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Le match que vous n’avez pas regardé : le match des légendes de la Saint-Gobain Football Cup

Par Loïc Bessière et Tibor Turpin, à Clairefontaine
Le match que vous n’avez pas regardé : le match des légendes de la Saint-Gobain Football Cup

Poser ses crampons à Clairefontaine, tous les fans de football français en rêvent. Et après tout, pourquoi ne pas le faire en affrontant Frédéric Piquionne, Léa Le Garrec, Fabrice Abriel et Vikash Dhorasoo, avec Darren Tulett aux commentaires ? C’est l’opportunité qu’ont eue des étudiants en école de commerce et d’ingénieur lors de la rencontre d’ouverture de la Saint-Gobain Football Cup. Et c’est le match que vous n’avez pas regardé.

Équipe des légendes 6-6 Équipe des étudiants

À peine arrivé dans le calme de Clairefontaine, des dizaines d’étudiants prennent leurs marques dans le domaine. Des étudiants à Clairefontaine ? Oui ! En ce week-end de deuxième tour des élections présidentielles, plusieurs centaines de jeunes en école de commerce ou d’ingénieur ont la chance de se démarquer aux yeux de leurs futurs employeurs dans un tournoi de football et, pour certains, de loger dans le fameux château. Et cela commence dès le vendredi, avec le « match des légendes » . Plusieurs jeunes vont notamment jouer face à Fabrice Abriel, Léa Le Garrec, Frédéric Piquionne, Margot Dumont ou encore Vikash Dhorasoo. L’ancien Havrais est d’ailleurs venu sans ses affaires, ce qui oblige Darren Tullet, au micro, à réclamer « des crampons en taille 40 » avec son accent anglais. Impatients de fouler la pelouse, Killian et Louis, étudiants à la Burgundy School of Business de Dijon, ont des étoiles dans les yeux : « C’est impressionnant, ce sont des joueurs que l’on a vu à la télé. On a peur de leur mettre des coups où il ne faut pas. Jouer contre eux dans ce cadre-là, c’est que du plaisir ! Se dire qu’il y a des joueurs pros, des champions du monde qui sont passés ici, c’est fou ! »

Une équipe de légende un peu rouillée

Au coup d’envoi de la première des trois périodes de trente minutes, première surprise : Frédéric Piquionne promène sa grande carcasse en défense centrale ! Un coup de poker du coach Alex Marius : « Il faut de la solidité derrière, donc il a débuté en tant que défenseur. » Retenez bien son nom, car cet éducateur n’est pas venu juste pour la rencontre, mais bien pour prendre ses marques à Clairefontaine ! « J’espère assez vite prendre la place de Didier Deschamps, il a fait son temps, il faut du renouveau. Si ce n’est pas Zizou, ce sera moi », révèle-t-il. Piquionne, lui, prend cette reconversion avec philosophie. « Tout est possible. Je n’ai pas encore pris ma retraite internationale, rigole l’ancien avant-centre de Rennes et Saint-Étienne. Avec un système à trois défenseurs, si Didier veut m’appeler, je suis disponible. » Il devra faire avec la concurrence d’Alexandre, étudiant à KEDGE. S’il est venu de Marseille, c’est pour se montrer aux yeux du sélectionneur : « Avec la défense à trois, j’ai une opportunité. Piquionne ? Il faudrait qu’il se muscle un peu… »

Les anciens subissent l’intensité des plus jeunes, et Vikash Dhorasoo est le premier à le ressentir. « Ça va trop vite pour moi. Je n’ai plus l’âge, je prends beaucoup de plaisir, mais c’est frustrant de ne pas pouvoir faire un peu plus », lâche-t-il, essoufflé, en sortant au bout de 20 minutes de jeu. Son entraîneur le vanne, en prenant à partie sa remplaçante : « Rentre, tu courras forcément plus que Vikash. » Pendant ce temps, Séverin, étudiant de l’IESEG Lille, se fait « balayer d’un revers de main », au duel, par Piquionne. À la première pause, les jeunes gagnent 2-0.

Une palette mode à la mi-temps

Au bord du terrain pour superviser la rencontre, Philippe Doucet se fait interpeller. « Elle est où, la palette à Doudouce ? » demande Lucas, ingénieur chez Saint-Gobain. « Je ne l’ai pas sur moi, elle est toujours à l’atelier. J’ai le score, c’est déjà bien. Puis il n’y a pas besoin de palette, Piquionne ne se déplace pas », lance l’ancien de chez Canal+. Les oreilles qui sifflent, le Martiniquais marque dans la seconde qui suit. Le journaliste n’a qu’une condition pour venir à Clairefontaine. Ne pas porter la même veste que Darren Tullet. Il se lâche : « On dirait un vieux matelas à l’anglaise », « il a récupéré les anciens maillots du tournoi et en a fait un assemblage » ou « il a le style de l’équipe d’Aston Villa du XIXe siècle ». Les légendes se réveillent, 4-3 après 60 minutes.

La troisième mi-temps n’est pas encore celle de l’apéro. Rusé, Piquionne marque d’un lob du milieu de terrain au coup d’envoi. « L’arbitre ne m’a pas demandé si j’étais prêt, je faisais connaissance avec mes deux défenseurs », déplore Lucas, le gardien, après la rencontre. Autre geste de grande classe : le but de Nicolas de l’INSA Lyon, un enchaînement roulette avec une frappe croisée barre rentrante. Le kop lyonnais n’en revient pas : « Normalement elle finit dans les arbres, celle-là ! » Quelques minutes plus tard, Nicolas redescend sur terre, contrairement à sa reprise de volée qui s’envole sur la lune. « Ah, là, c’est le vrai Nico », crient-ils en chœur.

Au coup de sifflet final, aucune des deux équipes n’a pris le meilleur sur l’autre : 6-6. Fabrice Abriel a passé toute la rencontre sur le terrain. Cela ne surprend pas Léa Le Garrec, sa joueuse à Fleury : « Il est vraiment fort malgré son grand âge. » « On fait surtout avec ses moyens », rigole Fabrice Abriel. Le milieu de terrain a laissé un autographe à Killian qui repartira à Dijon avec une grosse trace de crampon sur la cuisse : « Je me suis bien fait allumer… »

Un week-end de recrutement à travers le football

Au-delà d’une très belle affiche, ce week-end est l’occasion pour les étudiants d’échanger avec leurs futurs employeurs. La Saint-Gobain Football Cup a pour but de repérer des profils dans des situations qui sortent de l’ordinaire. Cette méthode, Julie Lahaye en est fière. Responsable du recrutement au sein du groupe spécialisé dans la production, la transformation et la distribution de matériaux, elle explique que « le football est un bon levier puisqu’il véhicule un certain nombre de valeurs dans lesquelles l’entreprise se reconnaît, comme l’esprit d’équipe, l’engagement, le fair-play ou la bienveillance. Actuellement, il y a dans l’entreprise une cinquantaine de personnes qui ont été approchées via la coupe. D’autres ont déjà un stage de prévu. » Vikash Dhorasoo acquiesce : « Je pense que Cristiano Ronaldo serait très fort pour finaliser un projet et que Cesc Fàbregas serait super pour faire le relais entre les gens. » Quoi qu’il en soit, tous les jeunes s’entendent sur un point : entre décrocher un stage et remporter le tournoi, tous veulent soulever la coupe.

Résultats du tournoi : Finale ESC femmes : HEC Paris 1-0 EDHEC Lille
Finale ESC hommes : ESC Clermont 0-0 Grenoble EM (4-2, TAB) –
Finale école d’ingénieur femmes : INSA Toulouse 1-0 Centrale Supélec Finale école d’ingénieur hommes : Centrale Nantes 0-0 Centrale Supélec (5-4, TAB)

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