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Les premiers crimes de Dario Benedetto

Par Maxime Brigand
Les premiers crimes de Dario Benedetto

Décisif à Nice en milieu de semaine dernière, Dario Benedetto vivait dimanche son D-Day au Vélodrome, contre Saint-Étienne (1-0). Résultat : l’Argentin a brillé, inscrit son deuxième but en deux matchs et a souvent allumé la lumière dans le football de transitions de Villas-Boas. Prometteur.

Il se disait que ce type avait un « canon à la place du pied droit » . Parfait : la soirée organisée dimanche au Vélodrome avait été construite pour les tueurs à gages. Matt Damon en tribunes, Djibril Cissé au coup d’envoi fictif, Dario Benedetto dans le rôle de l’assassin en short. Loué, l’Argentin l’avait déjà été avant cette nuit de début septembre, notamment après sa bonne copie rendue à l’Allianz Riviera de Nice (1-2) mercredi dernier. Loué, il l’a de nouveau été en sortant du champ de bataille hier soir, ce qui est souvent le cas lorsqu’on est auteur du seul but de la rencontre. Mais ce n’est pas ce que les nouveaux potes de Benedetto à l’OM voulaient retenir. Steve Mandanda : « Il nous apporte énormément dans la possession : il décroche, remise, il est très important pour nous. » Déjà. Boubacar Kamara : « Dario est costaud, ça se voit, le marquer à l’entraînement, c’est difficile. » Après le match de Nice, il y avait aussi eu ces mots de Bouna Sarr : « C’est un attaquant qui garde bien le ballon dos au jeu, qui permet de faire remonter le bloc, qui est généreux dans les efforts… Il nous aide énormément. » Face aux poussières de louanges, on a aussi vu Jacques-Henri Eyraud débouler pour demander à tout le monde de « rester humble » et de laisser, pour le moment, son néo-buteur au rang de « belle promesse » . Peut-être parce que le président de l’OM a des archives planquées dans le crâne et qu’il sait qu’en son temps, Mido avait lui aussi marqué un but décisif dès sa première titularisation au Vélodrome contre Auxerre (1-0), en août 2003, avant de progressivement s’éteindre comme une bougie de Noël. Peut-être surtout parce qu’Eyraud sait que les avis tournent aussi vite que le vent à Marseille. Mais ce matin, il faut aussi retenir ceci : avec Benedetto, l’OM tient un buteur à combler.

Un rôle qui peut encore évoluer

D’abord, parce que Dario Benedetto comble les autres : c’est sa qualité première et la réception de Saint-Étienne l’a prouvé. Là où Mario Balotelli marquait uniquement devant le virage sud, l’Argentin est allé déballer son premier but au Vélodrome au pied du virage nord. Première différence. La seconde : Pipa n’est pas un simple « buteur » , bien au contraire. Après 263 minutes de Ligue 1, on a surtout vu l’ancien joueur de Boca Juniors se déplier dans le registre promis, se sacrifier pour ses coéquipiers, faire bouger les lignes, combiner en priorité avec ses ailiers (cinq passes à Sarr, quatre à Payet) et s’empiffrer dans le football de transitions rapides rêvé par Villas-Boas. C’est sans aucun doute la première satisfaction du technicien portugais – la seule avec le bon niveau de Mandanda ? -, alors que son OM est encore en travaux à tous les étages, notamment au milieu, où le départ de Luiz Gustavo va pousser AVB à repenser la totalité de son animation. Dimanche soir, après sa deuxième victoire en Ligue 1, il affirmait même être obligé de bosser désormais sur « un système alternatif » , où le rôle de Benedetto pourrait évoluer, l’Argentin pouvant être encore plus performant lorsqu’il est accompagné d’un attaquant plus fixe que lui. Pourquoi ? Parce que l’Argentin joue presque comme un meneur de jeu par séquences, ce que montre la map de sa zone d’activité.

C’est d’ailleurs ce que Zubizarreta avait promis d’entrée : « Il peut être attaquant, buteur, avant-centre, mais il a aussi cette capacité à produire du jeu pour le reste de la ligne offensive. Ce n’est pas un pur finisseur, il aime jouer avec les autres et les faire jouer. » Lors de ses deux dernières titularisations, survenues après des débuts brouillons et un penalty raté à Nantes, c’est ce qu’on a particulièrement vu : un Benedetto précieux dans les déviations, capable d’ouvrir des espaces pour ses coéquipiers, mais aussi de s’arracher au combat (dimanche soir, il a remporté trois duels aériens sur six, soit autant que l’autre satisfaction marseillaise du soir, le défenseur central Álvaro Gonzalez). Ce n’est qu’un début, un croquis à parfaire, mais aussi la confirmation que Benedetto parle le football collectif. Celui qui emporte la poudre et la foule.

Par Maxime Brigand

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