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Les mérites d’Unai Emery

Par Mathieu Rollinger
Les mérites d’Unai Emery

Unai Emery a fait mieux que gagner le derby. Il a aussi montré qu'avec lui à sa tête, Arsenal pouvait enfin gagner contre un gros du championnat et surtout ne pas s'effriter mentalement à la moindre contrariété. Un vent de fraîcheur souffle chez les Gunners, et le Basque n'y est pas étranger.

Unai Emery peut se rasseoir, mais cela ne l’empêchera pas de frissonner. Pas de peur, mais juste de soulagement, quand les nerfs se relâchent tout doucement. Et le visage encore transi par l’émotion, le Basque peut apprécier les dernières minutes de son premier North London Derby. Une rencontre qu’il a remportée, décrochant là le match référence qu’il attendait tant. Après dix-neuf rencontres sans connaître la défaite, voilà enfin le coup de force qui lui permet de trouver sa légitimité aux yeux des supporters d’Arsenal.

Beaucoup prédisaient à l’ancien entraîneur du PSG des difficultés pour reprendre le flambeau du monument Wenger. Parce qu’on n’efface pas 22 ans de règne comme ça. Parce qu’Unai Emery n’incarnait pas forcément ce coach assez rodé pour assurer la succession avec poigne. Parce que les deux défaites inaugurales en août contre Manchester United (0-2) et à Chelsea (3-2) annonçaient un certain temps d’adaptation. Mais en ce premier jour de décembre, l’Emirates Stadium s’est souvenu qu’il pouvait héberger une équipe animée par une agressivité renversante et une confiance en ses moyens, malgré les remous connus ce dimanche contre Tottenham (4-2). Et forcément, le stade n’en a que plus vibré.

T’as la réf’ ?

Il y a un mois de ça, contre Liverpool (1-1), le coach espagnol avait déjà posé les fondements de son jeu. Avec son cher dispositif 4-2-3-1, qu’il n’avait jamais pu mettre réellement en place à Paris, avec un Mesut Özil en chef d’orchestre, Emery avait déjà montré les orientations qu’il souhaitait donner aux Gunners, sans que cela se traduisent au niveau comptable. Mais contre Tottenham, c’est dans un nouveau schéma en 3-4-3, testé avec succès contre Bournemouth (2-1), et sans Mesut Özil, blessé, qu’Arsenal s’est retrouvé.

D’abord dans une première période riche en intensité, Sead Kolašinac martyrisant Serge Aurier dans son couloir, Lucas Torreira régnant en maître au milieu et Pierre-Emerick Aubameyang virevoltant sur le front de l’attaque. Une partition récitée avec sérieux. Mais au moindre petit accroc, les fausses notes ont commencé par s’accumuler, pris au piège par la volonté des Spurs à faire de ce derby une baston inter-quartier. Et quand Tottenham est rentré aux vestiaires avec l’ascendant, tout le monde était prêt à souligner une nouvelle fois la faiblesse psychologique des Gunners.

Lancer la pêche au gros

C’était compter sans la réaction d’Unai Emery. Iwobi et Mkhitaryan, un ton en dessous, ont alors fait place à Aaron Ramsey et Alex Lacazette (de retour de blessure). Dans les faits, cela s’est traduit par le positionnement du Français à côté d’Aubameyang pour peser plus sur une charnière Foyth-Vertonghen en souffrance, et le Gallois se déplaçant librement en soutien. Un changement tactique qui payera presque immédiatement, puisque c’est Ramsey qui a décalé le Gabonais sur l’égalisation et Lacazette qui a redonné l’avantage aux siens.

Un coaching gagnant qui permet à Unai Emery, en transe dans sa zone technique, de remettre les choses au clair : il n’est pas venu à Londres seulement pour assurer la post-formation des jeunes, ni aller chercher sa quatrième Ligue Europa. Le Basque veut s’inscrire dans un projet à long terme, puisque ce club semble pouvoir en donner la possibilité, en s’appuyant sur ses principes de jeu et ses hommes de confiance. Toute la liberté et le crédit dont il n’avait pas forcément bénéficié dans la capitale française. Il y a certes encore du chemin à faire pour qu’Arsenal redevienne une place forte d’Angleterre. Le craquage de son équipe en fin de mi-temps en est l’exemple. Mais cette fois, ils ont su se ressaisir pour aller chercher cette quatrième place au nez et à la barbe de leur voisin et adversaire du soir. Cela restera à confirmer à Old Trafford mercredi prochain, mais si Unai Emery arrive à ramener Arsenal en Ligue des champions, tout en développant un jeu séduisant, il y a de grandes chances que l’Emirates Stadium ne reste plus décrit comme une bibliothèque, mais se transforme en un véritable volcan ardent, comme il le fut ce dimanche.

Par Mathieu Rollinger

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