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Lassana Diarra, 10 millions dollars baby

Tous propos recueillis par Nicolas Jucha
Lassana Diarra, 10 millions dollars baby

Depuis qu'il doit rembourser dix millions d'euros à un ancien employeur russe, Lassana Diarra n'est plus le même. Du super milieu récupérateur de la saison passée ne reste qu'un homme contrarié. Et si la délivrance passait par une réorientation professionnelle ? Quelques idées pour aider l'international français à trouver rapidement ses dix plaques.

Spéculer sur les marchés financiers

« Bien entouré, avec un capital initial de 100 000 euros qui est a priori dans ses cordes, et un risque de 1,8% sur chaque opération, il peut transformer son capital en dix millions d’euros en un an avec une opération gagnante par jour ouvrable. » David Bottin est analyste de marché pour le portail Trading-Club, et le scénario qu’il annonce est « idéal » . À ses yeux, Lassana Diarra peut se remplumer grâce aux marchés – « Il peut investir sur tout, monnaies, actions, matières premières… » –, mais il aurait intérêt à jouer prudent. « Mieux vaut beaucoup de petites opérations qu’une grosse où l’on peut tout perdre. Pour gagner de l’argent, il peut perdre cinq opérations s’il en gagne six. » Se lancer dans l’investissement spéculatif ne serait pas une nouveauté, David Bottin expliquant voir des investisseurs de tous horizons sociaux et professionnels, dont des footballeurs. Pour le cas Diarra, il estime simplement « qu’il ne faut pas qu’il soit dans l’urgence, qu’il prenne le temps pour accumuler ce capital, car j’ai mentionné 1,8% de risques pour atteindre l’objectif en un an, mais c’est très élevé. Un professionnel dépasse rarement 0,5% de risques, quand des particuliers peuvent monter à 2,5%. Le piège, c’est de vouloir gagner vite alors qu’il faut avoir conscience que comme au poker, on peut perdre avec de bonnes cartes. Beaucoup de petites opérations permettent de « lisser » la variable mathématique présente dans chaque opération. » Y a plus qu’à négocier un échéancier avec le Lokomotiv Moscou…

Devenir artiste contemporain

« Dix millions d’euros, c’est une somme, et franchement, à part trois artistes qui tiennent le marché de l’art, personne ne peut gagner autant. » À la tête de la Galerie RX, Eric Dereumaux sait que le marché de l’art n’est pas simple, malgré les fantasmes qu’il engendre. Ce n’est donc pas lui qui va affirmer qu’il suffit d’uriner sur une toile façon Andy Warhol pour exploser un record de ventes aux enchères. « Cela prend du temps pour se créer une réputation, pour faire en sorte que la critique voit un chef-d’œuvre dans une provocation. » À ses yeux, Lassana Diarra « peut être talentueux et malin, il ne pourra faire mieux que du 50 000 euros par œuvre, comme un Banksy qui a compris comment marchait le milieu. » Directeur des ventes du soir, département Art contemporain chez Christie’s, Paul Nyzam se veut légèrement plus enthousiaste. « Pour voir sa cote exploser, un artiste doit savoir se démarquer, faire les choses différemment, avoir une identité à part. Or, un joueur de football pro qui serait également artiste, cela peut fasciner. » Mais pour devoir assurer sa seconde carrière dans l’art, le Français devra faire sans les pieds, le créneau étant déjà occupé par le Japonais Kozuo Shiraga. « À la fin des années 50 au Japon, on se posait la question de comment produire de l’art après le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. Shiraga a alors décidé de peindre avec ses pieds ; la toile, posée à même le sol, n’était plus alors un sujet figuratif, mais le témoin du passage de l’artiste. » Qui en a récolté les fruits quelques années après sa mort, une situation qui n’arrangerait pas les affaires de Diarra. « Pour exploser de son vivant, il faut savoir prendre des risques, avoir la bonne dose de provocation » estime Paul Nyzam. À l’image de Damien Hirst, capable de tremper un requin dans du formol, ou de Jeff Koons, « qui a su se placer à la frontière entre une image de luxe et de grande consommation » . À défaut de convaincre les critiques artistiques, Lass Diarra pourra toujours user de ses contacts dans le football : « Il faut qu’il garde un bon relationnel avec ses anciens partenaires et qu’il les incite éventuellement à acheter ses premières œuvres, ce sera toujours ça de pris. » Mais surtout, selon le galeriste Eric Dereumaux, Diarra a tout intérêt à poursuivre sa carrière de footeux, car « il est probablement dans le meilleur créneau possible pour provisionner ces dix millions… »

Devenir combattant MMA

« La plupart des combattants en MMA gagnent très peu, même pas mille euros le combat, donc comme projet de reconversion pour faire rapidement de l’argent, il peut oublier. » Stéphane Chaufourier est l’un des pionniers du MMA en France et le patron de Atch Productions. Pas question pour lui de vendre du rêve : la pratique du Mixed Martial Arts n’est pas une poule aux œufs d’or. À moins de pratiquer aux États-Unis et de faire partie du très haut du panier. « Le combattant le plus célèbre du moment, Connor Mc Gregor, peut tourner à plus de cinq millions de dollars par combat, mais cela inclut tous ses revenus, notamment les sponsors. » Car les primes sont assez « modestes » à l’UFC, 500 000 dollars pour le ponte McGregor, mais elles ne constituent qu’une base de rémunération. « Les professionnels qui touchent le plus sont ceux qui engendrent le plus de Pay Per View, et donc qui ont une capacité à attirer des téléspectateurs. » Mais ces sommes sont plus à voir comme un chiffre d’affaires qu’un réel salaire, car « il y a beaucoup de frais à engager pour un combattant professionnel de MMA » . Et ce n’est a priori pas Frank McCourt qui ferait l’avance.

Devenir catcheur professionnel

« Bon, déjà, Lassana Diarra, s’il veut bien gagner sa vie dans le catch, faut qu’il parte de suite aux États-Unis parce que c’est là-bas qu’il y a l’argent. En France, les pros font entre 2000 et 6000 nets par mois, mais il faut beaucoup voyager, aller à l’étranger » , explique d’entrée Marc Mercier, ancien champion du monde et actuel président de la Fédération française de catch professionnel. « Dans la WWE(la plus grosse organisation américaine, ndlr), John Cena gagne plusieurs millions de dollars par an, mais c’est aussi parce qu’il touche des droits à l’image, des intérêts sur des produits dérivés. Avec la télévision qui retransmet, cela dynamise tout le reste, or en France, les chaînes ne diffusent que le catch US, alors qu’on devrait avoir minimum 50% de temps d’antenne. » Lassana Diarra peut donc soit franchir directement l’Atlantique et péter les dents de l’Undertaker, soit engager une révolution audiovisuelle en France, « car légalement, les chaînes françaises qui ne nous couvrent pas et se contentent du catch US sont hors la loi » . Mais bon, que l’international français ne se réjouisse pas trop vite et trop tôt, devenir catcheur, c’est du boulot. « Il a une bonne condition physique, mais il va devoir prendre du volume, surtout aux USA, ce sont des gros mastodontes. Et puis il y a la technique aussi, il doit tout réapprendre du début. » Va falloir prendre contact avec Tim Wiese…

Se reconvertir dans le porno ?

Rocco Siffredi n’a pas vraiment de successeur désigné dans le business. Une opportunité pour Lassana Diarra, qui, la trentaine passée, pourrait commencer à être juste pour le foot, mais pas pour le cinéma X. Le producteur Grégory Dorcel ne se prononce pas sur le potentiel du milieu récupérateur, « car nous ne nous exprimons pas sur le potentiel d’un acteur qui ne nous le demande pas ou n’a pas participé à un casting » . Mais quand bien même Lass aurait un don, « dix millions d’euros, c’est beaucoup d’argent » souligne le pro du cinéma pour adultes. « C’est l’équivalent de 16 667 scènes X, soit environ 41 500 heures de rapports sexuels, près de cinq ans non-stop en activité permanente. Toute cette activité pourrait permettre d’être vu dans environ 7600 films X et ce serait l’occasion de rencontrer 21 700 partenaires sexuels ! » À défaut de payer son amende, Lassana Diarra peut néanmoins se faire pas mal de nouvelles amies…

On aurait également pu proposer de :

– signer dans un club chinois qui va lui lâcher une prime à la signature de dix millions d’euros et un salaire à quinze.

– signer en MLS, puis en profiter pour faire quelques piges à l’UFC ou à la WWE.

– jouer à l’Euro-millions.

– braquer plusieurs banques notoirement solvables.

– se présenter à la primaire de la gauche. Ou alors faire comme Emmanuel Macron, violer la primaire de la gauche.

– lancer une cagnotte Leetchi pour son anniversaire, le 10 mars.

– lancer un projet Ulule : un euro par personne avec le patronyme Diarra.

– se faire passer pour mort et refaire sa vie dans un coin perdu.

– négocier serré avec le père Noël, voire prendre en otage un ou deux lutins.

Tous propos recueillis par Nicolas Jucha

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