- C1
- 3e tour
- Fenerbahçe-Lille (1-1, a.p.)
Dogues des Enfers
Envoyé en prolongations à la 91e minute sur un but contre son camp puis réduit à dix, Lille est pourtant venu à bout de Fenerbahçe pour se qualifier en barrages de Ligue des champions. Une victoire qui devrait marquer un tournant pour cette équipe habituée à craquer dans les moments chauds.
L’ambiance incandescente du stade Şükrü Saracoğlu aurait pu virer au drame, ce mardi soir. D’abord lorsque Lucas Chevalier a reçu un projectile jeté des tribunes, puis quand Fenerbahçe a ouvert le score à la 91e minute d’un match suffoquant, mais pas franchement emballant. À 2-2 au niveau du score cumulé, le LOSC a été envoyé en prolongation et l’enfer semblait promis à ces Dogues qui ont si souvent chuté sous la pression ces dernières années. Pourtant, ce but contre son camp gag de Bafodé Diakité sur une longue touche déviée par Thomas Meunier, ainsi que l’exclusion d’Aïssa Mandi, n’ont pas fait flancher les Nordistes. Ces derniers s’en sont sortis à deux minutes d’une éventuelle séance de tirs au but grâce au penalty de l’inévitable Jonathan David. Il faudra éliminer le Slavia Prague en barrages pour se hisser en Ligue des champions, mais le plus dur est déjà fait.
Genesio apprend de ses erreurs
Au match aller, Lille avait également fait preuve de caractère quand Edon Zhegrova avait offert la victoire sur la plus petite des marges (2-1) dans le temps additionnel pour valider une rencontre largement dominée. Alors que l’équipe de Paulo Fonseca était experte dans l’art de se saborder, voilà que celle de Genesio est prête à tenir jusqu’au bout du bout (pour l’instant, en tout cas). L’entraîneur passé par Lyon et Rennes ne s’inscrit pas totalement dans la lignée tactique de son prédécesseur sur le banc nordiste, mais possède d’autres vertus. Avant le match, José Mourinho indiquait qu’il ne pensait pas voir le LOSC « seulement défendre » et même si les Dogues ont exploité quelques failles du bloc turc ouvert aux quatre vents, ils ont aussi été capables de laisser le ballon à des adversaires qui ne savaient pas toujours quoi faire avec. Une adaptation, sûrement forcée, qui permet à Bruno Genesio de devenir le premier entraîneur français à sortir vainqueur d’une double confrontation face à Pep Guardiola et José Mourinho.
Le Lyonnais a pourtant lui aussi connu quelques lendemains difficiles après des défaites frustrantes. À la tête de l’OL, sa dernière saison s’était conclue par une élimination en demi-finales de Coupe de France face à Rennes (2-3) à cause d’un but tardif qui avait scellé la fin de son aventure. Sur le banc breton, il a ensuite pris la porte en Ligue Europa contre le Shakhtar (2-1, 4-5 aux TAB) après un but contre son camp à la 119e minute et une séance de tirs au but où le gardien adverse avait sorti trois parades. Face au même Fenerbahçe, le Stade rennais de Bruno Genesio avait également été remonté à deux reprises, dont une fois en menant 3-0. Le coach a appris de ses erreurs et doit désormais enseigner la résilience à ses nouveaux joueurs.
Des cadres solides
Parmi eux, certains sont toujours indispensables. À commencer par Lucas Chevalier car, malgré une blessure l’empêchant de disputer les Jeux olympiques et une poussée soudaine de cheveux, le gardien a une grande part de responsabilité dans la qualification du LOSC en barrages. Impérial à l’aller comme au retour, le portier de 22 ans n’a pas flanché, même visé par les tirs des supporters, et a assuré qu’il répondrait de nouveau présent cette saison. Plus haut, Alexsandro s’est encore montré très dominant dans sa moitié de terrain, Angel Gomes reste toujours aussi fiable au milieu, tandis que Jonathan David a pris ses responsabilités en transformant le penalty vainqueur en fin de rencontre.
Lors des récents craquages lillois, Paulo Fonseca n’était pas le seul à blâmer. S’il avait l’ambition de jouer haut en prenant le risque de concéder quelques occasions chaudes, l’entraîneur portugais n’a pas toujours pu compter sur des joueurs infaillibles. Il avait alors tenté de faire redescendre ses troupes la saison dernière, en vain car les Dogues s’étaient quand même pris les pieds dans le tapis lors des ultimes minutes pour laisser la troisième place du championnat à Brest et s’obliger à passer par ces tours de qualifications de Ligue des champions. Désormais, la malédiction est brisée : le LOSC est capable de sortir indemne de l’Enfer.
Par Enzo Leanni