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Le plan secret d’Osorio

Par Thomas Pitrel, au stade Loujniki (Moscou)
Le plan secret d’Osorio

Le grand architecte de la victoire surprise du Mexique face à l’Allemagne a un nom : Juan Carlos Osorio. Tout à sa joie, le sélectionneur colombien d'El Tri s’est posé quelques minutes après la rencontre afin d'expliquer aux journalistes son plan pour battre la Mannschaft. Et l’homme avait vraiment pensé à tout.

Dans les entrailles du stade Loujniki, quelques minutes après la victoire du Mexique contre l’Allemagne, un journaliste israélien s’adresse à Juan Carlos Osorio : « J’ai parlé juste avant le match avec Eyal Berkovic, qui m’a dit que vous seriez bientôt le meilleur entraîneur du monde. » À ses mots, le sourire du sélectionneur colombien d’El Tris’élargit encore un peu. Osorio a connu l’ancien joueur israélien en 2001, lorsque ce dernier jouait à Manchester City et que lui-même y exerçait la fonction de préparateur physique. « À l’époque où j’étais à City, il y avait deux magiciens, dit-il aujourd’hui. Berkovic et Ali Benarbia. » Cela s’est donc passé il y a très, très longtemps. Depuis, Juan Carlos Osorio est devenu entraîneur pour des clubs colombiens, américains, brésiliens, mexicains. Et, en 2015, sélectionneur d’un Mexique tétanisé par une énième élimination en huitièmes de finale de Coupe du monde. Enfin, ce dimanche 17 juin 2018, il a montré qu’il pouvait, effectivement, prétendre entrer dans le club fermé des grands tacticiens du moment.

Si son Mexique a semblé sûr de son fait contre l’Allemagne aujourd’hui, c’est parce que son coach avait un plan qui ne date pas d’hier. Il y a un an presque jour pour jour, le 29 juin 2017, El Tri se faisait atomiser par la Mannschaft(4-1) en demi-finales de Coupe des confédérations à Sotchi. « À l’époque, ils avaient été beaucoup moins forts qu’aujourd’hui, défensivement et offensivement, ça n’avait rien à voir » , siffle un Joachim Löw dégoûté à la suite de la défaite de son équipe pour son entrée dans le Mondial. Alors, quand le tirage au sort du 1er décembre dernier a placé l’Allemagne et le Mexique dans le même groupe pour la Coupe du monde en Russie, il a fallu gamberger. « Nous avons mis au point un plan il y a six mois, pose fièrement Osorio en conférence de presse. Il y a eu des changements de dernière minute à cause des blessés, mais le principe est resté le même : il fallait avoir deux ailiers très rapides. » Et face à un Kimmich trop souvent absent sur son flanc droit, c’est effectivement la fusée Hirving Lozano, du PSV, qui est allé inscrire le seul but du match ce soir.

« Jouer avec l’amour de la victoire »

Mais le plan ne s’arrêtait pas là. « En première mi-temps, sans manquer de respect à notre adversaire, nous avons été meilleurs, il le fallait » , poursuit le sélectionneur. Le scénario rédigé à l’avance par Osorio et ses équipes impliquait en effet d’ouvrir le score. Et ensuite ? « Nous avions anticipé qu’ils feraient entrer Mario Gómez en fin de match (Gómez a remplacé Plattenhardt, le latéral gauche allemand, à dix minutes de la fin, N.D.L.R.). Donc ces derniers jours, nous nous sommes beaucoup entraînés à jouer avec trois défenseurs et quatre milieux. » Pour bien comprendre à quel point Osorio avait tout prévu, il faut lui demander pourquoi il a sorti Carlos Vela, pourtant excellent, à la 58e minute. « Son rôle était de jouer devant les deux milieux défensifs, et il fallait qu’il donne tout pendant une heure. Nous n’avions pas plus que soixante minutes dans notre budget. Cela m’a attristé aussi de le sortir, mais c’était notre stratégie depuis le début. » Fort.

Juan Carlos Osorio est allé jusqu’à tenter de contrôler ce qui se passe dans la tête de ses joueurs. « Nous avons lancé une plateforme avec cinq items, et l’un de ces items concernait la psychologie » , explique-t-il. Pour ce faire, le staff mexicain a accueilli il y a un an Imanol Ibarrondo, joueur de foot éphémère du championnat d’Espagne dans les années 1990, reconverti en coach mental. « Imanol a des vidéos, des phrases de motivation, c’est un grand professionnel. » La phrase du jour ? « Il faut jouer avec l’amour de la victoire plutôt qu’avec la peur de la défaite, lance Osorio. C’est ce qu’ont très bien fait les joueurs. » À entendre Osorio, on a l’impression que rien ne pouvait arriver au Mexique contre l’Allemagne, malgré le scandale lié à l’orgie organisée par ses joueurs avec des prostituées juste avant de partir en Russie. « Ce soir, nous allons fêter la victoire, de manière responsable, sourit encore le sélectionneur du Mexique. Nous avons suivi notre plan, et nous en sommes très contents. » Ça aussi, c’était prévu.

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