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L’Ajax, faillite totale

Par Douglas de Graaf
L’Ajax, faillite totale

À l'issue d'une ultime défaite contre Valence à domicile (0-1), l'Ajax a été éliminé sans gloire de la C1, alors qu'il lui suffisait d'un match nul pour passer l'hiver. Une nouvelle preuve que le club néerlandais parle chinois quand il s'agit de gérer un résultat, mais aussi le fruit d'une série d'échecs sur le terrain et en dehors. C'est confirmé : la partie joyeuse des cycles ne dure jamais bien longtemps à l'Ajax.

Inimaginable. Impensable. L’Ajax, demi-finaliste de C1 l’an passé, cette même équipe qui avait soufflé sur la compétition un immense vent de fraîcheur et de folie de jeu offensif, ne verra même pas les 8es de finale cette saison. Son bourreau ? Valence, vainqueur (1-0) à l’AmsterdamArena et qui se qualifie aux côtés de Chelsea pour la suite. Des Chés pourtant privés d’une farandole de joueurs-clés et en mauvaise posture dans ce groupe, au contraire de Lanciers qui n’avaient besoin que d’un point pour se qualifier. Une fois l’onde de choc passée, les pontes ajacides vont devoir se poser les bonnes questions et trouver des réponses aux constats d’échec. Qui sont nombreux.

(Indi)gestion

Tout en haut de la pile : la gestion du résultat. Jouer, aller de l’avant sans calculer, réciter ce football total quel que ce soit le contexte, font partie de l’ADN de ce club. La moindre tentative de dévier de cette identité – en tentant de gérer ou préserver un résultat – avait déjà été sanctionnée impitoyablement la saison dernière, lorsque l’Ajax s’était mis à reculer après avoir mené au score contre Tottenham en demi-finale retour de la C1 (2-3). « Plus jamais ça » , avait-on juré du côté d’Amsterdam. Pourtant, cette façon de jouer contre-nature, les Lanciers l’ont répétée à trois reprises lors de cette campagne. Deux fois contre Chelsea – en voulant se contenter du match nul à Stamford Bridge et en se faisant punir par un but tardif (0-1), puis en s’asseyant sur trois buts d’avance à la Johan Cruijff Arena (4-4) – et une ultime fois contre Valence (0-1), mardi soir. Là où tant d’équipes se seraient « contentées » du match nul, le « vrai » Ajax a préféré chercher à gagner à tout prix. Parce que gérer, l’Ajax ne sait tout simplement pas ce que c’est.

Le deuxième mal qui a touché l’Ajax lors de cette campagne est la perte d’effet de surprise et de fraîcheur. Désormais prévenues, les équipes du Vieux Continent savent ce qui les attend si elles s’exposent trop. Contre un bloc plus bas, face à un impact physique intense et sans possibilité de mettre du rythme, l’Ajax a beaucoup plus de mal et ses adversaires du groupe H l’ont bien compris. Mais le ver est avant tout dans le fruit. Et si l’Ajax n’a pas réussi à forcer son destin cette saison, c’est qu’il n’a pas mis les ingrédients pour. Où sont passées les courses incessantes, le mouvement autour du porteur de balle, le surnombre apporté par les milieux et les défenseurs, les redoublements, le jeu en une ou deux touches ? L’usure mentale a fini par toucher une ligne offensive qui n’a quasiment pas bougé et qui n’avait peut-être plus la volonté de répéter les efforts démentiels requis pour le football total. Le symbole de ce naufrage ? Dušan Tadić, époustouflant la saison dernière, et qui n’a pas marqué le moindre but dans cette phase de poules.

Un habitué des montagnes russes

Mais le secteur le plus concerné reste forcément la défense. Chamboulée par le départ de Matthijs de Ligt, l’arrière-garde alignée contre Valence était pourtant identique à celle de l’exercice précédent (Mazraoui – Blind – Tagliafico). Sauf qu’entre-temps, l’entraîneur Erik ten Hag avait prévu de faire pousser une charnière centrale toute neuve, avec la recrue Lisandro Martínez et le jeune Perr Schuurs dans les rôles principaux. Mais le premier ayant enchaîné les prestations catastrophiques et le second se révélant encore trop tendre, le technicien chauve a passé de longs mois à tester de nouvelles combinaisons avant d’enfin trouver la « bonne » formule : Joël Veltman, latéral droit de métier pas réputé pour ses qualités défensives, et Daley Blind, qui s’était préparé à évoluer milieu cette saison. Ajoutez à cela Noussair Mazraoui, blessé pendant plusieurs mois et remplacé par un Sergiño Dest bourré de talent offensif, mais terriblement friable derrière…

Lors de l’épopée 2018-2019, le mélange entre les jeunes pousses de la formation, les tauliers d’expérience et les recrues venues de l’extérieur avait fonctionné à merveille. Cette saison, il a tourné au vinaigre. Si les cadres (Blind, Tadić) et les promesses du sérail (Schuurs, Lang) ont été de qualité inférieure par rapport à l’exercice passé, c’est surtout le fiasco de l’intégration des transfuges qui est en question. Près de 50 millions d’euros ont été investis au mercato d’été, et exception faite du seul Quincy Promes (formé à l’Ajax), aucune recrue n’a apporté pleine satisfaction. Le tandem Edson Álvarez – Lisandro Martínez a fragilisé le milieu, tandis que le prometteur Răzvan Marin a fait flop. Une faillite logique : les jeunes recrues ont besoin de beaucoup plus de temps qu’une moitié de saison pour s’adapter au moule Ajax et apprivoiser le très haut niveau. Pour les plus réalistes, cette élimination fait simplement partie de l’ordre des choses dans l’éternel cycle de la reconstruction de l’Ajax, habitué à bâtir, être démantelé et bâtir de nouveau. Reste simplement que cet Ajax nous avait habitué à tellement mieux la saison dernière. Il appartient au club de faire en sorte que l’exercice 2018-2019 ne reste pas qu’un coup d’éclat et que la fade cuvée 2019-2020 ne s’érige pas en norme.

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