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Le sale sketch d’Albert Dupontel

Par Théo Denmat
Le sale sketch d’Albert Dupontel

Aujourd'hui, Albert Dupontel fête ses 55 ans. L'occasion de revenir sur l'une de ses toutes premières productions à la sortie de Chaillot, au début des années 1990, une série de sketchs diffusés par Canal Plus juste avant le Journal du Hard. Et autant dire qu'avec un peu de foot dedans, Les Sales Histoires portent bien leur nom.

Minuit moins trois, l’heure d’éventrer la braguette. Combien sont-ils déjà, affalés sur leur canapé, les yeux rivés sur leur écran de télévision ? Depuis peu, grande innovation de ce début d’année 1990, les appareils sont équipés de magnétoscopes à cassettes. La précision est d’importance pour l’activité du soir : si elle ne demande qu’un abonnement à Canal Plus et une main libre de ses mouvements, n’importe qui pourra désormais enregistrer ce qui passe sur son petit écran. À commencer par un film pornographique présenté dans le Journal du hard. Ainsi, comme tous les premiers samedis du mois depuis le 31 août 1985, c’est le même cérémonial : installation solitaire, déballage du paquet, position d’attente. Comme souvent, histoire d’assurer la transition avec le film de seconde partie de soirée, un programme court est présenté aux téléspectateurs. Ce soir, c’est Le match de foot, un sketch de trois minutes mettant en scène deux jeunes acteurs quasiment inconnus : Michel Vuillermoz et Albert Dupontel. « Au départ, ça devait passer en clair, entre 20h27 et 20h30, raconte aujourd’hui le premier. Puis quand (Alain) De Greef a vu le propos, il a eu un peu la trouille. Il trouvait ça un peu trop violent, donc on est passés en crypté avant le porno du mois. » Et on comprend pourquoi.

Clown blanc

On rembobine. En 1990, Vuillermoz sort du Conservatoire national d’art dramatique, et passe ses journées à traîner un hurluberlu de deux ans plus jeune que lui, Philippe Guillaume, renommé depuis peu Albert Dupontel. Ils jouent au tennis, mangent de la viande, végètent activement. Avec Dupontel, il se passe rarement une journée sans une séance de sport. Lui a terminé deux ans plus tôt une formation à l’École du théâtre national de Chaillot, où il a joué des petits rôles classiques sous la coupe, entre autres, d’Ariane Mnouchkine, et a envie de s’éclater. Écrire des conneries ? Ça le démange, bon sang. « On considérait Paris comme un vaste terrain d’expérimentation, explique Vuillermoz,et l’idée est née chez Albert, comme ça, de raconter la vie de deux mecs qui étaient un peu nous, finalement. Deux types qui traînent en peignoir et, parce qu’ils ne savent pas trop quoi faire, ne font que des conneries. » Albert est la tête pensante, Michel celui qui renvoie la balle, fait « ping-pong » . Le premier est à l’écriture et la mise en scène, le second joue la partition.

Le duo va sonner chez Canal. Le « vrai » – comme Ronaldo – époque De Greef et Lescure, époque Antoine de Caunes et Philippe Gildas, époque Guignol et Nulle part ailleurs. Banco, on leur file du fric et un réalisateur – même si Dupontel aurait aimé s’en charger –, Manuel Poirier. Quinze épisodes sont commandés. Pour la titraille, cela ne peut s’appeler autrement que Sales Histoires, compte tenu du propos. C’est trash, c’est gore, c’est cru, bref : du jamais-vu. Le sketch du match de foot, en l’occurrence, est dans la plus pure veine de la pastille : Dupontel est taré, présentant déjà, six ans avant le long-métrage, les traits du personnage qui le révélera au cinéma, Bernie. Vuillermoz : « Il a trimbalé ce personnage dans plusieurs films, une espèce de gars dans la sur-énergie, sur-excitation, dans une folie très très drôle. Et moi, je jouais un peu le clown blanc là-dedans, le contrepoint un peu plus calme et qui se laisse entraîner par l’énergie du copain. » Deux rôles qui tiennent effectivement beaucoup d’eux. Dupontel reste un type qui s’est fait renvoyer de la maternelle à quatre ans et demi, et dont le professeur à l’école primaire Paul Bert de Conflans devait lui mettre du chatterton sur la bouche pour le faire taire. Il a aujourd’hui 25 ans, et veut justement l’inverse : hurler tout ce qu’il peut.

Bathenay, crétinisme et ovnis

Dans ce sketch, les deux loustics s’époumonent donc devant France-RFA 1982, mais sans en avoir bien conscience. Dupontel, « très peu branché foot » de son propre aveu, n’en parle jamais. Vuillermoz le suit de loin. Là, ils souhaitent surtout utiliser la figure du supporter pour montrer « deux crétins de base qui s’excitent comme des malades et en oublient l’essentiel » . Le foot est un prétexte, et, promis, pas tourné en ridicule, même si le doute est encore permis trente ans plus tard. « Ils auraient pu faire tout à fait autre chose » , assure Vuillermoz, qui confond au passage Patrick Battiston et Dominique Bathenay.

Il y a là tout le Dupontel que l’on retrouvera plus tard, dans son Sale Spectacle à l’Olympia en 1992 ou sur grand écran, l’envie de bousculer les conventions, celle de tout casser, de créer de ses mains, de faire naître des ovnis. « On s’était vraiment bien marrés à faire ce truc-là. C’était un truc de potaches, on était jeunes, c’était très agréable. Et on s’est retrouvés par la suite à plusieurs reprises. » Dont trois fois au cinéma : Bernie, Le Créateur, Au revoir là-haut. Comme quoi, du Journal du hard au journal de l’art, il n’y a parfois qu’une histoire de bébé dans le four.

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Par Théo Denmat

Tous propos recueillis par TD

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