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Le jour où le trio Motta-Matuidi-Verratti a éclos

Par Florian Cadu
Le jour où le trio Motta-Matuidi-Verratti a éclos

Le 13 septembre 2013, Laurent Blanc profite des absences pour aligner pour la première fois la triplette Thiago Motta-Blaise Matuidi-Marco Verratti qu’on connaît si bien aujourd’hui. Et qui a traversé les années en constituant la base du Paris Saint-Germain roi de France.

Unai Emery l’a souhaité, mais il n’a pas pu. Choisi l’été dernier pour transformer le Paris Saint-Germain, l’entraîneur espagnol devait imposer ses méthodes, sa réflexion, son style de jeu et son schéma tactique. Concernant ce dernier point, c’est pour l’instant un échec. Très chaud à l’idée d’installer son 4-2-3-1, plus vertical et moins dans la possession, Emery a très vite dû se résoudre à l’évidence : cette saison encore, le onze de la capitale devait s’articuler autour du milieu de terrain à trois formé par Thiago Motta, Blaise Matuidi et Marco Verratti. Et pour cause : ce trio s’est rendu quasiment indispensable, au moins sur la scène nationale, depuis cinq ans, et représente le socle du règne parisien en France.

Une victime : Pastore

Pour retrouver l’origine de cet entrejeu, il faut remonter au 13 septembre 2013. À cette date, le PSG sort d’un titre de champion – son premier sous l’ère qatarie –, mais ne constitue pas encore l’ogre qui dévore tous les trophées du pays. Mais qu’il va bientôt devenir, en grande partie grâce à ce 13 septembre, justement. En déplacement à Bordeaux, les hommes de Laurent Blanc, bien qu’invaincus depuis quinze matchs en Ligue 1, ne sont toujours pas montés sur le podium du championnat après quatre journées (deux nuls et deux victoires). L’absence de Javier Pastore pousse le technicien français à bouleverser son 4-4-2 (avec l’Argentin à gauche et Lucas Moura à droite) en 4-3-3. Avec, donc, la triplette Motta-Matuidi-Verratti. C’est la toute première fois que les trois joueurs sont alignés seuls au milieu et de cette manière. Ils ont certes été titularisés d’entrée en même temps un an plus tôt contre Toulouse (avec Pastore en dix) et à Montpellier (dans un 4-3-3 qui ressemble à celui-ci), mais jamais avec Motta en pointe basse du triangle.

« Je m’en rappelle bien. À l’époque, le 4-4-2 de Blanc était décrié, note Jérémie Bréchet, Girondin en tribunes lors de ce match. Et je me souviens qu’à Chaban-Delmas, ils avaient fait un sacré match. La triplette m’avait fait une très forte impression. Je m’étais dit :« Wouah, ils sont trop forts comme ça ! » C’est vraiment ce jour-là que le 4-3-3 guidé par ce trio est né. » Avec Hervin Ongenda ailier gauche, Edinson Cavani sur le banc et Ezequiel Lavezzi indisponible, Paris impressionne de sérénité, de maîtrise technique et de stabilité tactique. Comme un symbole, Matuidi ouvre le score à la demi-heure de jeu sur une action collective sublime, et Verratti offre le deuxième but à Lucas à la 64e minute, qui marque alors pour la première fois dans l’Hexagone. « Ils ont eu une possession de balle phénoménale, et une maîtrise totale de la rencontre » , admire encore Bréchet. Les statistiques confirment : 61% de possession et douze tirs (sept cadrés) à quatre (un seul cadré).

Le vice et l’expérience de Motta, l’endurance et la projection de Matuidi, la malice et la qualité technique de Verratti : sur le papier comme dans la réalité, l’association ne peut que marcher. « Il s’agit d’une triplette hyper complémentaire. Fantastique, même, continue l’ancien Bordelais. Elle a parfaitement fait ressortir toutes les qualités des uns et des autres. Celles du trio, mais aussi celle de toute l’équipe. Tu as deux joueurs extraordinaires en matière d’entente et de compréhension de jeu, en l’occurrence Motta et Verratti, et un autre qui court pour trois et qui permet à Zlatan Ibrahimović de minimiser ses efforts. » L’hégémonie du PSG, qui remportera par la suite toutes les épreuves nationales avec ce milieu de terrain, peut véritablement débuter. « Leur taux de possession a explosé à ce moment-là, le PSG a commencé à bouffer ses adversaires comme ça, et ça n’était jamais arrivé en France. Même du temps du grand Olympique lyonnais, précise Bréchet. Ce qu’ils ont fait alors, c’était du Barcelone. À un moment donné, ça a vraiment été l’équivalent du Barça. Franchement, on peut dire ce qu’on veut, mais ils ont été phénoménaux. »

Un milieu toujours pas remplacé

Le hasard fait donc bien les choses, puisque ce sont réellement les absences (Pastore, Lavezzi), les méformes (Cavani, Jérémy Ménez) et le manque d’expérience (Kingsley Coman, Adrien Rabiot) qui ont permis à Blanc de trouver la bonne formule. « Je me suis toujours dit qu’il avait eu de la chance d’avoir des absences, car cela lui avait permis de trouver son équipe. C’était un mal pour un bien, finalement, avec des choix par défaut. Après ce match, il était obligé de garder ce dispositif et ce milieu de terrain, parce que la bonne prestation avait sauté aux yeux de tout le monde. » Arrivé durant l’hiver 2013-2014, Yohan Cabaye l’apprendra à ses dépens. Et des années plus tard, malgré Adrien Rabiot, Emery cherche toujours la clé pour se passer de ce trio.

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