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L’art du sabotage

Par Théo Denmat
L’art du sabotage

Un but contre son camp, un carton rouge, un dernier tir au but raté... Ce soir, le PSG a raté son match en même temps que sa saison, et prouvé que, peut-être, la malédiction rennaise avait changé de camp.

« Jouons cette finale, on verra après si la saison est ratée. » C’était il y a un jour, c’étaient les mots de Thomas Tuchel, et c’est une question qui mérite réponse. Elle viendra dans les prochains jours, sans aucun doute. Froidement, létalement, analytiquement. D’un point de vue comptable, Paris n’avait pas fait pire saison depuis 2013, avec seulement un trophée remporté, celui de champion de France. Allez, deux, avec le Trophée des champions. Et ce soir, en ayant mené 2-0 après 21 minutes de jeu, Paris a perdu.

De ce match, que retiendra-t-on ? Que le PSG a chuté en encaissant un pion consécutif à une erreur de Kimpembe (40e), et en prenant un but sur corner comme trop souvent ces derniers matchs (66e). Rien de plus glorieux. Cette défaite, comme très (trop) souvent cette saison, relève de l’inexplicable. De l’incompréhensible. Du sans-raison. Thomas Tuchel lui-même a commencé sa conférence de presse d’après-match assez lunaire par ces mots : « C’est difficile à expliquer pour moi. » Une fois de plus.

« Dur de dire que l’équipe n’est pas fragile »

Tout était pourtant là pour faire le job, puisqu’une victoire contre Rennes avec un effectif au complet ne relevait rien d’autre que de cela. Sur la feuille de match au coup d’envoi, Neymar, Di María, Mbappé (sorti de l’hôpital après une douleur à la cheville ressentie vendredi), Bernat… Tous les blessés de ces dernières semaines ou presque étaient au rendez-vous, une échéance fixée depuis un bon bout de temps par l’entraîneur parisien comme ultime objectif sportif de la saison. Que les blessés reviennent avant, pas essentiel. Non, l’important était que les bonhommes soient disponibles pour jouer la finale. Au bout manquaient donc Cavani, sur le banc au coup d’envoi (musculaire), et surtout Thiago Silva, forfait de dernière minute.

Paris a commencé par étouffer son adversaire en multipliant les combinaisons entre le cœur du jeu et les ailes, ouvrant le score via deux buts sublimes d’Alves (13e) et de Neymar (21e)… mais a fini par lâcher le fil. Il suffit d’écouter Tuchel tenter lui-même de trouver une explication : « À la mi-temps, j’ai l’impression qu’on est contents. Que l’on n’est pas attentifs au fait que c’est un match ouvert, alors que c’est notre faute s’il y a 2-1 et pas 4-0. En seconde période, on n’est pas clinique. On joue à moitié. Vous me posez la question de savoir si l’équipe est fragile mentalement, et c’est dur de dire non. » Il n’en a pas. Tuchel ne comprend pas. Il agite les mains, se recoiffe, tente de trouver des réponses : Tuchel ne peut pas expliquer pourquoi le PSG a laissé revenir Rennes dans la partie.

C’est mental, docteur

Si c’est mental, cela peut-il également être tactique ? L’Allemand assure avoir fait au mieux avec les forces en présence, jonglant entre les blessures pour aligner un onze répondant à son dispositif habituel (3-4-3) et ses préceptes (contre-pressing agressif dans la première demi-heure, notamment). Mais les sorties successives de Di María, Dagba puis Draxler pour Paredes, Diaby et Cavani n’ont eu aucun effet sur le jeu parisien, alors que Julien Stéphan n’a effectué qu’un seul et unique changement dans son effectif, préférant la stabilité à la fraîcheur physique. Il fallait aussi voir Bensebaini au sol, perclu de crampes, refuser de sortir quand Mbappé pétait un plomb en agressant le genou de Da Silva.

Au milieu des hypothèses, une certitude même si elle est redondante : Paris a perdu ce match au mental. Ce qui ne signifie pas qu’ils n’en ont pas, mais qu’ils en disposaient ce soir moins que Rennes. Une différence qu’il faut savoir faire, mais qui fait mal. Encaisser un but contre son camp, prendre un rouge dans les dernières secondes, qu’un Titi parisien rate son dernier tir au but… L’ennui avec Paris, c’est que les scénarios imprévisibles deviennent prévisibles. On se le murmurait en secret, que cela devienne public : la réputation de losers de Rennes a, ce soir, probablement confirmé qu’elle avait changé de camp.

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