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Le jour où l’OM a refusé Henrikh Mkhitaryan

Par Benjamin Asseraf
Le jour où l’OM a refusé Henrikh Mkhitaryan

Quelques pépites sont passées par la Canebière, mais il y en a une que l’OM a raté et qui flambe aujourd’hui, c’est la gâchette arménienne du Borussia Dortmund.

L’OM n’est pas au top en Ligue 1. Même avec un attaquant deuxième meilleur buteur du championnat, niveau jeu, c’est pas encore ça. Après avoir perdu Valbuena et Payet, leurs deux meneurs de jeu, en deux saisons, les Marseillais auraient bien besoin d’un chef d’orchestre, histoire de remettre un peu d’ordre dans tout ce fouillis. Aujourd’hui, presque à mi-chemin, Marseille erre en milieu de tableau, sans vraiment émerveiller son monde par son football. Mais les choses auraient pu être différentes. Ils ont été nombreux à échouer aux portes de la Canebière, avant de partir exploser ailleurs, parfois pas très loin. Comme Zidane plusieurs années avant lui, Henrikh Mkhitaryan n’a pas convaincu la cellule de recrutement marseillaise. À l’époque, il a trois poils au menton, mais ses représentants lui font confiance et voient déjà en lui un futur crack : « Je sentais bien qu’il avait des qualités techniques, mais c’est sûr, il y avait encore du travail » , explique Albert Arstanian, ambassadeur de la Fédération arménienne. Aujourd’hui, la gâchette arménienne fait le bonheur du Borussia Dortmund. Acheté pour une trentaine de millions au Shakhtar Donetsk, il est de ces dribbleurs qui peuvent débloquer une situation, un match, une saison. Un mec dont l’OM n’aurait pas eu à se plaindre.

« Trop frêle »

« Je connaissais bien son père. Il jouait à Valence et il est venu faire quelques stages au domaine de Tournon, avec l’EUGA Valence, le club arménien » , explique Albert. Chez les Mkhitaryan, le football, c’est dans les gènes. Papa a joué et il a même représenté la nation, et le petit Henrikh tente de reprendre le flambeau. Saison 2004-2005, le joueur a tout juste 16 ans et il est dans les petits papiers de tous ceux qui l’entourent. « J’ai connu Henrikh parce que son père est tombé malade et j’ai commencé à fréquenter sa famille. À l’époque où je m’occupais un peu de la sélection arménienne.« Le petit »et un autre jeune joueur étaient au-dessus du lot, et j’ai voulu leur faire faire des essais. » Albert sent qu’il y a quelque chose à faire et décide d’organiser un match entre une sélection de jeunes Arméniens et une autre sélection, mais de jeunes Français, à Colmar : « Il y avait des gens du football présents ce jour-là, mais ça n’a pas pris. Alors j’ai décidé de l’emmener faire un essai à l’OM. » Premier échec pour Mkhitaryan, mais le natif d’Erevan est encore loin du compte. Arrivé à Marseille, il ne montre pas assez à la Commanderie. « À la fin du match qu’il a disputé, les dirigeants l’ont trouvé trop frêle, trop chétif. Je suis sûr que quelqu’un comme José Anigo, qui n’était pas encore en poste à l’époque, lui aurait fait confiance » , poursuit Albert. Le petit Henrikh est remercié et donc contraint de repartir chez lui au Pyunik Erevan. À ce moment-là, Bernard Pardo était en plein dans les éliminatoires du Mondial 2006 avec la sélection arménienne et il se rappelle du petit « freluquet » : « Il était fragile, tout frêle, mais il faisait partie de cette génération dorée des jeunes joueurs arméniens, avec notamment Edgar (Manucharian, parti à l’Ajax en 2005). On n’y faisait pas attention, nous, on avait déjà une bande de vieux briscards et des objectifs. Mais son talent était bien réel. » Pourquoi alors, s’il était si fort, Henrikh Mkhitaryan a essuyé un refus de la part de l’OM ?

La street crédibilité

En réalité, le club phocéen n’est pas le seul à avoir boycotté la gâchette. À l’époque, les jeunes joueurs n’étaient pas aussi prisés qu’aujourd’hui, et encore plus quand ils venaient d’Arménie. Forcément, recruter un jeune prodige arménien, ça claque beaucoup moins qu’un Brésilien ou un Argentin : « L’OM ne l’avait pas pris au sérieux, mais pas que, explique Albert Arstanian. Je l’avais proposé à Lyon, sans succès, et René Girard, qui dirigeait la sélection contre laquelle j’avais organisé le match, l’avait lui aussi jugé « trop frêle » » . Personne n’en voulait, et aujourd’hui, tout le monde s’en mord les doigts. Mais pour Robert Nazarétian, figure du club et proche d’Albert Arstanian, ce refus n’est qu’une anecdote parmi tant d’autres : « Quand ils l’ont vu jouer, il ne l’ont pas trouvé assez bon, il avait fait un petit match c’est vrai. Ils l’avaient trouvé trop chétif. » Toujours le même problème qui revient, mais là où ça ne choque pas, c’est « qu’à l’époque, ils avaient trouvé Zidane trop lent, donc qu’ils aient pu trouver Mkhitaryan trop frêle… »

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