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Les fantômes du manoir nantais

Par Jérémie Baron, à la Beaujoire

Baladé à domicile contre le RC Strasbourg (1-3), samedi, le FC Nantes (16e) est en train de sombrer tout doucement.

Les fantômes du manoir nantais

À croire que le FC Nantes et ses ultras seront toujours en discordance. Tous les cinq ans, à l’occasion de son anniversaire, la Brigade Loire nous en met plein les mirettes, offrant le genre de show conçu pour que l’on en dise plus tard : « J’y étais. » Et tous les cinq ans, les Canaris sont incapables de suivre la cadence et de participer à la fête organisée par leurs ultras. En 2009, pour les dix ans du groupe, Rémi Maréval, Frédéric Da Rocha, Guirane N’Daw et leurs copains s’étaient fait rattraper par le FC Lorient de Jérémy Morel (1-1). En 2014, pour les quinze ans, Lucas Deaux, Papy Djilobodji, Vincent Bessat et compagnie avaient vécu l’enfer face au Stade rennais de Paul-Georges Ntep (0-3). En 2019, pour les vingt ans, Ludovic Blas, Andrei Girotto, Abdoulaye Touré et toute la clique s’étaient fait renverser par l’AS Saint-Étienne de Denis Bouanga (2-3).

La BL a peut-être hésité à souffler ses 25 bougies, cette année. Mais ce samedi, c’était le jour. Alors la Brigade a évidemment donné à déguster, avec un copieux menu en sept temps étalé sur tout l’après-midi, rendant notamment hommage à « Max », membre de la troupe décédé le 2 décembre en marge de Nantes-Nice. Et la bande de Pedro Chirivella, Eray Cömert et Mostafa Mohamed a évidemment choke en retour, face à l’effrayant RC Strasbourg d’Emanuel Emegha, 14e de Ligue 1 et qui n’avait pas encore gagné en 2024 (1-3).

La blague n’a donc toujours pas vieilli, et le constat est là : après 26 journées disputées, le FCN (25 points) est 16e et barragiste. Il pourrait même se retrouver 17e et premier relégable, dimanche à 17 heures, en cas de succès messin à Reims. En chutant contre le Racing, les Jaune et Vert ont poursuivi une phénoménale série, en concédant leur septième défaite à domicile de rang, toutes compétitions confondues. Nantes a déjà perdu 15 matchs de Ligue 1, en 2023-2024. C’est plus que le FC Metz (14). Plus que la lanterne rouge clermontoise (14). Plus que toutes les autres écuries qui composent ce championnat, en fait.

Quand cela revient depuis trois, quatre saisons, ça veut dire quelque chose. Ça ne date pas de moi.

Jocelyn Gourvennec

Alors qu’en début de semaine, dans ce même stade, les U19 du club réussissaient la prouesse d’attirer 19 300 personnes, leur offraient le grand frisson contre le FC Copenhague et s’invitaient parmi les quatre meilleures équipes européennes de la catégorie, leurs aînés foncent eux droit vers la Ligue 2. Comme un symbole de la frousse qui habite cette escouade, le jeune Nathan Zézé – qui était le capitaine nantais en Youth League en début de saison, avant de définitivement basculer avec les pros en janvier – a sombré contre les Cigognes, leur offrant quasiment le deuxième but avec une saucisse à la relance.

Avec les matchs qu’il pond et le sentiment d’impuissance – face à des concurrents directs qui ne sont pas franchement des foudres de guerre – qu’il dégage, ce FC Nantes a vraiment une gueule de relégué. Il est désormais temps d’ouvrir le dossier Jocelyn Gourvennec : installé fin novembre par Waldemar Kita en lieu et place du chouchou des supporters Pierre Aristouy (qui avait maintenu le club en juin), alors que la Maison jaune pointait à la… 11e place, l’ancien entraîneur guingampais affiche l’un des pires bilans de l’histoire de ce club, au terme de son premier trimestre (3 succès, 1 nul et 9 défaites en L1, une élimination contre une Ligue 2, Laval, en coupe). Pire, donc, que les résultats d’Aristouy en son temps (4 victoires, 3 nuls et 6 défaites, en 2023-2024). Connaissant le régime coachivore de son président, il n’est pas dit que la Joce soit encore en poste à la fin de l’hiver. C’est-à-dire dans trois jours. « (Le président) est touché par la situation, du fait qu’on n’arrive pas à gagner chez nous, a déclaré Gourvennec. Il y a de l’incompréhension chez lui. Il est venu le dire à tout le vestiaire. »

Le technicien a aussi dû répondre de ses actes, lui qui avait notamment été décrié au sujet de sa composition de départ à Marseille (2-0), la semaine passée : « La colère autour, elle est normale. J’ai une détermination, depuis mon premier jour ici. Ça fait 30 ans que je rêve de devenir l’entraîneur de Nantes. La situation était compliquée au départ, on a du mal à la relever, à la modifier. Vous vous apercevez bien que ce n’est pas une question de système. On est beaucoup venus me chercher sur la défense à cinq, etc. Là, avec une défense à quatre, en ayant l’envie de faire plus le jeu, avec un peu plus de joueurs plus haut et sur la ligne défensive adverse, on s’aperçoit qu’on peut aussi être fragilisé défensivement. » « Quand cela revient depuis trois, quatre saisons, ça veut dire quelque chose, a-t-il aussi déclaré. Tu as le sentiment que l’équipe n’apprend pas de ses erreurs. On a beau beaucoup échanger, l’équipe est fragile. Ça ne date pas de moi. »

Le capitaine Pedro Chirivella est apparu très atteint, au micro : « Si tu n’arrives pas à jouer un match en entier, en Ligue 1, c’est dur. Si on est là, c’est qu’on mérite d’être là. On n’est pas bons, c’est la vérité. Il reste huit matchs, on a la trêve pour continuer à s’entraîner, se reposer aussi dans la tête parce que je ne vous cache pas que c’est dur mentalement, en ce moment. Ce n’est pas possible que ce club soit là où il est actuellement. » Moussa Sissoko, lui, ne veut pas regoûter aux sueurs froides de 2023 : « C’est urgent. On ne peut pas laisser les semaines défiler et attendre le dernier match, comme c’était le cas l’an dernier. »

Cette colère, c’est celle des supporters, évidemment. Au coup de sifflet final, des membres de la Brigade Loire étaient à deux doigts de pénétrer sur la pelouse s’expliquer avec les joueurs, se heurtant à la sécurité et aux CRS qui, par hasard, passaient par là. Romain Gaudin, le capo du groupe, a calmé les velléités des siens, mais est tout de même resté une grosse dizaine de minutes au micro, à se casser la voix en sermonnant dans un cri du cœur les Kita et l’ensemble du club, sous les applaudissements de sa tribune. Le tableau parfait d’une institution à la dérive. L’octuple champion de France, revenu en Ligue 1 depuis plus de dix saisons – après des années de misère –, mais jamais très loin du précipice, est parti pour se faire peur jusqu’au bout, encore une fois. Cet exercice nantais a peut-être pris un triste tournant, ce samedi, sous les sifflets de la Beaujoire. Et si l’issue, dans huit journées, le confirme, on pourra bel et bien dire : « J’y étais. »


@so_foot

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