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- Quick Boys-Eemdijk (6-3)
Le match que vous n’avez pas regardé : Quick Boys-Eemdijk
De la quatrième division batave, un stade au milieu des dunes, des fraudeurs, du chocolat chaud, une pluie de buts, un sosie de Jaap Stam, l’esprit de Dirk Kuyt... Tout ça était au programme lors du duel entre Quick Boys et Eemdijk.
Quick Boys 6-3 Eemdijk
Buts : Kaars (2e), Ket (37e), Van Nieuwkerk (45e, 88e), Maynard (58e, 68e) pour les Blauw Witte Narren // Bouw (12e, 63e sp), El Bennay (65e) pour les Diekers
Avec le froid automnal qui pince, il n’y a pas foule sur les plages de Katwijk aan Zee. Tout au plus quelques badauds dégustant maatjes et beignets de cabillaud dans le snack-bar qui jouxte le sable mouillé de la mer du Nord. Pour voir du monde, il faut se rendre au Sportpark Nieuw Zuid, antre des Quick Boys. Ce club de quatrième division, onze titres glanés en pas loin d’un siècle d’existence, se classe au deuxième rang des meilleures équipes amateurs des Pays-Bas. Et en ce samedi après-midi, les Bleu et Blanc reçoivent le promu d’Eemdijk pour la première fois de leur histoire. Avantage aux locaux, qui caracolent en tête du classement juste derrière le voisin de Noordwijk et sa différence de buts légèrement favorable.
Dirk Kuyt, les Oranje et les dunes
L’entrée ne coûte pas plus d’un billet de dix euros, ce qui laisse de la marge pour se sustenter en café et en chocolat chaud. Ces derniers font jeu égal avec les traditionnelles bières, climat glacial oblige. L’échauffement qui se termine donne l’occasion au spectateur d’admirer la qualité de la pelouse, laquelle servait pour les entraînements de l’équipe nationale jusqu’en février dernier. Sur les dunes qui surplombent l’un des deux buts, quelques resquilleurs interrompent leur promenade et s’asseyent dans les herbes hautes pour contempler la partie à moindres frais. Pas de quoi plomber les finances des Quick Boys, qui accueillent très exactement 1786 spectateurs payants ce jour-là. Pour se protéger du vent, beaucoup vont s’asseoir dans la tribune principale baptisée depuis 2007 du nom de Dirk Kuyt, véritable légende locale. C’est en effet à Katwijk qu’est né l’ancien Oranje, et c’est chez les Quick Boys qu’il a commencé et terminé sa carrière. Trois parties disputées il y a tout juste quelques mois avant de prendre les rênes des U19 du Feyenoord Rotterdam.
Lui n’a pas encore de tribune à son nom, mais il porte la lourde charge de remplacer le boss sur son flanc droit : Kay Jetan, un colosse au crâne glabre dont les veines saillantes traduisent les nombreux allers-retours qu’il effectue de part et d’autre du terrain pour donner le tournis à la défense d’Eemdijk. Hélas, celui qui s’occupe d’organiser des événements de charité pour les SDF et les familles de détenus quand il ne tape pas le cuir ne marquera pas aujourd’hui. Mais il assistera malgré tout au triomphe de son équipe qui ne perd pas une minute pour asseoir sa domination.
Bouffer du but jusqu’à plus faim
Il ne faut en effet qu’une centaine de secondes pour que Dennis Kaars trompe Gerben Jan Ruizendaal pour la première fois. Une frappe à l’entrée de la surface qui rentre à l’aide du poteau, et la machine est lancée. Les Quick Boys multiplient les offensives, mais manquent hélas souvent de précision. Deux buts seront d’ailleurs refusés pour des hors-jeu pas toujours évidents. C’est là que les visiteurs sentent qu’il y a un coup à jouer : Yannick Bouw égalise dix minutes plus tard en deux temps sur l’une des rares occasions d’Eemdijk. Tels des animaux blessés, les Quick Boys sont piqués dans leur orgueil et parviennent à faire le break dans les cinq dernières minutes de la première période. D’abord grâce au capitaine Jeffrey Ket, puis par l’intermédiaire d’un autre géant chauve nommé Jesse van Nieuwkerk et qui ressemble à s’y méprendre à Jaap Stam.
3-1 au retour des vestiaires, puis 4-1 grâce à Kelvin Maynard qui profite de la friabilité du pauvre Ruizendaal. Les ultras locaux, qui ont entre-temps changé de bloc pour être au plus près de l’action, allument quelques fumigènes pour célébrer leur joie. Dans les dunes, les resquilleurs sont retournés à la plage pour profiter des dernières heures de soleil. Seul un promeneur contemple discrètement la joute en compagnie de son chien. La lumière déclinante lui confère des airs du Voyageur contemplant une mer de nuages. Mais point de Caspar David Friedrich pour dépeindre l’émotion qui suit : en deux minutes, Eemdijk profite de la passivité naissante des locaux pour garder espoir. D’abord un penalty de Yannick Bouw, puis un missile du virevoltant Zakaria el Bennay qui, en bon audacieux, tente sa chance à vingt mètres et inscrit le plus beau but de la partie.
Hélas pour les Verts, les Quick Boys ont de la ressource : Maynard et Van Nieuwkerk claquent chacun un doublé dans le money time. De quoi permettre aux leurs de s’imposer largement (6-3). Mais insuffisant pour dépasser Noordwijk au classement, les voisins ayant également bien déroulé de leur côté face à l’Achilles’29 (4-0). Bien qu’il n’ait marqué qu’une seule fois, Jeffrey Ket se voit décerner le titre d’homme du match et reçoit dans la foulée un bon pour un dîner dans une auberge du centre-ville, partenaire du club. Une belle récompense pour le capitaine qui, deux jours plus tôt, prolongeait son contrat jusqu’en 2022. Il n’y a pas de petite victoire.
Quick Boys (4-3-3) : Van der Helm – Ravensbergen, Mahmoed, Tejan (Steltenpool, 58e), Kuyvenhoven – Kaars (Anderson, 80e), Ket, Van Nieuwkerk – Bosman, Sahin, Maynard. Entraîneur : Erik Assink.
Eemdijk (4-3-3) : Ruizendaal – Beukers, Hartog, Bolland, El Bennay – Van den Dikkenberg, Van de Groep, Bout (Platell, 80e) – De Graaf (Van Eeken, 15e), Bouw, Hartog. Entraîneur : Hans van Arum.
Par Julien Duez, à Katwijk
Photos : JD