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Le match que vous n’avez pas regardé : la finale de la DOM-TOM Cup

Par Clément Barbier et Loïc Bessière, à Bonneuil-sur-Marne
Le match que vous n’avez pas regardé : la finale de la DOM-TOM Cup

Un week-end, douze sélections d'Outre-mer et d'ailleurs, et à l'arrivée, un champion. Ce dimanche, le stade Léo-Lagrange de Bonneuil-sur-Marne a été le théâtre de la finale de la dixième édition de la DOM-TOM Cup, un parfait mélange entre confrontations sportives et associations culturelles. Et cette finale, c'est le match que vous n'avez pas regardé.

Les enceintes crachent le zouk de Big Tom. Une odeur de poulet braisé flotte dans l’air. Ce tournoi de fin de saison ne ressemble pas aux autres. Bonneuil-sur-Marne se transforme, le temps d’un week-end, en île tropicale. Il ne manque que la mer turquoise et la chaleur pour s’y croire complètement. Dans la commune du Val-de-Marne (94) se déroule la dixième édition de la DOM-TOM Cup. À la base tournoi pour les départements et territoires d’Outre-mer, la compétition a incorporé progressivement les pays ultra-marins comme Haïti et le Cap-Vert. Une autre île qui ne vient pas des tropiques est aussi invitée, l’Île-de-France. Bon à savoir : ces formations ne sont pas des équipes officielles, mais des sélections composées par des joueurs issus majoritairement des diasporas en France métropolitaine. Toutes ces communautés, bien que mobilisées en premier lieu pour s’exprimer sur le gazon, profitent de l’occasion pour présenter leurs spécialités culinaires sous les tentes du village culturel.

Ce midi, j’ai mangé indien et c’était très, très bon.

Ce n’est pour déplaire au parrain de cette édition, Éric Rabesandratana. « Le mélange des cultures est très intéressant, j’aime beaucoup découvrir des choses, lâche le Malgache d’origine. J’essaie me démultiplier pour tout vivre. Ce midi, j’ai mangé indien et c’était très, très bon. J’ai gardé l’adresse et j’irai y remanger à Paris ! » Les amateurs inconditionnels de sandwichs merguez devront se rabattre sur un autre tournoi : ici, ce sont des barquettes de colombo de cabri les stars de la pause-déj. Cette profusion n’empêche pas l’ancien sélectionneur de Madagascar d’être clairvoyant au moment de donner son pronostic : il voit bien une finale Comores-Cap-Vert. Bingo, ce sont effectivement ces deux équipes qui gèrent le mieux la digestion de ce festin.

Barracuda, caviars et appétit

La demi-finale entre Madagascar et les Comores se joue sur une séance de penaltys totalement folle, les gardiens ayant à tirer. Ce derby de l’océan Indien déchaîne les passions. Tandis que des supporters des Zébus se font entendre, deux d’entre eux partagent ce moment avec leurs proches. Le plus âgé téléphone, mettant des mots sur ce qu’il voit. Le second, plus jeune, fait un appel vidéo. « Lui avec sa crête, on dirait un barracuda, c’est sûr qu’il va la manquer », dit-il à son ami. Raté, le gardien des Comores réussit sa tentative avant que son homologue malgache n’envoie sa frappe sur le poteau. Dans le même temps, grâce – entre autres – à un penalty détourné par son portier Christopher Silva (gardien de Lusitanos Saint-Maur en N2), le Cap-Vert s’était défait de la Martinique (2-0) sur l’un des terrains synthétiques du complexe pour, lui aussi, prendre part à la grande finale, disputée sur le terrain d’honneur du stade Léo-Lagrange et les 1600 places qui l’entourent.

Quelques minutes après la victoire martiniquaise aux tirs au but lors du match pour la troisième place, Son Excellence Jawed Ashraf, ambassadeur de l’Inde à Paris et invité d’honneur du tournoi, donne le coup d’envoi fictif devant un bon millier de supporters amassés dans les tribunes. Cette finale, arbitrée par un trio d’officielles féminin, est remportée selon toute logique par le Cap-Vert au terme d’une seconde période parfaitement maîtrisée. Tout se dessine justement après le repos, lorsque les Cap-Verdiens trouvent l’ouverture à deux reprises sur des modèles de contres, usant de la vitesse de leurs ailiers pour, d’abord, ouvrir le score sur un modèle de centre déposé aux six mètres pour Monteiro, puis doubler la mise sur un caviar en profondeur et un ballon piqué parfaitement exécuté par Moreira. Une issue malheureuse pour Kassim Ahamada et consorts, ce dernier ayant la particularité d’avoir été dans le groupe des Comores lors de la dernière CAN. Le malheureux perdant a d’ailleurs préféré filer dès le coup de sifflet final et s’abstenir pour la cérémonie finale.

Il faut aller sur les terrains les vendredis, samedis et dimanches. Qu’il fasse chaud, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige.

Pour sa part, Stéphane David ou plutôt « Kara » comme tout le monde l’appelle ici, ancien sélectionneur de cette équipe cap-verdienne devenu adjoint, mesure pleinement son bonheur. « Ça fait dix ans qu’on fait la DOM-TOM Cup », confie le technicien, lors de la remise des prix. Une sorte d’aboutissement, de consécration du travail entrepris par la sélection cap-verdienne. « On a fait des quarts, des demies, on a perdu une fois en finale, et on gagne une deuxième fois aujourd’hui. Le projet, c’est d’aller chercher des joueurs, valoriser le tournoi, développe Kara. On a eu la chance certaines années d’avoir des joueurs professionnels de Ligue 1 et de Ligue 2, des internationaux cap-verdiens : Danilson da Cruz, Odaïr Fortes, Ayrton Nascimento… C’est une tractation, c’est pourquoi je dis aux autres sélections de faire pareil. Si on veut que le tournoi vise l’excellence et soit dans les années à venir une place incontournable du football ultra-marin et des îles, il faut faire pareil. Et ils ont plus de possibilités que nous, qui sommes un petit pays. » Et ce dernier d’expliquer sa méthode de séduction : « Il faut aller sur les terrains les vendredis, samedis et dimanches. Qu’il fasse chaud, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige : il faut être là, et parler ensuite du projet aux joueurs. En général, ils adhèrent rapidement, puisque c’est un tournoi homologué par la Ligue de Paris avec la FFF derrière. »

J’espère que nous aurons une équipe indienne dans ce tournoi l’année prochaine.

L’Inde a 2023 dans le viseur

Le capitaine du Cap-Vert, Michel Monteiro, reçoit le trophée des mains de Jawed Ashraf. Son pays est invité d’honneur de cette édition 2022. L’Inde c’est le badminton, le kabaddi, mais surtout le cricket. Alors que vient-il faire dans un tournoi de foot ? « Nous ne sommes pas un grand pays de football, mais c’est un sport très populaire, contredit l’ambassadeur. Les gens suivent le PSG, la Liga et la Premier League. Avec l’arrivée de Messi, l’intérêt de la Ligue 1 augmente ! J’espère que nous aurons une équipe dans ce tournoi l’année prochaine. » Un avis forcément partagé par Éric Rabesandratana, qui pourra reprendre du colombo !


Cap-Vert 2-0 Comores

Buts : M. Monteiro et M. Moreira pour le Cap-Vert

Cap-Vert (4-3-3) : C. Silva – Lopes, Ferreira, Gomes, Tavares – Fonseca, Dias, D. Moreira (M. Moreira) – Semedo (I. Monteiro), J. Silva (Da Veiga), M. Monteiro. Entraîneur : Toni Gomes.

Comores (4-3-3) : Delapeyre – Halidi, Bamba, Y.Mze, As.Said (Ahamada) – Ay.Said, Mhadjiri, Saindou – Msa (Abdoul), H.Mze, Takia. Entraîneur : Ben Ahmed Attoumani.

Classement final du tournoi : 1. Cap-Vert, 2. Comores, 3. Martinique, 4. Madagascar, 5. Île-de-France, 6. Nouvelle-Calédonie, 7. Réunion, 8. Guadeloupe, 9. RISI Outre-Mer, 10. Mayotte, 11. Guyane, 12. Haïti.

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