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Les bonnes questions de la semaine européenne

Par Maxime Brigand et Alexandre Doskov
Les bonnes questions de la semaine européenne

Ou comment réunir dans la même pièce Cicéron, Boris Becker, Chris Martin et des cheminots. Avec Christian Grey au-dessus de la mêlée, forcément. Voilà les bonnes questions à se poser après cette chouette semaine européenne.

Jusqu’à quand Chris Martin va-t-il nous prendre pour des imbéciles heureux ?

Plus besoin de gigoter dans tous les sens : voilà bien longtemps que le masque du leader de Coldplay s’est fait déchiqueter. Oui, Chris Martin est un personnage fragile, champion de l’envolée molle, et dont le seul objectif est de remplir des stades. Pic, en 2008 : en sortant Viva la Vida or Death and All His Friends, quatrième flèche sorti du carquois que balade le groupe londonien depuis la fin des années 1990, l’objectif était d’attraper la bande FM et de taper dans le grand nombre. Pari gagné, surtout avec le titre Viva la Vida, référence à peine cachée à Louis XVI où l’on entend notamment Martin hurler que « les révolutionnaires attendent [sa] tête sur un plateau d’argent » . On a eu envie d’y croire, de fêter la vie, d’aimer la révolution et presque les martyrs. Puis, la Vida est tombée, brutalement, à Munich. Mardi soir, sur la piste de l’Allianz Arena, club privé bavarois où l’on vient se prendre des fessées sans consentement, Domagoj Vida a glissé dans les pattes de Robert Lewandowski peu après 21h, rentrant sa tête à jouer dans My Little Pony aux écuries avant les autres. Jeu, set et match : le Bayern a roulé sur Beşiktaş (5-0). Pendant ce temps, Chris Martin officialisait sa relation avec Dakota Johnson. Un hasard ? Impossible.


Comment être drôle en parlant de Willian ?

On attendait beaucoup du match entre Chelsea et le Barça, mais finalement, pas de feu d’artifice. Un gentil 1-1 qui ne fait ni le bonheur ni le malheur des deux équipes, et on attendra le match retour pour se départager. Malgré tout, Willian a tout de même réussi à survoler le match en livrant une prestation de dingue. Du coup, tout le monde était bien embêté le lendemain pour parler de sa performance. Utiliser l’humour semble une évidence, puisque le rire est une poussière de joie qui fait éternuer le cœur et qu’une bonne rigolade fait toujours du bien, surtout quand le nom du larron à disséquer se prête autant au jeu. Sauf que tout ça, c’est bien beau, mais ça ne nous dit pas quel jeu de mots utiliser. Si on est un aficionado de France 2, on se jettera évidemment sur un « Willian l’énergie » simple et efficace. Si on a décrété que les abdos étaient des accessoires surcotés, on préférera « Willian Serein » . Amateur de petite balle jaune ? Offrez-vous donc ce « Serena Willian » qui vous tend les bras ! Ceux qui aiment l’Angleterre des lettres apprécieront « Willian Shakespeare » , ceux qui préfèrent celle qui porte une couronne opteront pour « Prince Willian » . Et si Willian se craque au retour et fait un match pourri ? Pas de panique, un « Sauvez Willian » fera l’affaire. Sinon, il vous suffit de ressortir un artiste démodé pour souligner à quel point la hype Willian a été passagère. « Willian Foly » , ou « Will.I.An » , par exemple.


Boris Becker doit-il demander l’adoption ?

Ça sent mauvais pour Boris Becker. L’ancien numéro 1 mondial de tennis a beau avoir remporté 49 titres dont six Grands Chelems, il n’a plus un rond et a été déclaré en faillite personnelle il y a quelques mois. On ne parle pas de quelqu’un qui doit quelques euros à sa boulangère, mais bien d’un homme endetté à hauteur de plusieurs millions d’euros et qui ne sait pas comment il va se sortir de ce bourbier. Triste, pour celui dont la fortune était estimée à près de 50 millions d’euros à la fin de sa carrière. Mais si le bon Boris veut la solution à tous ses problèmes, il n’a qu’à jeter un œil à la Ligue des champions, en se concentrant sur la Roma. Titulaire dans les cages depuis le début de saison, Alisson Becker est tout simplement monstrueux et a encore sorti des parades de fou furieux face au Shakhtar. L’Allemand et le Brésilien ont le même nom de famille, Boris peut donc aisément demander l’adoption et aller emménager en coloc’ avec Alisson. Comme ça, à chaque fois que le triple vainqueur de Wimbledon tentera de jeter de l’argent par les fenêtres, il pourra compter sur le goal de la Roma pour plonger un grand coup et attraper les billets en plein vol. Un stratagème bien plus efficace qu’un compte bloqué à la Caisse d’Épargne.


Où en est Montella dans son apprentissage du bondage ?

C’est d’époque : à l’heure où un chef de parti se fait attraper comme une mouche dans une toile face à des étudiants et où les quadras en manque de piment vont tuer le temps devant les dernières inventions de Christian Grey, Vincenzo Montella, interrogé avant la réception de Manchester United en Ligue des champions cette semaine, avait décidé de faire claquer du polypropylène : « Comment stopper Sánchez ? Je ne sais pas, il faudra le bloquer d’une façon ou d’une autre, peut-être en l’attachant avec une corde. » Un rire nerveux et l’entraîneur italien du FC Séville est revenu mercredi soir au bord de la piste avec sa combinaison en latex, son monogant, et ce, quelques minutes après avoir passé un extrait à ses hommes dans le vestiaire domicile du Ramón Sánchez Pizjuán : oui, on parle bien de la scène de kidnapping de James Bond par les hommes du Chiffre dans Casino Royale. Le coup était presque parfait : le gang de Montella a débarqué sur scène, remonté comme une pendule, a tenu Alexis Sánchez, mais est tombé sur l’étape finale du fantasme. Soit la soumission, accrochée au mur Mourinho et tenu par le boss final du jeu : David de Gea, roi de la claque gantée. Allez Vincenzo, faut s’accrocher.


L’OGC Nice veut-il la fin du statut de cheminot ?

Philippe Martinez a passé la semaine à tripoter sa moustache dans les médias, prêt à lancer une nouvelle grande lutte syndicale. La raison de son courroux ? Le gouvernement, cette bande de Marcheurs accros à la compétitivité et qui n’en a pas grand-chose à faire des petites gens, envisage de réformer la SNCF et d’abolir le statut de cheminot. Une nouvelle qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd du côté de Nice puisque Monsieur le maire, le délicieux Christian Estrosi, est devenu un grand macrono-compatible depuis que sa famille politique se déchire. « Je n’ai plus de chef. Je soutiens Macron pour ce qu’il a avancé sur un certain nombre de sujets » , lâchait Estrosi il n’y a pas si longtemps. Alors, quoi de mieux qu’un match face à ces bolchéviques du Lokomotiv Moscou pour prouver qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air ? Un petit mot glissé en douce à Lucien Favre et le compte est bon. Nice se fait éjecter de la Ligue Europa, et c’est toute une ville qui bascule dans la haine du Lokomotiv, donc des cheminots. Le parti présidentiel peut applaudir la manœuvre. Grâce à la relance bidon des défenseurs niçois du jeudi soir et au but qui a suivi, il vient de récupérer 350 000 voix dans le Sud pour les élection européennes de 2019.


Ciro Immobile a-t-il définitivement enfilé le costume de Cicéron ?

À ceux qui en doutaient encore, il ne sert à rien de venir chatouiller le dessous des orteils de la Lazio : jeudi soir, le Steaua Bucarest l’a définitivement compris et est reparti du Stadio Olimpico avec une belle branlée dans les valises (5-1). Ainsi, effacée la défaite de l’aller (0-1), la bande d’Inzaghi verra les huitièmes de la Ligue Europa. Le héros, parce qu’il en faut forcément un dans ce genre de soirées, a une nouvelle fois été Ciro Immobile, auteur d’un triplé, ce qui lui permet de sauter au-dessus de la barre des 30 buts toutes compétitions confondues et de danser, déjà, au cœur de la meilleure saison de sa carrière (il avait inscrit 28 buts avec Pescara lors de la saison 2011-2012, ndlr). Bingo : voilà le natif de Torre Annunziata dans les pas de Cicéron, soit loin de la vie de notable, devenu héros à force de sueur et grâce à une qualité d’orateur incomparable lors des grands rendez-vous. Avocat reconnu d’une Lazio parfois alternative, Immobile semble capable de démonter le moindre complot lors d’une saison où les Biancocelesti se battent sans relâche face à la conjuration de la VAR. Alors, à qui le tour ?

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