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Le jour où Liverpool a connu le Besiktas

Par Antoine Donnarieix
Le jour où Liverpool a connu le Besiktas

Lors de la campagne de C1 2007/2008, le récent finaliste Liverpool démarre sa campagne du mauvais pied. Pour se relancer, les Reds souhaitent s'imposer dans l'antre du vice-champion turc, le Beşiktaş Istanbul. La bonne blague…

Les trois coups de sifflet résonnent à Anfield Road. Sur le banc de touche, Éric Gerets et tout le parcage marseillais exultent, et il y a de quoi. L’OM vient de réaliser un superbe exploit en venant s’imposer sur les terres de Liverpool, le dernier finaliste de C1 lors de l’édition 2006/2007. Le héros du soir, un certain Mathieu Valbuena, vient d’entrer dans les cœurs de la cité phocéenne comme dans celui de Thierry Gilardi. Au soir de la deuxième journée de Ligue des champions, les Marseillais sont leaders de la poule avec deux victoires au compteur. Quant à Liverpool, c’est plutôt la soupe à la grimace : un nul obtenu à Porto et cette défaite donc, ce qui laisse les Reds bloqués à un seul point. Mais les hommes de Rafa Benítez ne sont pourtant pas derniers de la classe. Avec deux revers en deux matchs et zéro but marqué, le Beşiktaş Istanbul tient le bonnet d’âne. La prochaine journée, Liverpool ira donc se déplacer chez le mauvais élève pour se refaire la cerise. Parce qu’il y a une notoriété à faire respecter. Parce que Liverpool est un grand nom du football européen. Mais ce que l’équipe de l’emblématique Steven Gerrard ignore, c’est que le Beşiktaş a lui aussi un autre message à faire passer.

Capo et record de décibels

« Welcome to the legendary fans » . Lors de l’épopée européenne de 1997, le Paris Saint-Germain avait accueilli avec beaucoup de respect ses homologues scousers lors d’un quart de finale de Coupe des coupes resté dans les mémoires. Une forme de cohésion entre supporters que l’on ne connaît manifestement pas beaucoup en Turquie, même si certaines assimilations avec les fans d’Anfield peuvent se trouver. Titulaire au milieu de terrain lors de la réception de Liverpool ce 24 octobre 2007, Édouard Cissé sait ce que porter le maillot du club stambouliote signifie. « En fait, tu es dans une situation où tu te dis que tu vis un rêve : celui des supporters turcs. Ici, on supporte de père en fils et l’amour du maillot, c’est sacré. Ça se rapproche pas mal de l’Angleterre à ce niveau-là. » La passion est la même, mais la différence apparaît dans la pratique. En Turquie, les supporters gardent encore une certaine liberté d’action dans les stades à travers l’usage des feux de bengale ou autres engins pyrotechniques. L’ambiance au sein du stade, c’est même une immense tradition dans ce pays où le supporter est roi. Au Beşiktaş Jimnastik Kulübü, c’est le Çarşı qui mène la danse. Ce groupe de supporters, emmené par son capo avant la rencontre, permet de prendre la température d’une rencontre. Et autant dire que contre Liverpool, l’ambiance se rapproche clairement d’une éruption volcanique.

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« Ça te booste complètement, explique Cissé. Les supporters ont un chant pour chaque joueur du club. A l’annonce des joueurs, ils te scandent en premier quand tu as fait un gros match la semaine d’avant, ou même le jour de ton anniversaire. » Lors de la préparation d’avant-match contre ‘Pool, le sonomètre atteint un pic dans une enceinte sportive pour culminer à 132 décibels. Pour donner une petite idée, ce total correspond au bruit suscité par un décollage d’avion de ligne. Emporté par cette chaleur indescriptible, Beşiktaş montre l’autre visage de son club, celui d’une famille prête à faire la fête. Liverpool ne va donc pas se battre contre 11 joueurs ce soir, mais contre 35 014 mecs prêts à tout pour s’imposer dans leur antre.

Départ canon, Bobo fait mal

À vrai dire, Liverpool est déjà au courant que les voyages dans l’ancien Empire ottoman ne sont pas un franc succès. Lors de chaque périple effectué pour affronter un club turc, les Reds ne sont jamais repartis avec une victoire à la fin du match. Leur chance, c’est peut-être la faiblesse de leur adversaire contre des écuries anglaises : cinq matchs à domicile et toujours aucun succès. Paradoxalement pourtant, Istanbul reste aussi l’une des plus belles pages de l’histoire du club au Liverbird, avec cette fabuleuse finale remportée contre le Milan AC en 2005 après avoir remonté trois buts. Mais jouer le Milan AC en finale de Coupe d’Europe à la Sublime Porte, ce n’est pas la même chose que de se frotter à la production locale. Avec un onze composé de sept joueurs du cru, le Beşiktaş offre aux titulaires la possibilité de jouer dans une ambiance sans pareille, pendant que Liverpool doit faire sans son nouveau buteur vedette, Fernando Torres, et Xabi Alonso, tout juste revenu de blessure, est préservé sur le banc. La première grosse alerte locale est la bonne : suite à un cafouillage, la frappe de Serdar Özkan est suffisamment déviée par Sami Hyypiä pour tromper la vigilance de Pepe Reina (13e). Première explosion. Préservant ce résultat positif jusque dans les dix dernières minutes, la délivrance intervient lorsque sur un contre, le Brésilien Bobo glisse le ballon entre les jambes de Reina (82e). Éruption finale. Malgré le but tardif de Stevie G, le quintuple champion d’Europe ne se relèvera pas. Sportivement, Cissé partage la poignée de main avec ses victimes du soir. « Quand les joueurs de Liverpool viennent vers nous à la fin du match, tous nous on dit « Franchement, c’est impressionnant ! » Sur les ondes de Skysports après le match, on entendait toute la ferveur qu’il y avait eu dans ce stade. Au Beşiktaş, je me suis vraiment habitué à cette ambiance, c’était dingue. » Bons baisers d’Istanbul.

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