvoir, Leverkusen vient de battre le record européen d’invincibilité tous championnats confondus depuis l’instauration des Coupes d’Europe, devant les 48 rencontres du Benfica d’Eusébio (de décembre 1963 à février 1965). « Je suis encore une fois sans voix d’avoir réussi à marquer, à faire preuve de caractère et à ne pas perdre le match, déclarait Alonso après la qualification, jeudi. Les garçons ont continué de croire que nous jouions de la bonne manière. À 2-0, on peut avoir quelques doutes, perdre le contrôle, changer sa façon de jouer. Mais nous avons continué à faire ce qu’il fallait. »
La recette ? L’ancien milieu de terrain n’en sait pas plus que vous, comme il le confessait à Sky Sports fin avril : « Je n’ai jamais vu cela dans le football. Ça défie toute logique. C’est difficile à expliquer. » En attendant, le Bayer fonce vers un superbe triplé, alors qu’il n’avait soulevé que deux titres majeurs dans toute son histoire, avant cette année. Pour tout rafler et rester invincible jusqu’au bout, il faudra résister à Augsbourg (9e de Buli) et Bochum (14e), puis remporter en trois jours ses deux finales contre l’Atalanta puis Kaiserslautern, pensionnaire de deuxième division. Si tout se passe comme cela doit se passer, Leverkusen affrontera une autre équipe de timbrés, le Real Madrid, en Supercoupe d’Europe le 14 août à Varsovie. Nous ne sommes donc pas à l’abri du deuxième Big Bang de l’histoire.
Par Jérémie Baron