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Le gâchis Ongenda

Par Alexandre Doskov
Le gâchis Ongenda

Sans faire de bruit, Hervin Ongenda vient de quitter le PSG pour signer dans un club de second rang aux Pays-Bas. Une fin un peu triste pour un joueur qui avait été encensé très vite et très fort dès ses années au centre du formation du PSG.

C’est la conclusion d’un feuilleton qui n’a intéressé personne. C’était prévisible depuis la rentrée, c’est désormais officiel, Hervin Ongenda n’est plus parisien. Désormais, son seul lien avec Paname sera la mention « Né à : Paris » sur sa carte d’identité. Ça, et un peu d’amour pour son club de toujours qui ne s’en ira jamais, comme il l’a lui-même juré en annonçant son départ sur son compte Instagram : « Mon aventure parisienne se termine aujourd’hui avec quelques regrets, mais c’est la vie ! Merci à toutes les personnes que j’ai côtoyées depuis 2005, éducateurs, coachs, coéquipiers et surtout supporters vraiment merci du fond du cœur <3 »

Car Ongenda ne s’en va même pas en prêt, comme cela avait longtemps été envisagé, avec la promesse de revenir plus grand, plus beau, plus fort. Après tout, le prêt, il y avait déjà eu droit il y a deux ans et demi, et ça n’avait pas fonctionné. Alors, à six mois de la fin de son contrat parisien, Ongenda vient de signer pour de bon au PEC Zwolle, actuel 16e sur 18 du championnat des Pays-Bas. Une sortie par la toute petite porte, pour un joueur dont on disait qu’il allait fracasser celles du PSG il y a quelques années. Car Ongenda, c’est avant tout ce joueur qui n’a que vingt et un ans, mais dont on sait déjà qu’il est cramé à Paris et qu’il ne s’y imposera pas.

Génération 1995

Un constat un peu cruel, mais la comparaison avec les autres titis parisiens nés en 1995, formés et restés au club est sans appel. Kimpembe est en train de se faire une jolie place dans le club des défenseurs, quand Rabiot fait figure d’OVNI précoce et surpuissant. Et pourtant, à la fin des années 2000 et au début des années 2010, c’est bien Ongenda qui était en pole position. Aligné dans les équipes de jeunes avec Moussa Dembélé, Kingsley Coman et Mike Maignan, il remporte quelques trophées en marquant comme un dératé et fait ses débuts avec les grands en 2013, à même pas dix-huit ans. On en fait un crack en puissance, et les médias anglais lui prêtent la liste habituelle des soupirants : Arsenal, Chelsea, Manchester United et City.

Et puis plus rien, ou presque. Lors de la saison 2013-2014, il doit se contenter des miettes que lui laisse Laurent Blanc, lui qui avait pourtant déclaré après son but victorieux au Trophée des champions qu’il le trouvait « au-dessus de la moyenne » . L’année d’après, Ongenda a droit à un prêt à Bastia. Un grand classique pour un jeune joueur prometteur bloqué dans son club d’origine, et qui doit aller s’aguerrir et faire ses preuves chez un plus petit. Mais pas trop loin des yeux, donc pas trop loin du cœur, et en restant en Ligue 1. Le souci, c’est qu’à Bastia, Ongenda n’a rien montré, ou alors des choses inquiétantes. Incapable de marquer de la saison, il joue seize petits matchs en Ligue 1, la plupart du temps comme remplaçant, et ne s’intègre pas vraiment au vestiaire.

Pas mieux traité par Emery

Mais une fois sa saison corse terminée, Ongenda retourne tout de même au PSG, bien décidé à y faire enfin son trou. Le départ de Lavezzi à l’hiver 2016 aurait dû être une éclaircie dans son ciel nuageux, mais fin février, il termine en garde-à-vue pour un écart mineur au code de la route. Le timing est complètement pourri, puisque nous sommes seulement deux semaines après le Périscope de Serge Aurier et que le PSG, en pleine paranoïa, est en train de serrer les boulons comme jamais sur le comportement de ses joueurs. Déjà très peu utilisé, il est envoyé avec l’équipe CFA et y ronge son frein jusqu’à l’arrivée d’Unai Emery.

Pour marquer de son empreinte son arrivée, l’Espagnol fait la promesse de s’appuyer sur le centre de formation, et de faire jouer les jeunes qui en sont issus. Six mois plus tard, Ongenda n’a pas joué une seule minute avec l’équipe une, et Emery spoilait la suite du film en conférence de presse début janvier : « Les jeunes, s’ils n’ont pas de temps de jeu, peuvent être prêtés et jouer avec une autre équipe pour ensuite revenir au PSG. Aujourd’hui, Ongenda travaille avec notre équipe. Il joue en CFA. Il a de l’expérience pour être prêté à une autre équipe. J’ai parlé avec lui afin qu’il cherche une équipe pour y être prêté. » Le Paris FC lève alors la main, montre ouvertement son intérêt, mais après quelques jours de réflexion, Ongenda annonce qu’il préfère un club plus huppé. Et comme par magie, en deux temps trois mouvements, le prêt prévu se transforme en départ définitif pour une équipe un peu piteuse d’Eredivisie. « Avec quelques regrets » , comme il le dit lui-même dans son message de départ. Vingt et un ans, c’est jeune pour avoir des regrets, mais Ongenda a toujours eu l’habitude de faire les choses avant l’âge.

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