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Laporte, bloqué sur le palier

Par Nicolas Jucha
Laporte, bloqué sur le palier

Titulaire dans le Manchester City de Guardiola, Aymeric Laporte attend encore son heure avec l'équipe de France. Et si son niveau en fait un sélectionnable en puissance, le contexte actuel des Bleus réduit ses perspectives.

La pelouse de Wembley était bien dégueulasse, la faute à un match de NFL délocalisé à Londres. Mais la performance d’Aymeric Laporte lundi, elle, était propre, comme le plus souvent depuis le début de la saison sous les couleurs de Manchester City. Avec à la clé une courte victoire sur le terrain de Tottenham pour des Citizens (0-1), lancés dans un mano à mano avec Liverpool. Pour le défenseur français, il s’agit d’une nouvelle confirmation, après son transfert en Premier League à l’hiver 2018.

Afin de forcer son passage vers l’équipe de France, le natif d’Agen a quitté sa zone de confort à l’Athletic Bilbao afin d’évoluer dans un top club, dernier critère à remplir pour être sélectionnable en puissance. Près d’un an plus tard, il est devenu un régulier dans le onze de Pep Guardiola, mais n’a pu faire mieux qu’une convocation sans temps de jeu en Bleu. S’il suffisait de s’imposer dans l’une des meilleures équipes du continent et de repousser une concurrence soutenue, alors Laporte serait indiscutable en sélection, vu qu’il a disputé les dix matchs de Premier League et les trois de Ligue des champions de City, pour un but dans chaque compétition. Initialement prévu dans la rotation, il est finalement devenu le pilier, celui à côté duquel alternent Stones, Otamendi et Kompany depuis juillet.

Derrière Mamadou Sakho en équipe de France

Pourtant, au dernier rassemblement de l’équipe de France, lors du forfait de Samuel Umtiti, c’est Mamadou Sakho – qui évolue à Crystal Palace, 14e au classement anglais – qui a été rappelé, plaçant Laporte au mieux quatrième défenseur central gauche des Bleus. « C’est parce que l’équipe de France actuelle, c’est devenu une logique de club » , analyse le jeune retraité Jérémie Bréchet. « Quand un groupe a vécu quelque chose d’aussi fort – ici la victoire en Coupe du monde –, l’aspect humain et l’harmonie du groupe prennent beaucoup d’importance. Il faut renouveler ce groupe, insuffler de nouvelles énergies, mais à chaque nouveau joueur qui entre, il y a un risque de casser l’équilibre. »

Sans aller jusqu’à dire que Laporte pourrait foutre le bordel dans le vestiaire, l’ancien joueur de Lyon, l’Inter ou Bordeaux, comprend le choix Sakho lors du dernier rassemblement : « Deschamps connaît son état d’esprit, il a aussi servi l’équipe, notamment lors de France-Ukraine, et surtout, il n’apparaît clairement pas comme une menace pour Umtiti. » Alors qu’Aymeric Laporte, avec ses références, « il peut prétendre à une place de titulaire à terme » . L’intégrer en Bleu, c’est donc prendre un risque « dans un secteur de jeu aussi sensible que le poste de gardien. En charnière, il vaut mieux deux titulaires bien définis et deux « excellents remplaçants », et quand je dis ça, je ne pense pas qu’à leur niveau, mais à leur capacité à booster le titulaire, plutôt qu’à le fragiliser. »

Victime de l’abondance de bons gauchers

Ancien consultant Premier League pour Canal Plus, Jacques Crevoisier refuse de trop se mouiller, car il ne « regarde plus les matchs anglais avec la même attention professionnelle, seulement pour le plaisir » , mais il consent que l’absence de Laporte en sélection est intrigante, car « quand on est titulaire dans l’un des meilleurs clubs du monde, cela veut dire beaucoup de choses » . Le Basque souffre d’une abondance de talents gauchers au centre quand le poste de latéral droit semble menacé d’un creux générationnel. La solution pourrait consister à s’autoriser un axe central à deux gauchers, mais Bréchet n’y croit pas trop, car même si lui l’a expérimenté une fois à Sochaux, « la plupart des entraîneurs sont OK pour aligner deux droitiers au centre, bizarrement personne n’a jamais osé y mettre deux gauchers sur le long terme, même si la présence d’un joueur sur son pied opposé peut offrir des possibilités de relance intéressantes » .

La foi de Pep Guardiola

Difficile donc de voir Deschamps faire un cadeau au joueur de 24 ans, sauf grosse tuile pour Umtiti, voire Presnel Kimpembe. Et ce, même si Crevoisier pense que le joueur de City « a forcément le profil pour être le futur de l’équipe de France » . Car Bréchet est moins persuadé de son importance : « A-t-on vraiment un besoin impérieux de Laporte ? Malheureusement pour lui, Varane, Umtiti ou Kimpembe ont plus ou moins le même âge, et des petits jeunes comme N’Soki pourraient vite arriver. » Si le talent du Citizen est indéniable, « le plus dur pour lui sera de rentrer dans le groupe, de saisir une opportunité » , prévoit Bréchet. Or, en 2016, il avait loupé le bon wagon à cause d’une fracture de la malléole à quelques mois de l’Euro, alors que l’hécatombe en charnière centrale avait permis à Samuel Umtiti d’être intégré aux 23 dans le money time. Un grand destin tient parfois à peu de choses, et si Didier Deschamps n’a pas encore donné sa chance à Laporte, Pep Guardiola ne doute pas que son avenir sera « tôt ou tard » en équipe de France.

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Par Nicolas Jucha

Propos de Jérémie Bréchet et Jacques Crevoisier recueillis par Nicolas Jucha

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