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Le jour où Bordeaux-Toulouse a été rejoué

Par Alexandre Pedro
Le jour où Bordeaux-Toulouse a été rejoué

Rejouer un match après avoir dénoncé une erreur d'arbitrage, ils sont nombreux à avoir essayé, mais personne n'y est arrivé depuis 22 ans en France. Ce 12 décembre 1992, Toulouse obtient de rejouer un derby de la Garonne perdu à Bordeaux. Une histoire de coup franc indirect avec Bixente Lizarazu, Gilles Veissière et un directeur administratif au fait des règles pour protagonistes.

Il a existé une époque où un club du championnat de France disposait du pouvoir de récuser un arbitre. Entre 1993 et 1995, le sifflet de Gilles Veissière ne s’est pas fait entendre lors de matchs du Toulouse Football Club. La faute à un diffèrend qui a marqué le début de la carrière du Niçois et sur lequel il n’a pas spécialement envie de revenir quand on cherche à le joindre. Il faut dire qu’il a été le dernier arbitre de D1 dont une faute technique a permis à une équipe de rejouer un match perdu. L’histoire remonte à une époque où la loi XII (interdisant à un gardien de prendre à la main une passe volontaire au pied d’un joueur) n’imprègne pas encore les esprits. Lors de la 18e journée de championnat de France 1992/1993, Toulouse croit tenir le point du nul chez le voisin bordelais, mais à la 86e minute, son gardien Alain Casanova (déjà lui) récupère à la main une passe de son latéral Aïssa Fouka. Furieux, les Toulousains critiquent la décision de l’homme encore en noir et traînent les pieds pour former le mur.

Mais l’erreur est ailleurs. Alors que le règlement stipule que le coup franc indirect ne doit pas être tiré à l’intérieur des 5,50m (et cela même si la faute en question y a été commise), Gilles Veissière pose le ballon à deux mètres, soit à l’endroit de la passe de Fouka. « J’avoue que pas grand-monde chez nous ne connaissait vraiment la règle en question. On a plus protesté sur le coup franc en lui-même » , reconnaît Jean-Philippe Delpech. Le milieu de terrain toulousain se serre avec ses dix partenaires dans le mur et attend que Bixente Lizarazu prenne sa chance. Et il n’a qu’une crainte : prendre le ballon en pleine poire. « On se dit qu’on va se faire défoncer si on prend le ballon à cette distance. On ne sait pas comment se placer, on n’a jamais fait un mur comme celui-là. » Malgré la forêt de jambes toulousaines, Lizarazu trouve l’ouverture et inscrit le seul but de la rencontre.

« Nemecek parlait un peu français, mais de là à rédiger une réclamation… »

Mais un homme a tout vu, tout compris et crie au scandale. Directeur administratif du TFC, Francis Andreu cherche à attirer l’attention de ses joueurs. « On le voit dévaler les marches du stade Lescure et il nous dit de déposer réclamation, se souvient Delpech. On était encore sur l’émotion du but, Francis Andreu entre sur le terrain pour poser la réclamation, il a pris les choses en mains. » En bon administratif, Andreu connaît son règlement sur le bout des doigts. Il sait que la réclamation doit être posée avant le premier fait de jeu, donc avant l’engagement à la suite du but. « Voilà pourquoi l’arbitre insistait tellement pour que nous réengagions après le but. Si nous avions réengagé aussitôt, ces réserves n’auraient pas été valables » , raconte Andreu à l’époque. Les joueurs de Serge Delmas refusent donc de reprendre le jeu pendant que leur directeur administratif cherche à démontrer à l’arbitre son erreur. Ce dernier ne veut parler qu’au capitaine, seul habilité à poser la réclamation. Débarqué à Toulouse en début de saison, le Tchécoslovaque Václav Němeček n’est sans doute pas le mieux placé pour cela, comme le rappelle Delpech. « Il fallait que le capitaine écrive la réclamation et stipule la faute en question. Němeček parlait un peu français, mais de là à rédiger une réclamation… » Dans la confusion, Gilles Veissière met un carton rouge à Bernard Ferrer qui cherchait à jouer les traducteurs.

Le match se termine dans la confusion, l’arbitre sort au milieu d’une rangée de CRS avant de réunir les deux capitaines dans son vestiaire. Toulouse finit par déposer sa réserve près d’une heure après le coup de sifflet final. « Personne ne sait vraiment si elle a une chance d’aboutir. Alors je ne sais pas si cette réclamation est valable. Mais bien sûr, si ce match était à rejouer, eh bien, nous le rejouerions » , assure l’entraîneur des Girondins, Rolland Courbis. Quelques jours plus tard, la commission centrale des arbitres donne raison aux Toulousains et ordonne de rejouer la rencontre. Malgré son incontestable faute technique, le coupable n’est pas du genre à présenter ses excuses. « J’assumerai, comme j’ai assumé ma faute. Ce qui me gêne le plus, ce sont certains commentaires donnant des leçons d’arbitrage, notamment à la télévision. » Le 27 janvier, Bordeaux reçoit de nouveau le TFC devant les caméras de Canal. Cette fois, les partenaires de Lizarazu et Zidane n’ont pas besoin d’un coup de main extérieur pour s’imposer 2-0. Suspendu pendant deux mois, Gilles Veissière, lui, sera bon pour un petit retour par la case D2 jusqu’à la fin de saison. Une tache dans son CV qui ne l’empêche pas de devenir par la suite le meilleur arbitre français de sa génération. Un avis pas toujours partagé à Toulouse où l’on ressort l’épisode de 1992 quand il expulse trois Violets en août 2000 à Lens. Mais cette fois, personne n’a trouvé dans le règlement de quoi poser une réclamation.

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