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Le Pacte des Loups

Par Maxime Brigand
Le Pacte des Loups

Six ans après sa dernière chute, Wolverhampton a validé le week-end dernier son retour en Premier League au bout d’une saison largement maîtrisée. Le secret ? Un groupe redoutable, plus talentueux que les autres, et couvé par un Nuno Espírito Santo brillant. C’est tout ? Non, c’est évidemment bien plus complexe.

« Ce n’est pas encore terminé. » Ah ? « Oui, on sait que l’on a encore des choses à faire pour que cette saison soit vraiment spéciale. Cette saison ne mérite aucun mauvais moment. » Large sourire planqué derrière une barbe fournie, Nuno Espírito Santo peine à desserrer la mâchoire. Attention les yeux : ce n’est qu’un début, et Wolverhampton veut porter un dernier coup fatal au Championship, soit toucher une barre à 104 points qui placerait le club sur le podium des meilleurs champions de l’histoire de la deuxième division anglaise derrière le Reading de Steve Coppell (2005-2006, 106 points) et le Sunderland de Peter Reid (1998-1999, 105 points). Une certitude : six ans après avoir été dégagés de la Premier League, les Wolves sont de retour. Une surprise ? Tout sauf ça, en réalité, et l’expérimenté John Ruddy, récupéré l’été dernier après sept saisons passées à jouer les sauveurs du côté de Norwich, l’a bien expliqué après un vingt-neuvième succès validé au Molineux Stadium face à Birmingham (2-0) dimanche dernier : « Cette équipe est juste d’un autre niveau. Il suffit de regarder les joueurs recrutés, que ce soit Rúben Neves, Diogo Jota, Léo Bonatini, Willy Boly… On peut nommer chaque joueur individuellement. Tout le monde a été exceptionnel cette saison. Mais cela touche aussi à la détermination des gars, leur mentalité. Leur volonté de s’améliorer a été contagieuse et c’est la principale raison de ce succès. » Le portier des Wolves frappe au bon endroit : rarement un champion n’aura eu aussi fière allure. « Et la clé, c’est les joueurs, pointe Nuno Espírito Santo, coach arraché au FC Porto. Il faut comprendre que le Championship est la compétition la plus dure du monde. »

Rúben Neves, au-dessus de tout

Depuis le premier jour, il y a cette notion d’effacement : cette saison, le technicien portugais a passé le plus clair de son temps à mettre ses hommes au premier plan en sacralisant le joueur de foot. Bien sûr, en arrivant en Angleterre, il s’est posé des tas de questions et s’en est expliqué il y a quelques semaines à The Coache’s Voice : « Lorsque vous pensez au Championship et que l’on vous y propose un poste, la première étape et la première chose à laquelle vous devez penser, c’est : mon approche peut-elle fonctionner ici ? Ce n’est pas le Championship qui modifie votre approche. Non. L’idée est d’incorporer votre philosophie en Championship. » Facile ? Audacieux, en tout cas : Wolverhampton a imposé son style tout au long de la saison grâce à un 3-4-3 animé par l’excellente doublette Rúben Neves-Romain Saïss, où Conor Coady a excellé derrière et où Hélder Costa se sera chargé de briller devant. Forcément, ça a donné du spectacle en quasi permanence et un seul mini trou d’air au début du mois de janvier avec notamment une élimination en FA Cup à Swansea (2-1) et une défaite à domicile face à Nottingham Forest (0-2). Voilà pour le jeu, le terrain, le foot.

L’ombre Mendes

Car derrière le rideau, c’est les interrogations, et tout le monde tique : il y a quelques semaines à peine, en réunion, les représentants des différents clubs de Premier League ont discuté du cactus Wolverhampton et de ses aiguillons. Une raison ? Non, un visage, que les supporters des Wolves ont même tenté de transformer en masque lors d’un déplacement perdu à Villa Park (4-1) le 10 mars dernier. Celui de Jorge Mendes, évidemment, dont on cherche depuis plusieurs mois à délimiter le degré d’implication : il faut dire que Guo Guangchang, le milliardaire chinois qui a racheté Wolverhampton via Fosun International lors de l’été 2016, a acheté au printemps 2017 des parts de Start, la holding qui contrôle GestiFute, l’agence du super-agent. Oui, c’est un joyeux bordel et une ombre à éclaircir, les règles interdisant à un agent de mettre son nez dans l’organigramme d’un club. Or, Mendes a bien placé l’ensemble de ses pions chez les Wolves, dont son premier client historique, Nuno Espírito Santo, mais aussi Rúben Neves, qui serait probablement aujourd’hui toujours au FC Porto si le fair-play financier n’était pas venu contraindre le géant portugais à des ventes forcées pour équilibrer les comptes. La question n’est pas dans les investissements réalisés pour atteindre cette promotion, d’autres clubs de Championship lâchant de gros chèques, mais bien dans la réglementation. C’est l’enjeu des prochaines semaines, des prochains mois, alors que plusieurs joueurs (Boly, Jota, Afobe, Bonatini) sont à Wolverhampton en prêt. Nuno Espírito Santo a donc raison : ce n’est pas terminé, et ce n’est sans aucun doute que le début.

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