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ACTU MERCATO

L’envol raté du Canari Pedros

Par Alexandre Doskov
L’envol raté du Canari Pedros

Que les choses vont vite dans le football ! Il y a vingt ans à peine, le FC Nantes était champion de France en titre, atteignait les demi-finales de Ligue des champions, et ses joueurs partaient dans des grands clubs européens. Une dynamique dont aurait pu profiter Reynald Pedros, qui avait à l'époque tapé dans l'œil du FC Barcelone. Un transfert qui n'aura finalement jamais lieu, et qui donnera des regrets éternels au principal intéressé.

« C’est fabuleux ! C’est extraordinaire ! » Au micro, le regretté Thierry Gilardi exulte, à raison. Ce que viennent de réaliser les joueurs du FC Nantes est exceptionnel, comme le sera le reste de leur saison 94-95. Ce 19 août 1994, dans la moiteur du stade de la Beaujoire face au PSG, Patrice Loko fusille Bernard Lama d’une reprise de volée devenue légendaire après une combinaison aérienne et magique avec Reynald Pedros. L’illustration la plus célèbre de ce que l’on nomme le « jeu à la nantaise » , à l’époque où ce terme était encore utilisé avec sens. Quelques mois plus tard, les Nantais sont sacrés champions de France, avec 10 points d’avance sur leur dauphin, et en ayant perdu un seul match. Loko termine meilleur buteur, et Pedros meilleur passeur. « On était plus qu’invincibles » , commente ce dernier à propos de cette époque. Une domination totale, mais aussi la fin d’un cycle, puisque les étés 95 et 96 verront les cadres du vestiaire nantais s’en aller peu à peu. À l’instar de Reynald Pedros, qui en profitera pour faire ce dont il parle dès la cinquième ligne de son autobiographie comme « le plus mauvais choix de (s)a carrière » .

Objectif : jouer l’Europe en club et en sélection

Alors que Patrice Loko et Christian Karembeu font leurs valises dès la fin de cette fameuse saison 95, pour rejoindre respectivement le PSG et la Sampdoria de Gênes, Reynald Pedros choisit de rester avec les Jaune et Vert. Il ne se sent pas encore de quitter le nid, et veut jouer la Ligue des champions avec son club formateur. Une campagne européenne grandiose, que les Nantais concluront par une demi-finale perdue avec les honneurs face au futur vainqueur, la Juventus. Mais sur la scène nationale, l’exercice 95-96 est plus compliqué pour les hommes de Coco Suaudeau, qui bouclent leur championnat à une peu satisfaisante septième place et qui sortent tôt en coupes. Reynald Pedros a alors 24 ans, et a une nouvelle terminé meilleur passeur du championnat. Mais il sent que le vent tourne à la Beaujoire et demande un bon de sortie à son club de toujours. Pedros veut aller vite, et c’est sans doute là sa première erreur. Il fait partie des sélectionnés d’Aimé Jacquet pour disputer l’Euro 96, qui démarre début juin, et il veut connaître son nouveau club avant cette date afin de pouvoir se concentrer uniquement sur la compétition. Le choix de sa nouvelle équipe dépend également d’un autre impératif, et non des moindres, la Coupe du monde 98, qu’il peut prétendre disputer. En prenant la bonne décision, Pedros peut définitivement taper dans l’œil de Jacquet et s’assurer un ticket pour le Mondial. Son agent, le tout puissant Alain Migliaccio, lui apprend alors que le FC Barcelone est prêt à l’accueillir.

Ce que femme veut, Dieu le veut

Le FC Barcelone, que vient de quitter Johan Cruyff après avoir remporté 11 titres en 8 saisons, et que vient de récupérer Bobby Robson, arrivé avec son jeune assistant José Mourinho. « Mon style de jeu pourrait bien lui correspondre. En tout cas, la philosophie prônée me parle » confirme Pedros lui-même. Tout semblait prêt pour le transfert, sauf le plus imprévisible des éléments, la réaction de la femme de Pedros. La réponse de Madame est claire et nette, c’est non. Elle a accouché de leur enfant il y a peu, et ne souhaite pas quitter la France si rapidement. Pedros, Canari devenu canard, suit les desiderata de sa belle et refuse le Barça pour se mettre à chercher une place en France. Objectif, rester encore une ou deux saisons dans l’Hexagone avant d’aller relever un défi à l’étranger. Il est finalement récupéré par Marseille, mauvais garçon des nineties qui vient de passer deux saisons en D2 à cause de l’affaire VA-OM, et que Pedros rejoint en acceptant une baisse de salaire. Une décision qui provoque l’incompréhension à l’époque, et qui marquera la fin des années bonheur pour le joueur.

Le chaos

Comme un signe de la poisse qui l’attendait, Reynald Pedros endosse directement après le rôle de celui qui fait perdre les Bleus lors de l’Euro 96, en ratant son tir au but face aux Tchèques en demi-finale. Ses aventures avec la sélection s’arrêtent quelques mois plus tard, et c’est à la télé qu’il regardera la Coupe du monde. Triste cerise sur ce gâteau, son épouse et lui se séparent quelques mois après son arrivée à Marseille. Reynald Pedros post FC Nantes, c’est une carrière placée sous le signe de l’instabilité. Onze clubs en 8 ans, des expériences italiennes catastrophiques (3 mois à Naples durant lesquels il vit un enfer), et une amertume jamais digérée d’avoir laissé passer la chance d’une vie. En livre ou en interview, il ne cherchera jamais à dissimuler ses regrets. Inlassablement, ce sont les mêmes termes qui reviennent : « Si c’était à refaire » , « regrets » , « le club de ma vie » . Le train du succès n’aura sifflé qu’une seule fois pour l’ancien Canari.

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