S’abonner au mag
  • France
  • Olympique de Marseille

Chancel et le grand échiquier de l’OM

Par Nicolas Kssis-Martov

La saison n’a pas encore repris, mais déjà l’OM a réouvert le grand théâtre des départs mélodramatiques de ses joueurs, parfois vedettes. Dernier cas : Chancel Mbemba, qui a été mis à pied.

Chancel et le grand échiquier de l’OM

« Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage… » La story Instagram de Gaël Kakuta en soutien à son coéquipier en sélection nationale du Congo, Chancel Mbemba, résume bien la situation actuelle, du moins du point de vue du joueur aujourd’hui sur la sellette à l’OM. La façon dont se déroule l’exfiltration forcée du capitaine des Diables rouges a en effet choqué nombre de ses collègues, y compris d’ancien Marseillais. Le sentiment d’un déjà-vu dont Pape Gueye, évoluant désormais en Liga, s’était fait le porte-voix au début de l’été : « Les dirigeants de club qui font sortir des infos dans la presse en salissant l’image d’un joueur qu’ils veulent voir partir (…) Quel respect en retour ? Au bout d’un moment, faut savoir arrêter, respecter les gens et trouver d’autres stratégies. À bon entendeur. »

L’OM, ce club qui ne sait pas dire au revoir

Nous sommes loin d’une telle culture de la rupture à l’amiable. Exilé dans le fameux loft, aux côtés d’Ismaïla Sarr (parti à Crystal Palace), Samuel Gigot, ou encore Jordan Veretout — ce purgatoire que les clubs instaurent pour décourager les joueurs en « surnombre », un procédé régulièrement dénoncé par l’UNFP —,  le défenseur aurait fini par craquer nerveusement. Après un match amical de la réserve face à Grasse, il aurait eu un échange assez virulent avec Ali Zarrak, bras droit de Mehdi Benatia, en partie rapporté par La Provence suite au récit de plusieurs témoins. « Je te préviens cousin, la semaine prochaine, je ne viendrai  pas à ton match [à Villefranche] de merde où il y quatre heures de route à faire », aurait par exemple lâché le joueur, qui aurait conclu en « mimant » des doigts d’honneur. Un « dérapage » (qui n’a pas fuité sans raison) qui offre donc à son employeur, et au président Pablo Longoria, la possibilité de le sanctionner avec effet immédiat et de lancer une procédure qui pourrait aboutir à son licenciement. Une option peu probable malgré tout, qui risquerait dès lors de priver la propriété de Frank McCourt d’un éventuel transfert, les finances phocéennes ne sont pas suffisamment au beau fixe pour autoriser une telle intransigeance morale.

De fait, l’OM, constamment soumis à la valse des entraîneurs et à l’épuration de son effectif, semble toujours incapable de dire adieu en y mettant les formes. Depuis son arrivée en 2022, Chancel Mbemba ne représente pourtant pas franchement la pire recrue des récents mercato (85 matchs, 13 buts, une certaine solidité). Cela n’empêche pas de reproduire le même schéma conflictuel pour le pousser vers la sortie. La liste des noms, et en dépit des évidentes différences entre les profils, illustre la profondeur du mal, au-delà de l’égo et des comportements excessifs de Mbemba : Alexis Sánchez et Pierre-Emerick Aubameyang, les deux attaquants stars partis au bout d’une saison, les idoles Steve Mandanda et Dimitri Payet mises gentiment à la porte, Boubacar Kamara, Mattéo Guendouzi, etc. Sans parler du feuilleton Jonathan Clauss, lancé et entretenu par les sorties de Benatia en début d’année, ou de la situation actuelle de Veretout, passé de titulaire la saison dernière à indésirable suite à l’arrivée de Roberto De Zerbi. Qu’il n’entre pas dans les plans du technicien italien, d’accord, mais une telle mise à l’écart s’impose-t-elle vraiment ?

Le footballeur est-il un salarié comme un autre ?

En s’appuyant sur les coups de colère et écarts verbaux de son joueur, l’OM tente de se placer en institution désireuse de se faire respecter, tout en essayant de rallier les supporters derrière sa fierté égratignée. Et chez les fans, c’est souvent la même chanson : le club a raison, point final. Averti qu’il ne correspondait pas aux plans du nouveau coach italien, Mbemba aurait de la sorte rétorqué au superintendant Evgeny Koshelev « dis au président de venir me dire que je suis écarté, s’il a des couilles », ajoute L’Equipe. La subtilité du propos paraît en effet peu adapté à des relations de travail apaisées. Il s’agit bel et bien de raconter la romance d’un De Zerbi désireux de construire un véritable projet avec des joueurs y adhérant pleinement, à l’instar autrefois de l’icône Marcelo Bielsa.

Au final, nous nous retrouvons toujours avec la même question : le footballeur est-il un salarié comme un autre, avec ses devoirs mais aussi des droits ? Est-il protégé, un tant soit peu, contre des formes de comportements qui pourraient s’apparenter à du harcèlement sous d’autres cieux professionnels ? Les résultats dès la reprise, pour un club privé par ailleurs d’Europe, seront particulièrement surveillés par ceux qui pourront se payer l’abonnement à DAZN. Avec ou sans victoires, la gestion humaine à l’OM ne cessera heureusement de poser question. Il faudra alors attendre le prochain drama, et savoir quel joueur verra son histoire avec Marseille se terminer en eau de boudin.

Par Nicolas Kssis-Martov

Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

20
Revivez France-Belgique (2-0)
Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Ligue 1

Actus OM

Chancel Mbemba

13
Revivez Toulouse-Marseille (1-3)
Revivez Toulouse-Marseille (1-3)

Revivez Toulouse-Marseille (1-3)

Revivez Toulouse-Marseille (1-3)

France