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Le jour où Fiorèse a dégoûté le Parc

Par Florian Lefèvre
Le jour où Fiorèse a dégoûté le Parc

En 2006-07, le PSG débutait le championnat par la réception du FC Lorient. Le point de départ d’une saison galère, qui verra le club parisien lutter pour le maintien. Un match surtout marqué par l’animosité des supporters contre Fabrice Fiorèse... qui le leur rendra bien.

Le Parc des Princes a toujours pris soin d’accueillir chaudement ceux qu’il considère comme des « traîtres » . À savoir, les (nombreux) anciens Parisiens transférés à l’OM. Mais un homme a eu droit à un traitement tout particulier : Fabrice Fiorèse. À l’été 2004, à cause d’une embrouille avec coach Vahid, le chouchou du Parc file à Marseille, suivre son pote Frédéric Déhu, dans les dernières minutes du mercato. Quelques semaines plus tard, Fiorèse goûte aux crampons de Sylvain Armand lors de PSG – OM. En tribunes, les banderoles fleurissent : « Nous avons Jésus, vous avez Judas » , « Fiorèse : si le PSG est une prison, rends la savonette » , « Fiorèse, tu simules aussi avec Dehu ? » Ambiance.

« Je ressemblais à Ronaldo. Je devais faire 90kg »

« Après être parti avec pertes et fracas, ils m’ont fait vivre l’enfer » , explique Fabrice Fiorèse. Sur le plan sportif, ce transfert signe le déclin de celui qui brillait à Paris par ses passes décisives, depuis le couloir droit ou derrière Pedro Pauleta. Après un crochet au Qatar, et avant une fin de carrière rustique entre Amiens et l’ESTAC, Fiorèse débarque en prêt à Lorient, fin juillet 2006. Hasard du calendrier, le 5 août, le promu lorientais commence la saison au Parc des Princes. « Ça prouve qu’il y a bien un bon Dieu. Je n’avais pas le temps de cogiter. Mais je ressemblais à Ronaldo. Vous voyez ce que je veux dire, je devais faire 90kg, même le XL Kappa (Errea, ndlr) de Lorient me moulait » , raconte Fiorèse. Qualifié en Coupe d’Europe grâce à son titre en Coupe de France, le PSG nourrit plein d’ambitions. En face, les Merlus débarquent dans la capitale sur la pointe des pieds. « On avait vécu une intersaison un peu compliquée, avec un recrutement tardif et des matchs amicaux moyens. On n’était pas craintifs, mais on ne savait pas où on allait » , avoue le défenseur Sylvain Marchal, arrivé à Lorient en même temps que Fiorèse.

Dès l’échauffement, le public du Parc annonce la couleur. À chaque touche de balle, Fiorèse se fait huer. « C’était impressionnant. Tu sentais l’animosité, la haine presque. Si les mecs qui l’insultaient pouvaient descendre sur la pelouse, ils l’égorgeaient !, rembobine Sylvain Marchal. « Je vous avais prévenus, les gars », nous disait Fio. Mais il prenait ça à la rigolade. » Parce que Fiorèse est vacciné : « Quand je suis revenu au Parc avec Marseille, je n’étais pas prêt à subir autant de haine. Cette fois, je me suis préparé psychologiquement. Je me disais :« Vous allez voir ce que je vais vous montrer. »La motivation était multipliée par dix, par cent. » Fiorèse en a même oublié ses crampons à l’hôtel. « C’est la première fois que ça m’arrivait. Ça prouve à quel point, ce jour-là, j’étais sûr de moi. Ma femme a dû me les ramener à peine une heure avant le match. » Pour son premier match avec le PSG, Pierre-Alain Frau ouvre le score d’une belle frappe du gauche, à la demi-heure de jeu. « On sentait qu’il y avait une ambiance particulière, une agressivité plus importante contre Fiorèse » , confirme Frau. Et l’agressivité va encore monter d’un cran, car dans la foulée, Lorient égalise grâce à… Fiorèse ! Le joueur honni célèbre vers le banc lorientais avec un doigt sur la bouche, en guise de réponse au public parisien. Avant la pause, Fabien Audard se troue une deuxième fois, permettant à Fabrice Pancrate de redonner l’avantage au PSG.

« Je me sentais intouchable »

Sauf que sous son serre-tête, Fabrice Fiorèse est bien décidé à dégoûter le Parc pour de bon. Une passe ratée pour Rafik Saïfi lui revient dans les pieds et l’homme qui a reçu des mots doux toute la rencontre plante son doublé. « Ce sont les deux buts les plus pourris de ma carrière. Je me sentais intouchable. J’aurais même pu marquer du nez s’il le fallait » , lâche Fiorèse. En seconde période, un certain André-Pierre Gignac débute pour la première fois en Ligue 1. Il sera l’auteur de la passe décisive pour le but vainqueur de Rafik Saïfi. 3-2 pour Lorient.

C’est l’annonce d’une saison qui sera très longue pour le PSG. « Cette défaite nous a fait mal, elle a montré les limites de l’équipe. On lâchait vite mentalement, ça s’est vérifié par la suite » , analyse Pierre-Alain Frau. Si le succès est un véritable acte fondateur pour les Merlus, qui iront chercher le maintien sans trembler, Fiorèse, lui, ne marquera plus aucun but de la saison en six apparitions. En attendant, ce soir-là, Fiorèse invite famille et amis au restaurant. « On est allés au Market, avenue Matignon, se rappelle celui que l’on retrouve aujourd’hui derrière les fourneaux, à L’Alpin, à Annecy. Je voulais juste être avec les miens. Une page se tournait. Ce soir-là, j’ai peut-être laissé des regrets aux supporters parisiens. »

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Par Florian Lefèvre

Tous propos recueillis par FL

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