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France-Belgique : une chance au tirage ?
La Belgique, incapable de battre l'Ukraine mercredi, affrontera la France en huitièmes de l'Euro 2024, pour de salivantes retrouvailles. Mais est-ce une si bonne pioche pour les Bleus ?
Six ans après la demi-finale de Coupe du monde homérique entre la France et la Belgique, lors de laquelle la bande de Didier Deschamps l’avait emporté grâce à un coup de casque de Samuel Umtiti (1-0), les deux nations vont de nouveau se foutre sur la gueule dans un tournoi international majeur, ce lundi (18 heures) à l’Arena de Düssedorf en huitièmes de finale de l’Euro. Des retrouvailles palpitantes, bien que les deux équipes n’affichent pas leur meilleur visage depuis le début de la compète. Pour preuve, la Belgique n’a glané que quatre points dans le groupe E, face à la Slovaquie, la Roumanie et l’Ukraine. Rassurant pour les Bleus ?
Les oreilles qui sifflent
La scène a marqué les esprits. Dès qu’Anthony Taylor a scellé la fin de la rencontre entre la Belgique et l’Ukraine, actant un 0-0 plus qu’ennuyeux, les joueurs de Domineco Tadesco ont eu droit à une bronca de la part de leurs supporters, présents en nombre à Stuttgart. Si les sifflets ont surpris Wout Faes et ses coéquipiers, qui n’ont pas pris la peine de saluer leur public, les Diables rouges – à l’image de plusieurs grandes nations dans cet Euro – ont pourtant largement déçu lors de cette phase de poules. Après un revers inaugural surprenant face à la Slovaquie (0-1), la Belgique s’est relancée contre la Roumanie (2-0) avant de trembler pour son dernier match de poule, contre l’Ukraine (0-0). Et le jeu proposé est tout sauf enthousiasmant.
Oh, la scène surréaliste après Ukraine-Belgique: les joueurs belges se dirigent vers leurs supporters sous une énorme bronca, De Bruyne craque et demande de revenir au centre du terrain 😳 #ukrbel #EURo2024 pic.twitter.com/jsAj3No0C1
— JS Grond-Tran (@JS_Grond) June 26, 2024
Le plus inquiétant est peut-être le manque de liant au sein de l’organisation collective belge. Si Kevin De Bruyne reste Kevin De Bruyne, avec une implication sur 31 buts lors de ses 33 dernières apparitions pour la Belgique toutes compétitions confondues (12 buts, 19 passes décisives), ses coéquipiers peinent à rassurer. La défense, censée être la principale faiblesse de cette équipe, est moins fragile que prévu malgré sa lenteur ; l’attaque des Diables rouges, en revanche, est inefficace. Romelu Lukaku, meilleur buteur de l’histoire de la sélection (85 unités), n’a toujours pas fait trembler les filets. L’étincelant Jérémy Doku brille moins, et n’a plus marqué pour la Belgique depuis 19 matchs. Sans parler de Leandro Trossard, fantomatique. Lors des trois dernières rencontres, la Belgique a frappé 48 fois au but, cadré 18 fois, et n’a planté que 2 fois dans le jeu. Un bilan alarmant très semblable à celui des Bleus, dont les deux seuls buts jusqu’ici ont été un CSC et un penalty.
De Bruyne’s hyping up his team mates during the post-match group huddle after 🇧🇪-🇺🇦:
“Listen, it’s okay. We can win the f*cking next game. It’s fine.”
After that the camera man got kicked out of the group huddle #EURO2024 | #BELUKR pic.twitter.com/35Y0eUE3D2
— Absolute Belgian Fans 🇧🇪 (@BelgianFans) June 27, 2024
2018, 2021… et 2024 ?
« La France sera favorite (lundi). On sait la qualité de ses joueurs. Mais ça ne leur fait pas du bien de voir qu’ils joueront la Belgique. Ils savent que l’on peut être très dangereux », a déclaré Amadou Onana après le match insipide face à l’Ukraine. Bluff ou moyen de se rassurer pour mettre la pression sur l’adversaire ? Il est le seul à connaître la réponse. En revanche, au Plat Pays, le pessimisme gravite autour des Diables. L’ancien défenseur de Reims Wout Faes préfère rester positif avant la rencontre face aux Bleus : « On n’a pas peur. Je ne pense pas que les Français ont joué leur meilleur foot jusque-là, mais ça ne veut rien dire avant le huitième. On peut faire mal à n’importe qui . » Un constat que partage forcément le sélectionneur Domineco Tadesco : « On y va pour gagner. On est ici pour être avec les meilleures équipes et c’est la raison pour laquelle on est qualifiés. Tout est possible. On a battu l’Allemagne (3-2 en amical à Cologne le 28 mars 2023). On a fait match nul en Angleterre (2-2 en amical à Wembley le 26 mars dernier). On peut challenger tout le monde. »
Lundi soir, l’équipe de France – tout sauf brillante jusque-là – retrouvera pour la 76e fois de son histoire la Belgique, sélection qu’elle a le plus affrontée au cours de son histoire. En quatre confrontations dans des tournois majeurs (8es du Mondial 1938, poules de l’Euro 1984, petite finale du Mondial 1986 et, donc, demies du Mondial 2018), les Français se sont toujours imposés. Depuis la Coupe du monde en Russie, les deux équipes ne se sont croisées qu’une seule fois, à Turin en demi-finales de Ligue des nations 2021, et l’issue avait là aussi été la même, avec une remontada mémorable de Karim Benzema, Kylian Mbappé, Theo Hernandez et consorts. Un bon tirage ? Ce serait présomptueux de le penser, mais on peut dire que la bande de Deschamps sera opposée à une équipe dont le capital confiance est effrité et autour de laquelle la pression est élevée. Après le décevant Belgique-Ukraine, Kevin De Bruyne avait pris la parole devant ses coéquipiers en cercle : « Écoutez, c’est bon, on peut gagner le put*** de prochain match. C’est pas grave ! » Six ans que tout un pays attend ça.
Par Thomas Morlec