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Les Haïtiennes de Grenoble : partenaires particulières

Par Mathis Healy, à Grenoble

Pour la première fois, ce samedi à Brisbane face à l'Angleterre, Haïti sera représenté lors d’une rencontre de Coupe du monde. Un exploit qui s’est en partie construit à 8000 kilomètres de l’île, dans la capitale des Alpes, Grenoble.

Les Haïtiennes de Grenoble : partenaires particulières

Le 22 février dernier à Auckland, grâce à une victoire 2-1 contre le Chili, Haïti validait son ticket pour disputer le premier mondial de son histoire. Dans l’avion du retour, l’euphorie se confond avec la fatigue des voyages interminables. Six membres de l’équipe partagent le trajet reliant la Nouvelle-Zélande à Grenoble, leur lieu de domiciliation : le sélectionneur et coach de la section féminine du GF38 Nicolas Delépine et ses joueuses Chelsea Surpris, Jennyfer Limage, Maudeline Moryl, Sherly Jeudy et Darlina Joseph.

Haïti-Grenoble, une passerelle de 8000 kilomètres

À l’origine de cette filiale haïtienne à Grenoble, il y a le coach, Nicolas Delépine. Arrivé aux pieds des Alpes en 2020 pour prendre les rênes du GF38 féminin, il est approché deux ans plus tard par les dirigeants grenadiers. « Il y a un football frais, différent du système européen qui me plaît. J’avais également décelé beaucoup de qualité chez cette équipe U20 en 2018 et je sentais que ces joueuses avaient une toute petite chance de disputer les Jeux olympiques 2024, mais surtout de se qualifier pour la Coupe du monde », nous racontait-il il y a quelques mois. Séduit par le projet et en accord avec ses dirigeants, le technicien français accepte le poste en parallèle de ses obligations grenobloises.

Elles peuvent tout à fait surprendre la Chine ou le Danemark. Elles ont une envie irrépressible de défendre les couleurs de leur pays.

Guillaume Perret, préparateur physique du GF38 féminin

Rapidement, Nicolas Delépine crée une passerelle entre Haïti et le GF38. « Certaines joueuses viennent faire des essais au club, ça nous permet de créer une émulation à l’entraînement, et à elles, de découvrir le niveau du foot européen », détaille-t-il. Le vestiaire grenoblois accueille ainsi en trois ans cinq joueuses haïtiennes. « Des joueuses timides qu’il a fallu mettre à l’aise », raconte Elsa Domenjoud, capitaine iséroise. Très introverties dans le vestiaire, les Grenadières s’imposent rapidement comme des cadres de l’équipe qui évoluait en deuxième division. « Ce sont des joueuses très explosives qui ne comptent pas leurs efforts, ajoute Guillaume Perret, membre du staff. Elles sont à 100% du coup d’envoi au coup de sifflet final, et ça nous a fait beaucoup de bien. » Un apport incontestable qui a tout de même réclamé une certaine organisation au sein du club. « On adaptait les séances lorsqu’elles revenaient de sélection, parce que les voyages et les matchs internationaux peuvent laisser des traces. On avait mis en place un suivi en collaboration avec le préparateur physique haïtien pour optimiser au mieux les entraînements », poursuit Guillaume Perret.

La Coupe du monde et la relégation

C’est donc un petit bout du GF38 qui lancera sa Coupe du monde ce samedi contre les Three Lionesses. « Quand elles se sont qualifiées, on les a félicitées dès le premier entraînement », se souvient Elsa Domenjoud. « On était super heureux pour elles et pour le coach, c’est quelque chose de grandiose ce qu’elles ont fait », salue Guillaume Perret. Mais la fête n’a pas duré très longtemps. Après la qualification de ses joueuses haïtiennes, le GF38 enchaîne une série de quatre défaites consécutives. Difficile d’établir un lien de cause à effet, même si « à l’approche de la Coupe du monde, on sentait que c’était dans leurs têtes », admet Guillaume Perret, tout en réfutant l’idée d’un quelconque relâchement de leur part. « Elles ont absolument tout donné jusqu’à la dernière seconde du dernier match. » Un nul contre Le Puy-en-Velay (1-1) signera la relégation du GF38, pensionnaire de D2 depuis 2016.

Cette déception a coûté son poste à l’entraîneur Nicolas Delépine, dont le contrat n’a pas été reconduit. Une nouvelle qui n’a pas franchement ému l’effectif actuel. « Son poste à Haïti l’obligeait à s’absenter sur des semaines hors trêves internationales, donc son adjoint le remplaçait, mais sinon le groupe était beaucoup en autogestion », souligne la capitaine de l’équipe. Mais dans sa chute, le coach pourrait aussi entraîner le départ de ses protégées haïtiennes qui, avec la descente en D3, seront difficiles à conserver, d’autant qu’il n’est pas à exclure que certaines d’entre elles brillent en Océanie. « Contre l’Angleterre, ça risque d’être compliqué, mais je pense qu’elles peuvent tout à fait surprendre la Chine ou le Danemark. Elles ont une envie irrépressible de défendre les couleurs de leur pays », conclut Guillaume Perret.

Par Mathis Healy, à Grenoble

Tous propos recueillis par MH.

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