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Le Portugal est-il meilleur sans Cristiano Ronaldo ?

Par Félix Barbé
Le Portugal est-il meilleur sans Cristiano Ronaldo ?

Absent samedi soir face à la Croatie pour une infection à l’orteil, Cristiano Ronaldo a assisté depuis les tribunes au carton de ses partenaires (4-1). Un succès qui aurait d’ailleurs pu être encore plus lourd, au vu du nombre assez phénoménal d’occasions que s’est créées l’attaque portugaise articulée autour de Bruno Fernandes et João Félix. À tel point qu’il est désormais légitime de se demander si la place du quintuple Ballon d’or dans le collectif lusitanien est toujours aussi indiscutable. Oui, sérieusement.

26 tirs à cinq, onze frappes cadrées à deux. Ce samedi soir, à l’occasion de la première journée de la Ligue des nations, l’affiche attendue entre le Portugal, champion d’Europe en titre, et la Croatie, finaliste du dernier Mondial, a finalement tourné à la boucherie. Certes, la sélection de Zlatko Dalić apparue en toute petite forme était amputée de Luka Modrić et Ivan Rakitić. Elle a, d’ailleurs, longtemps semblé incapable d’apporter le moindre danger sur la cage d’Anthony Lopes. Mais la domination statistique portugaise a surtout traduit autre chose, à savoir la force offensive conséquente des hommes de Fernando Santos. Le tout sans Cristiano Ronaldo, blessé à l’orteil.

Carré magique

Et si l’absence de CR7 était finalement la raison de ce puissant feu d’artifice ? Contre l’équipe au damier, le quatuor d’attaque composé de Bruno Fernandes, Diogo Jota, Bernardo Silva et João Félix a passé 90 minutes en totale éclate. Fernandes était pourtant initialement positionné dans un milieu à trois, avec João Moutinho faisant office de voisin et Danilo Pereira en pointe basse. Mais comme il le fait si bien depuis son arrivée à Manchester United, celui qui honorait sa dix-neuvième sélection avec la Selecção a vite laissé ses deux collègues dans le rond central pour aller s’amuser devant. Si bien que le milieu offensif, qui fêtera ses 26 ans ce mardi, a même occupé une position moyenne sur le terrain plus haute que João Félix, pourtant placé dans un rôle de faux neuf. Tout au long de la partie, les quatre compères – bien épaulés par les montées permanentes de João Cancelo et Raphaël Guerreiro – n’ont cessé de se chercher, de redoubler les passes et les dribbles, faisant vivre un cauchemar absolu à une défense croate bien trop lourde pour retenir leurs assauts et leurs accélérations.

Aidés par les caviars distribués par Bernardo Silva (cinq passes clés, pour le joueur de Manchester City), Jota, Fernandes et Félix ont d’ailleurs cumulé treize frappes à eux trois. Auraient-ils tenté autant, avec la présence de Ronaldo sur le terrain ? Difficile de le penser. Car ce collectif, aussi bien huilé que flamboyant, perd obligatoirement en fluidité lorsque le buteur de la Juventus est sur le pré. Même sans forcément le vouloir, CR7 aimante les ballons et l’attention de ses jeunes coéquipiers avec. La folie et l’insouciance des minots portugais, si rafraîchissantes ce week-end, disparaissent soudainement lorsque le mutant aux cinq Ballons d’or évolue à leurs côtés. En prenant leurs responsabilités comme elles l’ont parfaitement fait contre la Croatie, les jeunes pousses lusitaniennes se sont prouvé qu’elles pouvaient exceller sans le meilleur joueur de l’histoire de la sélection.

Le réalisme, tache noire au milieu du tableau

C’est évident, le tenant du titre de la Ligue des nations a évolué à un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis bien longtemps. Sans un grand Dominik Livaković dans les buts croates et ses montants touchés à trois reprises, les Portugais auraient pu coller une fessée historique à leurs adversaires du soir. Et si l’absence de Cristiano Ronaldo a eu un effet bénéfique sur le jeu collectif de la Selecção, elle s’est aussi fait ressentir sur ce point précis. Les joueurs de Fernando Santos ont en effet vendangé pas moins de six occasions nettes, avant que Cancelo ne libère les siens d’un délicieux caramel du pied gauche à cinq minutes de la pause.

Des situations toutes plus grosses les unes que les autres, dont l’ancien attaquant du Real Madrid se serait très certainement délecté pour gonfler encore un peu plus son compteur buts en sélection. La clé pour le futur est justement là : les jeunes Portugais doivent apprendre à jouer avec CR7, mais ils doivent surtout le faire en s’émancipant de ce dernier. S’ils y parviennent tout en conservant leur fougue et leurs automatismes, ils ont tout pour venir titiller les meilleures sélections mondiales pendant encore quelques années… Avant que Ronaldo ne s’en aille, et ne laisse place à une génération déjà dorée.

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