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L’Etihad Stadium, le point faible de Manchester City

Par Adrien Hémard-Dohain

Contrairement aux autres demi-finalistes de cette C1, Manchester City n’évolue pas dans une enceinte franchement intimidante. S’il est toujours capable de se sublimer quelques instants, l’Etihad Stadium n’a pas la carrure d’un stade qui fait basculer une rencontre. Pas encore.

L’Etihad Stadium, le point faible de Manchester City

À Manchester il y a le théâtre des rêves, et celui où l’on s’endort vraiment. Si Old Trafford a, comme beaucoup de stades anglais ces vingt dernières années, perdu de sa superbe, le voisin qui abrite les Skyblues n’est pas épargné non plus par l’apathie qui a gagné les enceintes des principales écuries anglaises. Club issu des quartiers pauvres de la ville, et fort d’un public littéralement populaire à l’origine, Manchester City évolue désormais dans ce que le football propose de pire : une enceinte impersonnelle, de son architecture à son nom, et la plupart du temps pas du tout à la hauteur de ce qu’il se passe sur la pelouse. Jusqu’à preuve du contraire, l’Etihad Stadium n’est pas le genre de stade qui peut faire basculer un match, loin des Santiago-Bernabéu et Giuseppe-Meazza des trois autres demi-finalistes de la C1. Et si c’était finalement le point faible de la machine citizen ?

L’Emptyhad Stadium

Pour aller au bout d’une campagne européenne, proposer le meilleur football du continent ne suffit pas. Pep Guardiola ne le sait que trop bien. Ces dernières saisons, le Real Madrid a ainsi pu compter sur son Bernabéu (certes loin d’être bouillant), mais dont l’effet sur les adversaires se fait toujours ressentir. Pareil pour les vertigineuses et historiques travées du Camp Nou, de San Siro ou les volcans allemands (Dortmund, Francfort, etc.) ou néerlandais (Feyenoord, PSV, etc.). Les plus mauvaises langues noteront d’ailleurs que la seule finale de C1 disputée par Manchester City le fut au bout d’une saison dans des stades vidés par le Covid. Sans surestimer le poids du public et d’un stade dans un parcours européen, on peut reconnaître que City n’a pas cet atout en poche.

Par rapport aux saisons précédentes et à ma première saison, c’est complètement différent, le bruit est plus fort, et ils sont proches, et c’est toujours plein. C’est une joie de jouer à l’Etihad en ce moment.

Pep Guardiola en août dernier

Pep Guardiola l’avait lui-même regretté en septembre 2021, quand 15 000 des 53 500 places de l’Etihad étaient restées inoccupées pour l’ouverture de la phase de poules de C1 contre Leipzig : « Nous avons marqué 16 buts sur nos trois derniers matchs. J’aimerais que plus de gens viennent samedi (contre Southampton). C’est un match très important, donc j’invite tout le monde à venir. » Ce qui avait valu au Catalan de se faire reprendre de volée par Kevin Parker, le secrétaire général du club de supporters : « Il ne comprend pas les difficultés que certaines personnes peuvent avoir pour se rendre à un match à l’Etihad un mercredi soir. Je ne crois pas que quiconque au sein du club doive remettre en question la loyauté des supporters. » Un an plus tard, Guardiola a ainsi rétropédalé, c’était en août dernier : « Par rapport aux saisons précédentes et à ma première saison, c’est complètement différent, le bruit est plus fort, et ils sont proches, et c’est toujours plein. C’est une joie de jouer à l’Etihad en ce moment. » Alors, qui croire ?

Un déménagement douloureux

Certes, l’Etihad Stadium a prouvé par le passé qu’il pouvait vibrer. Il a d’ailleurs sûrement battu le record de décibels en 2012, quand Agüero a offert le titre à City face à QPR. Les tympans sifflent aussi lorsque l’hymne Bluemoon retentit avant le coup d’envoi, ou lorsque Hey Jude des Beatles (de Liverpool…) résonne après une rencontre. Autre spécialité maison : conspuer l’hymne de la C1, en protestation contre les sanctions prises jadis par l’UEFA contre les Skyblues. Voilà pour les valeurs sûres d’un stade dont le public a une autre tradition : quitter l’arène avant la fin du match. Autant de motifs de moqueries pour les supporters anglais d’autres écuries, qui ont rapidement surnommé l’Etihad Stadium en Emptyhad (« empty » signifiant vide). La recherche « sièges vides » en anglais sur Google Maps conduit d’ailleurs à l’enceinte, moderne, préférée à Old Trafford pour la candidature à l’Euro 2028, mais qui souffre de son manque d’aspérités, malgré son drôle de titre de meilleur stade du monde décerné en 2019 par un site anglais.

Ancien de la maison citizen, ayant connu Maine Road puis le déménagement à l’Etihad Stadium, Sylvain Distin résumait il y a quelques années le problème à 20 Minutes :  « On avait une ambiance de folie à Maine Road, un peu à l’ancienne. C’était un petit stade avec les supporters très près des joueurs. Chacun d’entre eux connaissait ses voisins de tribunes depuis des dizaines d’années. En quittant Maine Road, les gens se sont séparés de connaissances. OK, le nouveau stade est beaucoup plus confortable et agréable à l’œil, mais l’ambiance y était beaucoup plus plate. » Le prix des places, souvent avancé comme explication, n’y est pas étranger, comme partout ailleurs en Premier League. Conscient de ce problème, le club tente d’agir, quand il ne maquille pas les chiffres comme révélé en 2018 par la BBC. La nouvelle rénovation portera l’enceinte à 60 000 places, ce qui permettra peut-être de fidéliser à nouveau un public populaire, et de raviver une flamme trop souvent éteinte. En attendant, à l’Etihad, le spectacle se cantonne toujours à la pelouse. Ce qui n’est pas plus mal pour les supporters citizens. Et qui sait, peut-être que cette année, le beau football sera accompagné d’une certaine chaleur. Dans ce cas, la fête sera suffisamment à la hauteur pour faire taire les voix qui critiquent ce public silencieux, qui n’a déjà plus aucune raison de l’être.

Par Adrien Hémard-Dohain

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