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Le sens du dialogue selon Thiriez

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Le sens du dialogue selon Thiriez

À la reprise du championnat, le collectif SOS L2 a adressé une lettre ouverte à Frédéric Thiriez en faveur du retour des matchs de L2 le samedi, avant de mener une action en ce sens dans les stades. Le président de la LFP a répondu à sa manière, sèche, par un courrier aux présidents des clubs, que So Foot s’est procuré. Il leur demande de ne plus accepter de banderole hostile aux horaires des matchs sous peine de sanctions disciplinaires.

Comme nous l’indiquions dimanche sur ce site, le collectif SOS Ligue 2, qui milite pour un retour des matchs de deuxième division le samedi, a profité de la reprise du championnat pour adresser une lettre ouverte au président de la LFP, Frédéric Thiriez, et pour déployer dans plusieurs stades une banderole commune « Pas de compromis, le foot c’est le samedi » .

La saison dernière, suite à la mobilisation contre les matchs de L2 le vendredi à 18h45 de la part de nombreuses associations de supporters soutenues par divers acteurs sportifs, politiques et économiques, la LFP et beIN Sport avaient accepté de décaler les matchs le même soir à 20h à partir de janvier 2013. Le collectif SOS L2 espérait qu’il s’agissait là d’un premier pas dans la réflexion autour des horaires des matchs. Mais, depuis, il n’a plus aucune nouvelle de la LFP, d’où sa lettre ouverte à Frédéric Thiriez, ses banderoles revendicatives et ses nouvelles propositions.

Moustache se fâche

Alors que le collectif SOS L2 affirme vouloir nouer un dialogue serein et constructif avec les clubs et les autorités du football, sa lettre ouverte n’a reçu aucune réponse directe de la part de Frédéric Thiriez. Au contraire, celui-ci s’est aussitôt fendu d’un courrier très ferme adressé aux membres du conseil d’administration de la LFP et à tous les présidents de clubs de L1 et de L2, demandant expressément aux clubs de L2 de ne plus tolérer de telles banderoles dans leur stade, sous peine de sanctions disciplinaires. Plusieurs enseignements peuvent être tirés d’une telle lettre, que nous reproduisons intégralement ci-dessous tant elle est édifiante. Elle souligne d’abord les enjeux financiers liés à la programmation des matchs, dans une économie du football très (trop) dépendante des droits télé. La saison dernière, beIN Sport a certes accepté de décaler les matchs de L2 à 20h le vendredi, mais en contrepartie d’une ristourne de 3 millions d’euros sur sa facture, d’après les révélations de L’Équipeen janvier dernier – que le courrier de Frédéric Thiriez accrédite en évoquant une « perte financière » . Le ton de cette lettre confirme ensuite que les associations de supporters ne constituent pas un interlocuteur crédible aux yeux de la LFP. Frédéric Thiriez prétend avoir respecté les engagements pris auprès de SOS L2, alors qu’il sait pertinemment que la solution des matchs à 20h le vendredi ne satisfaisait que partiellement le collectif et que la LFP ne répond plus à ses sollicitations depuis des mois.

Ce courrier très sec montre également que la liberté d’expression est de plus en plus restreinte dans les stades de football professionnel. Il est salutaire que les clubs soient désormais vigilants par rapport aux banderoles insultantes ou outrancières de certains supporters. Il est en revanche regrettable que les fans ne puissent pas exprimer, de manière policée, leurs revendications.

Une telle attitude de la part de la LFP interpelle aussi sur les sanctions que les clubs pourraient subir. Si une banderole contre les matchs le vendredi réussit à être introduite dans un stade, qu’est-ce que la commission de discipline de la LFP va bien pouvoir faire ? Infliger une amende au club concerné, dont la situation budgétaire est vraisemblablement déjà tendue ? L’adéquation entre l’ « infraction » , selon les termes de Frédéric Thiriez, et la sanction ne saute pas aux yeux.

Ouvrir un vrai dialogue sur la programmation des matchs ?

Enfin, il est particulièrement étonnant que Frédéric Thiriez refuse d’ouvrir un débat de fond sur les horaires des matchs, d’autant que le vendredi à 20h est un créneau qui compte des détracteurs (comme SOS L2), mais aussi des partisans. Les horaires choisis ont des incidences au-delà du football professionnel, sur le football amateur, sur la circulation dans les villes ou sur l’accès des individus aux loisirs. La LFP et le diffuseur auraient tout intérêt à consulter largement. Frédéric Thiriez évoque les « longues discussions » de la saison dernière, alors que celles-ci n’ont jamais réuni toutes les parties prenantes et que la solution adoptée semblait transitoire. Pourquoi ne pas mettre, une bonne fois pour toutes, tous les acteurs (LFP, FFF, diffuseurs, clubs, supporters, pouvoirs publics…) autour de la table afin de trouver une programmation qui permette de tenir compte des contraintes de chacun ? Pourquoi ne répondre aux revendications des fans que par la sanction (de leurs clubs en l’occurrence) au lieu d’essayer de dialoguer avec eux ?

Le bâton constitue aujourd’hui la réponse préférentielle de la LFP aux sollicitations des supporters, au risque de radicaliser certains d’entre eux et de tendre l’ambiance dans les stades. Ouvrir le dialogue ne signifie évidemment pas accepter toutes les revendications des fans. Mais cela montrerait que leur avis est pris en compte et devrait permettre à chacun de faire des compromis (contrairement à ce qu’affirme SOS L2 sur ses banderoles) afin de trouver une solution convenable. Malheureusement, Frédéric Thiriez préfère passer en force…

Antoine Aubry et Quentin Blandin

Le courrier de Frédéric Thiriez adressé le 6 août aux membres du conseil d’administration de la LFP et aux présidents de clubs de L1 et de L2 :

« Monsieur le Président, Cher collègue,Le championnat de Ligue 2 vient de reprendre sur de biens (sic) mauvaises bases.
Ce week-end, des banderoles de revendication émanant du collectif SOS Ligue 2 ont été déployées et ce, dans la plupart des stades. Des slogans hostiles à beIN Sport ont été également relevés dans de nombreuses enceintes.Au regard des longues discussions intervenues la saison dernière, mais aussi compte-tenu des accords passés avec beIN Sport, le déploiement de ces banderoles est totalement intolérable.
Je me dois, en effet, de vous rappeler qu’au-delà de la perte financière liée au changement d’horaire intervenu la saison dernière, nous avons surtout montré à notre diffuseur notre incapacité à tenir des engagements de façon respectueuse.Un nouvel épisode de contestation serait donc particulièrement préjudiciable à nos relations commerciales.
Aussi, face à de tels agissements de la part de vos supporters, je vous demande de faire preuve de la plus grande fermeté afin que ces banderoles ne soient plus explosées (sic) dans les stades.Nous avons pris des engagements vis-à-vis du collectif SOS Ligue 2 et nous les avons respectés en décalant les matchs de Ligue 2 à 20h00 le vendredi.
J’attends donc désormais des clubs de Ligue 2 qu’ils en fassent de même et veillent scrupuleusement à ce qu’aucune banderole hostile aux horaires de programmation ne soit déployée dans leur stade.Faute de quoi, la Commission de discipline appréciera les suites qu’il conviendra de réserver aux infractions constatées.
Je vous prie de croire, monsieur le Président, cher collègue, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.Frédéric Thiriez
 »

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