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Le jour d’y croire est arrivé

Par Julien Duez
Le jour d’y croire est arrivé

C’est le match dont tout le monde parle depuis le début de la compétition. Et finalement, le voici. Dans un Parc des Princes à guichets fermés, l’équipe de France s’apprête à jouer une finale avant l’heure face aux États-Unis. Pour ce quart de finale, ce sera la première fois que les Bleues débuteront dans la peau des outsiders. Et c’est tant mieux.

Décidément, Corinne Diacre sait comment jongler avec les éléments. Dans la salle de conférence du Parc des Princes refroidie par une climatisation poussée à fond, la sélectionneuse s’est chargée ce jeudi de réchauffer l’atmosphère par un discours bien plus cordial que celui tenu avant le huitième de finale face au Brésil : « C’était le match attendu, ça y est on y est ! s’est-elle réjouie, avant d’immédiatement tempérer son propos. Il n’y a pas plus d’excitation que face au Brésil. Je préfère rester concentrée sur notre mission, celle-ci n’est pas terminée. Il ne faut pas perdre d’énergie, et l’excitation peut amener à en gaspiller, donc on se préserve, on essaye de se reposer le mieux possible. » Il vaudrait mieux garder la tête froide en effet : le match sera chaud et l’ambiance bouillante.

Arrogance et élégance

Ce quart de finale aura l’air d’une finale avant l’heure, même si au sein du groupe, c’est la sacro-sainte règle de « prendre les matchs les uns après les autres » qui domine. Qu’importe, les Bleues vont affronter « la meilleure équipe du monde » , dixit Corinne Diacre. Ni plus ni moins. Comme prévu serait-on tenté de dire. À la seule différence que, pour la première fois du tournoi, l’équipe de France débarque dans la peau de l’outsider. La sélectionneuse américaine Jill Ellis le reconnaît elle-même : « On a beaucoup de respect pour l’équipe de France, c’est une équipe qui progresse, les deux équipes auront confiance en leur capacité à l’emporter pour ce match. » Arrogant ? Si peu ! En tout cas, la phrase a le mérite d’être plus subtile que celle de la défenseuse Ali Krieger, pour qui la Team USA est à la fois « la meilleure et la deuxième meilleure équipe du monde » .

Le genre de réflexion qui pourrait faire monter sur ses ergots n’importe quel Français défenseur du camembert face à cette illustration de l’esprit impérialiste qui habite le pays de l’Oncle Sam. Mais pour Amandine Henry, qui a porté le maillot des Thorns de Portland durant une saison, rien de plus que le classique thrashtalking en vogue de l’autre côté de l’Atlantique. La capitaine des Bleues ne tient pas à rajouter de pression inutile à ses coéquipières : « Elles sont tenantes du titre, elles ont leur palmarès. Nous, on n’a jamais rien gagné. On est conscientes de nos qualités, mais il va falloir le montrer demain. On peut battre cette équipe, on l’a déjà prouvé. »

Des favorites en proie au doute

C’est vrai, la dernière fois c’était il y a seulement six mois, en amical au Havre. Les Bleues l’avaient emporté 3-1, mais Corinne Diacre a confié ne pas s’être appuyée sur cette victoire pour préparer la rencontre à venir : « C’était un contexte complètement différent. On était au mois de janvier, elles venaient juste de se rassembler, tandis que nous, on était en plein championnat. Maintenant, on les a battues quand même, donc ça doit être une force pour nous. Ça doit nous aider à se dire que rien n’est impossible. Quand on est capable de faire les choses une fois, on doit être capable de les répéter une deuxième fois. »

Et justement, ce quart de finale arrive peut-être au meilleur moment. Après un huitième poussif, les Américaines n’ont obtenu leur billet pour le tour suivant qu’à la faveur d’un penalty généreux glané en toute fin de rencontre face à une Espagne qui a longtemps fait douter les championnes du monde en titre. La France peut – devrait même – aborder ce match capital avec l’esprit tranquille : « Sincèrement quand on joue les États-Unis, on n’a pas de pression, ce n’est pas possible. Au contraire, c’est une source de motivation supplémentaire d’affronter la meilleure équipe du monde » , a répété Corinne Diacre. L’amour dure trois ans, comme l’invincibilité en cours des Bleues face aux États-Unis. Mais on remettra volontiers une pièce dans la machine pour que cela continue.

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