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Le jour où le PSG a remporté une Coupe d’Europe

Par Gabriel Cnudde
Le jour où le PSG a remporté une Coupe d’Europe

Il y a 19 ans jour pour jour, le Paris Saint-Germain de Luis Fernandez remportait la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe en battant le Rapid Vienne sur la plus petite des marges, à Bruxelles (1-0). Une finale haletante, à la préparation mystérieuse et au dénouement heureux.

La Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe a peut-être aujourd’hui disparu, au profit d’une Ligue des champions élargie et d’une Ligue Europa plus compétitive, elle ne quittera jamais la salle des trophées du Paris Saint-Germain. Recalés tout au long des années 1990 aux portes du succès – en demi-finale de la C2 face à Arsenal, en 1994, puis en demi-finale de la C1 face au Milan AC, en 1995 –, les hommes de la capitale ont finalement réussi à offrir à Michel Denisot et au groupe Canal + le plus beau retour sur investissement possible : un titre européen majeur. Un succès logique, venu récompenser un parcours exemplaire et une saison qui aurait même pu voir le Paris Saint-Germain de Luis Fernandez remporter le championnat de France. Une finale à jamais gravée dans la mémoire des Parisiens, qui sont entrés dans la liste très select des médaillés européens. En 1996, le PSG vivait plus grand.

« Le Parme de Hristo Stoitchkov, il fallait les sortir, quand même ! »

Aujourd’hui disparue, la C2 avait réservé, pour la saison 1995-1996, un parcours plus que relevé aux joueurs du PSG. Tombeurs du Molde FK en seizièmes de finale, les coéquipiers de Bruno N’Gotty écartent facilement le Celtic Glasgow, en huitième. C’est alors que les choses se compliquent. En quarts, les hommes de la capitale défient Parme, avant de se frotter à la Corogne, en demies. « Le Parme de Hristo Stoitchkov, il fallait les sortir, quand même. Et puis, la Corogne de Bebeto, c’était solide aussi. Ils avaient de très bons joueurs » , se souvient Daniel Bravo, qui n’accepte pas qu’on minimise l’exploit qu’il a réalisé avec ses partenaires. « Aujourd’hui, certains disent qu’elle ne compte pas, cette coupe, puisqu’elle n’existe même plus, mais pour moi, c’était quand même un niveau bien bien relevé. » Une fois en finale, le Paris Saint-Germain se retrouve face au Rapid Vienne, où évolue notamment l’international bulgare Trifon Ivanov. Qu’importe, le PSG est favori.

D’autant plus que les joueurs doivent se faire pardonner leur dérapage en championnat. Leaders de la 16e à la 33e journée, ils enchaînent deux mauvais résultats au Parc des Princes : un match nul face à Martigues, et une défaite face à Lille. Suffisant pour que l’AJ Auxerre leur grille la politesse et s’empare du titre de champion de France. « On avait lamentablement échoué juste avant en championnat. Alors on s’est mis en mode commando, on a fait une grosse bulle autour de nous » , se remémore Daniel Bravo. Une semaine avant la finale, les dirigeants du club invitent l’ensemble du groupe à Hendaye pour une semaine d’isolement complète. « C’est à ce moment que Michel Denisot a eu la fameuse idée de faire venir Yannick Noah pour nous remonter un peu le moral. Il fallait sans doute donner un coup de main à Luis sur le plan psychique » , explique monsieur Bravo.

De Yannick Noah à Bruno N’Gotty

L’aide apportée par le tennisman n’est sans doute pas négligeable pour expliquer la victoire finale, mais elle a parfois été embellie, comme l’explique José Cobos, qui faisait partie de l’épopée européenne de 1995-1996 : « Contrairement à ce qu’on a pu entendre à droite et à gauche, je pense que le gros du travail a été réalisé par l’entraîneur. Yannick, lui, a apporté beaucoup de tranquillité dans ce groupe » . Une tranquillité qui se matérialise par une mise à l’écart des médias. « On n’avait rien contre la presse, on voulait juste mieux se préparer » , se souvient Daniel Bravo. Dans le pays Basque, les joueurs reçoivent le soutien inconditionnel de leur président, Pierre Lescure. « Je ne sais plus combien de temps a duré son discours, une heure, peut-être deux. Mais une chose est sûre, il était parfait, c’est exactement le genre de discours qu’on aime entendre en tant que professionnel. On se savait soutenu » , confie José Cobos.

Le 8 mai 1996, le PSG affronte donc le Rapid Vienne au stade du Roi Baudouin, à Bruxelles. Dominateurs mais maladroits dans le dernier geste, les Parisiens s’en remettent à un coup franc dévié de Bruno N’Gotty pour s’assurer la victoire. Un match que José Cobos a été contraint de suivre depuis le banc de touche. « Je me remettais doucement d’un claquage. J’avais vraiment envie d’être sur la pelouse, mais je savais qu’il n’y avait pas de possibilités, c’est comme ça » explique-t-il. Daniel Bravo, lui, a disputé toute la rencontre et s’en souvient parfaitement. « Je me rappelle qu’on était au-dessus, qu’on aurait dû gagner plus largement. On n’a marqué qu’un but, un peu chanceux, mais on a eu plusieurs occasions. On aurait pu gagner 3 à 1. C’est vrai qu’au niveau du spectacle, ce n’est pas un match qui laisse un souvenir indélébile, mais pour nous, il ne s’agissait que de gagner. »

« Les exploits sont là pour la vie »

Il a beaucoup été écrit sur le Rapid Vienne de 1996, qui n’était effectivement pas une équipe aussi performante que Parme ou que La Corogne. « Ce n’était peut-être pas une équipe extraordinaire, mais quand on reprend joueur par joueur, on retrouve beaucoup de garçons qui sont ensuite partis au Bayern, dans des grands clubs en Espagne ou ailleurs » , tient à préciser José Cobos. L’avant-centre de l’équipe autrichienne, Carsten Jancker, a effectivement rejoint le Bayern Munich la saison suivante. Alors oui, le PSG s’est fait peur et n’a jamais réussi à se mettre à l’abri, mais au coup de sifflet final, le PSG avait accompli ce pour quoi il travaillait d’arrache-pied depuis plusieurs années déjà. « Pour ce groupe-là, c’était l’aboutissement d’un travail long de plusieurs années. On avait joué plein de demi-finales. L’année d’avant, on perd en demi-finale de Ligue des champions contre le Milan AC, donc après ça, on n’a plus peur de personne » , explique Daniel Bravo. « Les exploits s’inscrivent sur la durée, ils sont là pour la vie » , confie José Cobos, qui n’est pas près d’oublier l’immense fête qui a suivi cette victoire.

De retour dans la ville lumière, Bernard Lama et le reste du groupe sont accueillis par une foule impressionnante et descendent les Champs-Élysées en brandissant la coupe. « Sur chacune des voitures, il y avait au moins trois ou quatre personnes ! Certains joueurs avaient peur pour leur intégrité (rires) » , s’amuse José Cobos. Arrivé au Parc des Princes, les joueurs ne peuvent finalement pas pénétrer sur la pelouse. « Je me rappelle qu’on devait présenter la coupe au Parc des Princes, mais à cause d’un envahissement de terrain, on avait dû rester dans les vestiaires. On a fait la fête pendant deux heures aux vestiaires, on a chanté, on a dansé ! On avait de toute façon un groupe qui s’entendait très bien et qui savait très bien faire la fête, complète Daniel Bravo. C’est vraiment un super souvenir et un des plus beaux moments de ma carrière. On a tellement lutté pour accrocher une Coupe d’Europe, en échouant souvent de peu, avec des matchs où on se faisait un peu voler… Alors, là, on était super heureux. »

Joakim Noah aussi de la partie

Et puis, pour apprendre à faire la fête correctement, les joueurs et les membres du staff avaient trouvé les meilleurs professeurs qui soient, en la personne de Yannick Noah et de son fils, Joakim. « Il y avait Yannick là-dedans, un vrai boute-en-train. Pour les chants et la danse, il est très fort. En plus, il y avait son fils, Joakim, qui était en permanence avec nous, et lui aussi, il était très prometteur de ce côté-là (rires). On ne savait pas qu’il allait devenir un grand joueur de basket, mais à 12 ans, il chantait et il dansait. Il mettait le feu ! » en rigole encore aujourd’hui Daniel Bravo. Une fête que le club n’oubliera jamais, puisqu’elle a laissé une marque indélébile dans les murs mêmes du Parc. « Deux joueurs avaient dessiné la coupe sur un mur, et on avait tous signé » , confie Cobos, qui rêve de retrouver ce groupe, qu’il définit lui-même comme une bande de copains très soudée, qui lui a beaucoup apporté. « J’ai hâte de pouvoir me retrouver avec les joueurs, les dirigeants, tout le monde. On passerait encore un très grand moment. »

Par Gabriel Cnudde

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