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  • FC Barcelone-PSG (6-1)

Les petits bras

Par Maxime Brigand
Les petits bras

Sur le papier, tout semblait plié : un large succès à l’aller, un ascendant psychologique, une victime annoncée qui ne cessait de parler de sa remontada risible. Puis, le PSG n’a pas joué, n’a fait que prendre des patates sans vraiment réagir et voilà comment l’histoire s’est écrite sur un dernier souffle de Sergi Roberto. Leçon d’approche.

Il y a quelques jours, dans un restaurant du 17e arrondissement de Paris. Autour de la table, Thomas Meunier, Julian Draxler, Blaise Matuidi et Marco Verratti. Les joueurs sont détendus, l’ambiance tourne entre modestie et franchise. Au fond, on se fiche de l’opération de com’, l’important est d’écouter. Alors, Matuidi se lance : « Franchement les gars, ce match retour, vous le sentez comment ? » Verratti : « Si tu prends 5-1 et que tu es qualifié, tu es content ? » L’Italien savait que rien n’était terminé. Le reste du monde avait envie de le penser. Sauf à Barcelone où on nous a pété le crâne pendant trois semaines avec cette putain de remontada. Gagner une bataille ne veut pas dire remporter la guerre. Ça aussi, Unai Emery le savait, lui qui avait été si mesuré après la démonstration de l’aller (4-0). Alors, avant la manche retour, le Basque avait posé ses tripes devant l’assistance : « Souffrir ensemble quand on souffrira, attaquer lorsque l’on en aura la possibilité. Tous les joueurs qui seront sur le terrain sont conditionnés émotionnellement pour disputer ce genre de rencontres. Ils ont l’expérience pour. » Au contraire du match au Parc, Emery savait comment le Barça allait jouer : avec les dents, avec le cœur et avec les couilles. C’est l’avantage de n’avoir rien à perdre. Lui a préféré débarquer en Catalogne sous sa couette, ses idées et une forme de frilosité terrible. L’expérience, c’est aussi ça. Paris n’avait-il pas vu le Bayern de Heynckes dégommer le Barça (0-3) en 2013 après un 4-0 déployé à l’aller à Munich ? Oui, il fallait continuer de le démolir et non se la jouer Mourinho avec l’Inter ou Di Matteo avec Chelsea. Et là, c’est trop tard.

La vie de piñata

Un bloc bas, un Cavani juste devant le rond central et l’art de prendre des coups sans vraiment réagir. Comme un match de boxe passé essentiellement dans les cordes à l’exception d’un but d’Edinson Cavani juste après l’heure de jeu. Des petits bras et une position de fille facile. Le football n’a pas de justice, pas de sentiments, pas de raison, et alors ? On le savait. La logique n’est pas faite pour le sport, mais voir si peu de caractère pourrait conduire à arrêter de regarder un match de foot pour une vie entière. Pourquoi reculer ? Pourquoi attendre ? Pourquoi ouvrir les portes à tous les scénarios ? Pourquoi faire entrer Serge Aurier à un quart d’heure de la fin ? Putain, mais pourquoi bétonner quand il faut juste continuer à vivre, vu que Paris ne sait faire que ça ? Si le PSG a saccagé le Barça le 14 février dernier, c’est en avançant, pas en se laissant battre comme une vulgaire piñata. Alors logiquement, les Parisiens ont explosé en miettes et ont plié sur trois buts lors des sept dernières minutes. Pour le script, voir Sergi Roberto marquer à la dernière seconde était parfait. Oui, ça fait plus mal.

La sentence, c’est finalement Meunier qui l’a apportée après la rencontre : les Parisiens n’ont pas « abordé la rencontre comme des professionnels(…)On s’est fait victimiser » . Un truc plus consistant que les mots de Nasser Al-Khelaïfi qui pensait être qualifié après le match aller. Bon, c’était compréhensible. Le haut niveau, c’est savoir que tout est possible, même l’impossible. Le Barça a écrit l’histoire mercredi soir, un peu plus la sienne, mais surtout celle dramatique d’un PSG qui n’est pas maudit cette fois, simplement puni car trop attentiste et contraire à son identité. Emery avait été recruté pour ça, il commençait à le faire et est tombé à un moment où l’on s’y attendait le moins. L’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage, et c’est finalement demain qu’il faudra regarder les leçons tirées sur une nouvelle preuve que les clubs français avancent trop souvent avec ce complexe d’infériorité insupportable. On retiendra la manière, le manque de culture de la gagne, la faiblesse de l’approche, l’incapacité de tuer au moment où il faut faire sauter une jugulaire. Et on n’oubliera pas tout de suite les larmes au bout d’un match où Kevin Trapp a été le joueur parisien ayant touché le plus de ballons (50). Pour Emery, « cela restera une expérience négative, mais une expérience quand même » . Pour le foot français, cela restera une nuit historique. Pour Thiago Silva, une nouvelle nuit traumatisante. Pour nous tous, une nouvelle preuve qu’attendre ne sert à rien et que le foot peut tuer des rêves. C’est ça la rançon des petits bras.

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