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Le Temple du soleil

Par Florian Lefèvre
Le Temple du soleil

Absent du Mondial depuis l’édition 1982, le Pérou est à deux matchs d’embarquer pour la Russie. La Blanquirroja, actuellement quatrième des qualifications de la zone Am. Sud, va recevoir la Colombie mercredi prochain à Lima. Mais avant, il y a ce match qui vaut de l’or à la Bombonera (coup d’envoi à 1h30 dans la nuit de jeudi à vendredi). L’histoire se répète. Mais laquelle ?

Il y a des timbres de voix qui ne trompent pas. Le 5 septembre dernier, à l’antenne de la télévision péruvienne, c’est un mélange de passion, d’enthousiasme et de délire qui agite les cordes vocales de Daniel Peredo. En un mot, le commentateur au débit mitraillette transmet de l’amour. À Quito, là où il n’avait encore jamais gagné de toute son histoire, le Pérou mène 1-0 face à l’Équateur. 76e minute… « Voila Trauco, au milieu Hurtado, au milieu Hurtado, le deuxième est là. Le deuxième est là, le deuxième. Le deuxième, le deuxième ! Hurtado ! GOL ! GOL ! GOL ! GOL ! GOL ! GOL ! GOL ! GOL PERUUUUAAAANO !!! » Réduit à dix contre onze quelques minutes plus tard, le Pérou s’imposera finalement 2-1. Daniel Peredo, au micro : « Le Pérou est à la hauteur ici à Quito. » À 2850m d’altitude, c’est dire la performance de la Blanquirroja.

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Revenus de nulle part

Si tant d’émotions se sont emparées du peuple péruvien via la voix de Peredo sur le but d’Hurtado, c’est parce que la sélection de Ricardo Gareca revient de loin. Quatre défaites lors des six premiers matchs, c’était le bilan péruvien au début des éliminatoires du Mondial 2018. Il s’en est même fallu d’un coup de tête de Raúl Ruidíaz à la 90e+4 pour éviter une défaite à domicile face au Venezuela, le paillasson de la zone Amérique du Sud (2-2, score final). Et puis arriva ce tournant à La Paz, le 1er septembre 2016. La Bolivie s’impose 2-0, le Pérou oublie ses rêves de qualification. Coup de théâtre deux mois plus tard : à la suite d’une réclamation du Chili, la FIFA épingle la Bolivie pour avoir aligné deux fois Nelson Cabrera, ex-international paraguayen (une sélection en 2007). Or, le règlement impose à un joueur d’avoir passé cinq ans ininterrompus dans son nouveau pays avant de pouvoir changer de sélection nationale. Cabrera ne remplissait pas ces conditions, les deux matchs sont perdus par la Bolivie sur tapis vert : contre le Chili et le Pérou.

Entre-temps, la sélection péruvienne s’est refait la cerise en battant l’Équateur à domicile et en tenant en échec l’Argentine. Mais qui mise encore sur la Blanquirroja, en mars dernier, après des défaites au Chili, contre le Brésil et des points perdus contre le Venezuela ? Peu de monde. Qu’importe, Ricardo Gareca, lui, y croit. Déjà, il a emmené le Pérou sur le podium de la Copa América (troisième place après une défaite 2-1 contre le futur vainqueur chilien) lors de ses débuts comme sélectionneur en 2015. Surtout, El Flaco (pourquoi ce surnom ? « mon boulot me tord trop l’estomac » , justifie le maigrichon) communique sa rage à ses troupes. Et ses décisions fortes de se passer d’anciens cadres comme Claudio Pizarro ou Juan Vargas vont payer. Face à l’Uruguay, la Bolivie et l’Équateur, les Incas enchaînent trois victoires. Les buteurs s’appellent Edison Flores (Aalborg), Christian Cueva (São Paulo FC) et évidemment Paolo Hurtado (Vitória Guimarães). Certes, les deux derniers sont suspendus pour le prochain match, mais l’Argentine peut trembler.

Gareca, le bourreau du Pérou en 1985

Sachant que les quatre premiers sont qualifiés et que le cinquième va en barrages, sachant aussi qu’il ne reste que deux matchs à disputer dans un sprint final à sept (seul le Brésil est déjà qualifié ; l’Uruguay, la Colombie, le Pérou, l’Argentine, le Chili, le Paraguay et l’Équateur sont à la lutte au classement), cet Argentine-Pérou vaut son pesant d’or. « Nous sommes capables de gagner contre n’importe quelle sélection nationale » , a prévenu Ricardo Gareca avant d’affronter son pays natal. En 1985, l’Argentin marquait le but décisif qui éliminait le Pérou de la course au Mundial. Aujourd’hui, c’est lui qui peut pousser l’Albiceleste au bord du précipice. Un superstitieux comme Gareca y voit forcément un signe.

Dans le vestiaire du Pérou, El Flaco interdit à ses protégés d’écouter du Marc Anthony. La raison ? Quand il entraînait l’Independiente Santa Fe, c’était le chanteur préféré de son équipe, et l’expérience s’est tellement mal passée que le mister ne veut plus entendre résonner la salsa du chanteur américain. Les joueurs péruviens n’ont également pas le droit de porter un survêtement vert, car la couleur rappelle au sélectionneur la traumatisante défaite face au Cameroun en ouverture du Mondial 90. En vérité, Ricardo Gareca n’a pas toujours eu la chance de son côté. Malgré son but contre le Pérou, il n’a pas été sélectionné par Carlos Bilardo pour aller au Mexique et a dû se résoudre à regarder le sacre de ses coéquipiers devant la télé. Un jour, lors d’un Clásico tucumano (entre San Martín et l’Atlético), le jeune entraîneur s’est fait renverser un seau rempli de pisse sur la tronche. Et la Rolex offerte par son ami Diego Maradona quand ils jouaient ensemble à Boca ? Volée quelques jours plus tard par des hinchas d’Independiente.

Mais qu’El Flaco se rassure, bien avant son but en 1985, l’histoire a déjà tourné en faveur du Pérou. En août 1969, les Incas se qualifiaient pour la Coupe du monde au détriment de l’Argentine, 2-2. Cet exploit reste gravé comme « le Silence de la Bombonera » . Précisément l’arène où l’Argentine et le Pérou vont s’affronter dans la nuit de jeudi à vendredi. Dans sa cabine, Daniel Peredo sera prêt à faire vibrer 32 millions de Péruviens.

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