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  • Angleterre-France (2-0)

‏Le match d’après

Par Charles Alf Lafon
‏Le match d’après

‏Battus par de jeunes Anglais en jambes, les Bleus en avaient encore trop à l’âme pour jouer correctement au football, surtout avec une équipe loin d’être type. Mais l’essentiel est ailleurs, l’émotion bienvenue, le plaisir partagé.

Angleterre 2-0 France

Buts : Alli (39e) et Rooney (48e)

‏Les pizzas sont découpées sur la table, les bières sont dans les bouteilles, le vin dans les verres. Il y a du monde. En même temps, un Angleterre-France à Wembley, aussi amical soit-il, ne se rate pas. Pourtant, il y a plus de monde que d’habitude, pas forcément tous intéressés par le football d’ordinaire. Parce que ce match est celui d’après, celui qu’on veut être celui du souvenir, du rire et de l’oubli. Celui par lequel la vie doit reprendre ses droits. Le football n’est-il pas de toute façon quelque chose de bien plus important qu’une question de vie ou de mort ? L’émotion vient alors, par gros flots saccadés. Un God Save the Queen avant-coureur, cet hymne qu’on a si souvent aimé détester, qu’on aime pourtant bien, qui fait du bien. Et puis ce qui devait arriver arriva. ‏

‏

Une Marseillaise, entonnée par tout Wembley. Il y a quelque chose d’incroyablement beau à l’entendre chanter avec et par des Anglais, nos meilleurs ennemis, à qui on l’a si souvent destiné par le passé. L’hymne guerrier, patriotique, écrit pour appeler à la résistance face à l’oppression étrangère, résonne dans nos têtes et nos cœurs, arrache à nos yeux des larmes qu’on espérait, qu’on accueille avec soulagement. Peut-être les premières qu’on voulait sentir couler. D’autres suivent pendant une minute de silence des plus respectées, plus inattendues, avec un goût plus amer, seul avec ses pensées. Les joueurs, mélangés, confondus autour du rond central, réagissent comme nous : certains regardent le sol, d’autres dans le vide, d’autres encore le ciel. Didier Deschamps a une tête à avoir perdu 8-0 contre Malte, le prince est digne dans sa tristesse. On se sent fiers d’être français, d’être humains, d’être en vie, pas forcément dans cet ordre. Qu’importe, the show must go on comme disent les locaux.

‏Des beaux moments et Dele

‏Pour la première fois, les joueurs de l’équipe de France doivent évoluer avec la pression sur les épaules, eux qui avaient été ménagés par DD à la mi-temps face à l’Allemagne. Avec des joueurs pas forcément titulaires – Digne, Cabaye, Ben Arfa, Gignac – bien que souvent passés par l’Angleterre (8 sur 11). Malgré le soutien descendu des tribunes, des Marseillaises jamais tout à fait éteintes, les Bleus n’arrivent pas à jouer. Ben Arfa essaye bien de donner tort aux amalgames, mais il est bien seul. Les faux ailiers manquent de liant, le milieu de construction, les latéraux d’envie, les défenseurs de sérénité. Ce n’est pas facile de jouer au football, encore moins aujourd’hui. On ne récupère pas ses habitudes aussi facilement, surtout quand les repères manquent. Les Anglais n’en ont pas plus, eux aussi sont jeunes. Ils sont aussi chez eux, vraiment. Ils sont agiles, les Français fébriles. « On manque d’intensité dans les duels, on manque d’agressivité » ; la constatation est facile, le remède moins évident. Peu avant la mi-temps, Alli envoie du football british en barre : un tacle dans les pieds de Schneiderlin, un décalage vers Rooney, qui lui remet, une frappe lointaine légèrement déviée par Koscielny qui finit en lucarne opposée. Dele Alli, 19 ans, en troisième division l’an dernier, célèbre son premier but en équipe nationale. On lui en veut un peu. Mais l’histoire reste belle.

DD cherche la gagne

‏À la mi-temps, DD sait que son équipe n’était tout simplement pas au niveau. Il le reconnaît sans peine, sort Matuidi et Ben Arfa pour Pogba et Coman, pour plus de création et de fougue. Las, Rooney double la mise dans la foulée, à la réception d’un centre de Sterling bien trouvé par un Alli décidément dans tous les mauvais coups. Le salaud. Le reste est anecdotique. Martial butant sur Hart après une superbe inspiration de Pogba reste ainsi le plus grand frisson footballistique. Deschamps a beau envoyer d’autres forces vives (Griezmann, Lass endeuillé, pensées, son fidèle Moussa) et la France récupérer ainsi la totale maîtrise du ballon et du jeu, peu de choses méritent notre attention. Signe que tout ne tourne pas tout à fait rond, Laurent Koscielny s’offre une percée plein axe à base de double contact. La défaite est inévitable. La victoire n’en est pas moins acquise. On est encore là.

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Angleterre

Dele Alli

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Dele Alli of Besiktas during the Turkish Super League football match between Besiktas and Trabzonspor at Vodafone Park Stadium in Istanbul , Turkey on October 16 , 2022. ( Photo by Seskimphoto ) - Photo by Icon sport
Dele Alli of Besiktas during the Turkish Super League football match between Besiktas and Trabzonspor at Vodafone Park Stadium in Istanbul , Turkey on October 16 , 2022. ( Photo by Seskimphoto ) - Photo by Icon sport
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