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Les joueurs qui grattent dix mètres sur les touches

Par Kevin Charnay
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Les joueurs qui grattent dix mètres sur les touches

Ce sont des gestes ou des attitudes qui énervent. Qui sont insupportables. Qui rendent dingues tout supporter au stade ou devant sa télé. Et franchement, comme dirait Edouard Balladur, «  je vous demande de vous arrêter  ». Focus aujourd'hui sur ces mecs sans foi ni loi qui n'hésitent pas à avancer de dix mètres pour jouer une simple touche.

D’où cela vient ?

Tout ça, c’est à cause de Machiavel, et surtout de tous ses fanboys qui ressortent ses citations pour justifier tout et n’importe quoi. Dans Le Prince, le penseur italien considère que, dans des conditions extrêmes, un dirigeant ne doit pas agir de façon morale, car cela mettrait en péril l’État. Super. Maintenant, des siècles plus tard, tout le monde est prêt à tricher pour atteindre son but, y compris dans le sport. Sauf que la notion de « conditions extrêmes » est de plus en plus galvaudée. En 1986, Maradona met sa main contre l’Angleterre. La condition extrême est donc une qualification en demi-finale d’un Mondial. Bon, allez, ça passe. Mais maintenant, la condition extrême, c’est qu’il faut absolument perdre du temps à la fin de cette 24e journée de Ligue 2 entre Tours et Orléans. Alors, on garde le ballon dans les mains, on fait feinte de le remettre en jeu, et puis non, on avance encore un peu, et on recommence ça sept fois. Très, très agaçant.


Pourquoi c’est insupportable ?

Parce que quitte à être un arnaqueur, autant le faire pour des choses qui valent le coup. Robin des Bois volait aux riches pour donner aux pauvres, c’est plutôt classe. Christophe Rocancourt est peut-être un salaud, mais l’aisance du type à arnaquer autant de monde avec autant de bagout peut fasciner. Jacques Mesrine avait quelques accès de violence, mais le côté tête cramée peut forcer un minimum de respect. Michal et Gilbert Bécaud ont très certainement volé l’orange du marchand, mais ils ont fait un effort artistique pour le raconter en chanson. Là, les mecs se cachent pour jeter un ballon sur une pelouse quelques mètres plus près du but adverse. Wow, de vrais bandits.


Qui l’incarne le mieux ?

C’est bien ça le vrai problème. Absolument tous les joueurs cèdent à la mode de la malhonnêteté. Apparemment, c’est devenu hype de n’avoir plus aucun sens moral, même pour une bouchée de pain. Mais pour que le monde se rende compte de l’imposture, il faut bel et bien un visage, une icône, un bouc émissaire. Et de manière totalement arbitraire, à la tête du client comme c’est souvent le cas, on va désigner Dani Alves comme l’incarnation du mal. Parce que c’est un latéral, qui s’occupe donc des touches, et parce qu’il est fourbe comme tout.


Comment faire pour que ça s’arrête ?

Depuis la Coupe du monde 2014, les arbitres utilisent leur petite bombe blanche pour délimiter la place du mur et celle du point de coup franc. Non seulement ça règle pas mal de problèmes de malhonnêteté – encore –, mais c’est en plus très rigolo. Alors pourquoi ne pas l’appliquer aux touches ? En cas de récidive d’un joueur qui veut faire le gratteur, l’arbitre de touche, également muni de la petite bombe, devra délimiter l’emplacement de la remise en jeu. Soit à l’endroit exact où le ballon est sorti, bordel. Et à ceux qui pensent que « ça va ralentir le jeu » , c’est trop tard. La vidéo arrive, il va falloir s’habituer à ce rythme.


Pourquoi cela peut précipiter la fin du monde ?

Parce que si on continue à s’avancer de cinq ou dix mètres pour tout faire dans la vie de tous les jours, on va vite courir à la catastrophe. Déjà, les gens vont se heurter à des murs, aux distributeurs, à la caisse et au guichet de La Poste. Ensuite, ils vont se faire percuter, qu’ils soient à pied au passage piéton, ou en voiture au feu rouge. Et enfin, ces personnes vont tomber, c’est inévitable. Ils vont tomber des quais de métro, de train, et des falaises lorsqu’ils prendront leurs selfies au bout d’une bonne randonnée en montagne. Une vague de décès plus bêtes les uns que les autres qui va installer un vent de panique sur toute la planète. Un très mauvais scénario.


La parole est à la défense :

Vital Nsimba (Bourg-en-Bresse Péronnas 01) : « Ça doit m’arriver de gratter quelques mètres de temps en temps. Mais honnêtement, ce n’est pas mon intention, je le fais sans m’en rendre compte. En revanche, ça se voit que certains le font volontairement. Ça doit même faire partie des consignes parfois. Je ne sais même pas ce que ça apporte. Je veux dire, c’est pas un coup franc ! Qu’on soit cinq mètres plus haut pour une touche au milieu de terrain, ça change quoi ? C’est peut-être psychologique, on a l’impression de contraindre l’autre à reculer. »

Julian Palmieri (Lille OSC) : « Oui, je le fais souvent. Ça dépend du résultat. Généralement, c’est plus pour gagner du temps, temporiser et gagner quelques secondes que pour gagner des mètres. En tout cas, moi, c’est dans ce but-là. Mais absolument tout le monde le fait, ce n’est pas très grave. En plus, les arbitres sont super vigilants là-dessus, ils nous avertissent tout le temps à ce propos et nous font reculer quand on abuse. Mais c’est le règlement, ils ont raison de le faire, on ne va pas tout leur mettre sur le dos(rires). »


Coefficient d’irritabilité

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