- Euro 2017
- Quarts
- Angleterre-France (1-0)
Les Bleues votent le Frexit
Sans solution face à une équipe anglaise pas beaucoup plus inspirée, les joueuses de l'équipe de France quittent l'Euro par la petite porte. Battues sur le plus petit des scores, elles n'ont jamais donné l'impression de pouvoir faire mieux. Et ce depuis le début de la compétition.
Angleterre 1-0 France
But : Taylor (60e) pour l’Angleterre
Ne pas faire ce que l’on ne sait pas faire. Un grand classique du football qu’Eugénie Le Sommer refuse d’intégrer et on la comprend : frustrée par le jeu médiocre de son équipe, l’attaquante des Bleues essaye de faire bouger les choses à chaque fois qu’elle reçoit le ballon et tant pis si Marinette Pichon préfère quand les Françaises dégagent en touche. Malheureusement pour la Lyonnaise, le terme « créer » ne fait pas partie du vocabulaire d’Olivier Echouafni. Et ce pêché d’orgueil de Le Sommer, sur une prise de balle en début de seconde période, va coûter un peu plus cher que les dizaines de relances manquées de ses partenaires. Parfaitement lancée dans la profondeur suite à un duel perdu par la numéro 9 française, Taylor profite du retard de Sakina Karchaoui pour se retrouver seule face à Bouhaddi. La suite, personne n’en a jamais douté tant la gardienne française, à l’aise sur ses prises de balle aériennes en première période, est rarement décisive. D’une frappe moyenne touchée par la portière des Bleues, la meilleure marqueuse de l’Euro ouvre le score. Un exploit tant la rencontre était fermée jusqu’ici. En revanche, s’il y a bien quelque chose qui ne surprendra personne, c’est l’élimination de cette équipe de France, insipide comme un sandwich triangle d’aire d’autoroute après des heures d’embouteillages. Il n’y a pas de regret mais du pain sur la planche avant le Mondial à la maison en 2019.
Pas de plan de relance, pas de plan tout court
Pendant que les Hollandais traînent leurs caravanes et leurs sandales en France cet été, de courageux Français ont décidé de faire le déplacement aux Pays-Bas pour assister à ce quart de finale. Élégante comme à son habitude, Camille Abily accueille les supporters en tartinant deux toasts de caviar. Le premier pour Diani, le second pour Delie, mais il semblerait que les attaquantes françaises n’ont pas faim. Dès lors, il n’y a plus qu’à espérer que les fans des Bleues n’ont pas plus d’appétit tant ce premier acte ne leur donne rien à se mettre sous la dent, si ce n’est un attentat de Scott sur Amandine Henry et les interventions solides d’une Laura Georges franchement plus tranchante que Wendy Renard, suspendue pour la rencontre de ce dimanche soir. Désagréable impression lorsqu’on regarde un spectacle censé être collectif : l’équipe de France semble être un amas d’individualités au niveau fortement déséquilibré. Quand Henry, Abily, Geyoro et Houara, dont la qualité de centres varie, semblent tirer l’équipe vers le haut, les prestations de Delie, Karchaoui ou encore Le Sommer plombent le jeu offensif des Bleues. Sans solution tactique à la création, les joueuses d’Echouafni rentrent au vestiaire avec un 0-0, soit tout ce qu’elles pouvaient espérer.
Des Anglaises moyennes mais meilleures
Non, les Anglaises ne méritent pas franchement mieux. Si Kirby se rappelle de ses années Game Boy et court comme une dingue avec Taylor et Moore, les filles du Royaume ne se sont procurées de frissons que sur coups de pied arrêtés. Mais l’impact physique dont elles font preuve suffit à perturber une équipe de France sans idée et à se procurer des contre-attaques. C’est d’ailleurs grâce à ce schéma qu’elles vont ouvrir le score. Car si elles multiplient les fautes grossières, les Anglaises grattent également des ballons, comme à l’heure de jeu dans les pieds d’Eugénie Le Sommer. Un contre éclair plus tard, Taylor ouvre le score. Comme face à la Suisse, les Bleues ont eu besoin d’avoir le couteau sous la gorge pour se réveiller. Le jeu n’est pas mieux construit, mais la bande à Abily se lance à l’attaque. Trop tard, puisque les Anglaises n’ont pas peur de la bataille. Recroquevillées dans leur camp, elles trouvent le moyen de dévier chaque frappe française jusqu’au coup de sifflet final. Elles devront faire beaucoup mieux pour aller battre les Pays-Bas puis le vainqueur de Danemark-Autriche pour aller gagner l’Euro, mais il faut croire que contre cette France-là, une prestation de ce genre suffisait. Cela en dit long sur le niveau de jeu proposé par les filles d’Olivier Echouafni…
Par Swann Borsellino