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L’été où Bernard Mendy a dit non à Ferguson et Manchester United

Par Romain Duchâteau
L’été où Bernard Mendy a dit non à Ferguson et Manchester United

Il y a de cela plus de dix ans, Bernard Mendy pouvait se targuer d'être le meilleur latéral droit de France et un joueur prometteur se voyant accorder les faveurs de l'équipe de France. Un profil qui avait fini de convaincre Manchester United et son manager Alex Ferguson. Mais par amour du PSG, le latéral français a refusé poliment les avances du vieux briscard écossais. Flashback.

En dix-sept ans de carrière, Bernard Mendy a connu plusieurs vies. D’Évreux, où il est né et a grandi, à l’Inde en passant par le Paris Saint-Germain, Hull City, Chypre ou encore le Danemark, le latéral français a étiré son parcours au gré de pérégrinations souvent savoureuses. À ce long chemin, parfois cahoteux, aurait pu s’ajouter au CV un club d’une tout autre envergure. Parmi les plus grands du monde de par son histoire et son palmarès plus qu’étoffé : Manchester United. Un hypothétique mariage entre les Red Devils et Bernard Mendy ? Surprenant, invraisemblable même au premier abord. Et, pourtant, le principal intéressé a confié il y a quelques mois, sur le plateau de L’Équipe 21, qu’il aurait très bien pu passer du Parc des Princes au « Théâtre des Rêves » d’Old Trafford, voilà maintenant plus d’une décennie : « J’ai eu une discussion avec Sir Alex Ferguson à Cannes. En 2004, le club était intéressé par ma venue, mais j’ai eu l’opportunité de prolonger au PSG. C’est mon club de cœur, alors j’ai resigné. Et j’ai l’habitude de ne pas vivre avec des regrets. »

Une cote au plus haut

Si l’intérêt de Manchester United pour Bernard Mendy semble a priori aujourd’hui étonnant, il n’en est finalement rien au regard des circonstances de l’époque. Car celui qui a été formé au Stade Malherbe de Caen jouit alors d’une réputation flatteuse dans l’Hexagone. Au terme d’un exercice 2003-2004 qui a vu le PSG finir second du championnat à trois points de l’ogre lyonnais et remporter la Coupe de France, il est élu par ses pairs meilleur latéral droit aux Trophées UNFP. Une récompense honorifique venant sublimer une saison de haute volée. Car, quelques semaines auparavant, Mendy a réalisé un rêve de gamin : revêtir le maillot de l’équipe de France. Appelé par le sélectionneur Jacques Santini, le défenseur honore sa première sélection avec les Bleus, le 20 mai 2004, à l’occasion d’un match amical contre le Brésil (0-0). Une rencontre depuis passée à la postérité pour son faux grand pont sur Roberto Carlos.

Une première cape qui en a appelé deux autres contre la Bosnie Herzégovine (1-1, 18 août 2004) et Israël (0-0, 4 septembre 2004). En d’autres termes, le Parisien se présente alors, à vingt-trois ans, comme un joueur avec un potentiel intéressant. Par sa vélocité et son activité dans son couloir droit, il séduit. « Je sortais d’une grosse saison avec Paris, je venais d’honorer ma première sélection et d’être élu meilleur latéral droit de Ligue 1. Je pense que c’est ce qui a fait que Manchester United s’est intéressé à moi » , confie aujourd’hui Mendy, actuellement en stage de préparation en Italie avant de repartir pour l’Indian Super League. En réalité, le board mancunien a commencé à superviser le Français depuis quelques mois, mais a préféré attendre la fin du championnat avant de nouer des contacts concrets. Celui-ci arrivé à son terme, les dirigeants de United engagent le processus et amorcent les discussions avec les deux représentants du joueur, Éric Renault et Bruno Satin, ce dernier connaissant personnellement Ferguson.

Villa, déjeuner et amour du maillot

Un intérêt des Red Devils qui intervient dans un contexte particulier. Depuis plusieurs mois, Bernard Mendy et le club de la capitale ont débuté les négociations pour une prolongation de contrat de quatre ans, son bail se terminant en juin 2005. Mais les tractations traînent, la faute au désaccord sur le salaire proposé, et les relations avec le coach parisien Vahid Halilhodžić sont devenues plus fraîches. Une période « stressante et dure à gérer » à l’époque, selon les propres dires du latéral. Alors quand United se manifeste, Mendy consent à rencontrer en personne Alex Ferguson au cours de l’été. « Je me souviens qu’Éric Renault m’avait pris un billet d’avion Paris-Nice, se remémore l’ancien international tricolore. Arrivé à Nice, on est allé à Cannes où on a rencontré Ferguson qui nous attendait dans une villa pour déjeuner. Tout de suite, j’ai été impressionné de le voir face à moi. » La conversation se veut cordiale, suit son cours, et le manager écossais, alors en quête d’une doublure afin de concurrencer l’expérimenté Gary Neville, lui confie son envie de le voir arborer la tunique du club anglais.

« J’ai été surpris, car il parle très bien le français. Comme je me débrouillais en anglais aussi, on s’est très bien entendu. On a discuté de tout et il m’a dit qu’il était intéressé par mon profil. Ça m’a flatté, mais j’étais plutôt réticent à l’idée de partir de Paris, car j’étais dans l’optique de rester et de prolonger. J’ai refusé et il m’a dit qu’il comprenait, que j’étais encore un jeune joueur qui avait besoin de progresser et que Manchester avait les moyens de me recruter plus tard » , relate-t-il en détail. Au-delà de l’amour indéfectible qu’il voue au PSG (son « club de cœur » ), ce sont également des considérations personnelles qui ont poussé le désormais trentenaire à ne pas quitter la Ville Lumière : « Au cours de cette année, j’ai perdu mon père et ç’a été un vrai coup dur pour moi. D’autant plus qu’il y a eu des conflits au sein de ma famille. J’ai donc préféré rester auprès de ma mère. » La suite ? Le Français prolonge en novembre 2004, mais son aventure parisienne ne connaîtra plus la même saveur. Gêné par une fissure du péroné de la jambe gauche qu’il traînait depuis un moment, Bernard Mendy, qui glanera tout de même encore une Coupe de France et une Coupe de la Ligue, ira au bout de son contrat avec le PSG. Mais il ne retrouvera plus jamais la même régularité, ne sera plus aussi intouchable dans son couloir droit et assistera, impuissant, à la déliquescence progressive de son club chéri, lequel évitera de justesse la relégation en 2008. Cette même année où Manchester United, après son succès en Champions League, trônera sur le toit de l’Europe.

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