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La voie royale du FC Versailles

Par Andrea Chazy
La voie royale du FC Versailles

Seule équipe encore invaincue sur les quatre premières divisions françaises, le FC Versailles 78 vit un début de saison de rêve sur le plan sportif en tête du groupe A de National 2. En coulisses pourtant, les dernières semaines ont été mouvementées : le président historique, Daniel Voisin, a claqué la porte après 25 ans au club, tandis que Jean-Luc Arribart est arrivé en tant que directeur général de la récente SAS créée par les nouveaux actionnaires. Le début d'une nouvelle ère ?

À l’instar des géants que sont le SSC Naples, l’AC Milan, Porto ou le Sporting Portugal, le FC Versailles 78 n’a lui non plus toujours pas connu la défaite en championnat depuis le début de la saison. Une invincibilité qui fait figure d’exception en France sur les cinq premières divisions et qui se vérifie également en Coupe de France. Du côté de Lumbres (R1), à quelques encablures de Saint-Omer dans les Hauts-de-France, le club yvelinois de National 2 a ramé avant de finalement faire respecter la hiérarchie (2-3) pour accéder au huitième tour le week-end dernier. « Ce fut difficile, mais l’essentiel est assuré », soufflait après la rencontre le coach versaillais, Youssef Chibhi. Depuis le début de saison, c’est souvent le cas d’ailleurs : le FC Versailles souffre, mais à la fin, c’est lui qui repart souvent avec les trois points ou la qualif en poche. Après onze journées, l’équipe favorite de Louis XIV trône logiquement en tête de sa division à égalité avec la réserve du FC Lorient qui ne peut pas monter. De quoi nourrir des rêves de National 1, un niveau que le club n’a plus atteint depuis la fin des années 1980, tout en risquant d’être dévoré par la folie des grandeurs. Un cas de figure qui n’avait pas vraiment réussi à Louis de Funès dans l’œuvre de Gérard Oury il y a cinquante ans tout pile.

Le premier match à Romorantin, j’étais super stressé, car je ne voulais pas être le chat noir !

La foire du trône

Si le FC Versailles semble naviguer à l’abri du courant depuis la fin de l’été, la barque de la couronne a pourtant vécu quelques jours agités depuis l’après-Toussaint. Le 7 novembre, Daniel Voisin, le président historique et repreneur d’un club à l’agonie en huitième division en 2004, quitte le club pour des « désaccords » avec Youssef Chibhi ainsi qu’avec « les nouveaux investisseurs qui ont rejoint le club au printemps dernier. » Le lendemain, Jean-Luc Arribart était nommé directeur général de la SAS (Société par actions simplifiée) et devient le nouvel homme fort du club versaillais. « Ma seule crainte, c’était d’arriver et que la dynamique sportive soit gâchée, confie aujourd’hui Arribart. Le premier match à Romorantin (3-1), j’étais super stressé car je ne voulais pas être le chat noir ! » Pour comprendre comment l’actuel et historique consultant de Canal+ s’est retrouvé là, il faut rembobiner quelques mois en arrière.

Au moment de passer devant la DNCG l’an dernier, Daniel Voisin faisait lui face à une réalité qu’il ne connaît que trop bien : avec son budget de 350 000 euros dédié à l’équipe première, son club est l’un des plus petits du National 2. Le club a beau être l’un des plus importants de France en matière de licenciés (plus de 1200), il ne pèse alors que la moitié d’un budget moyen dans cette division. Daniel Voisin pense donc déjà à créer une SAS pour faire venir de nouveaux investisseurs et ainsi permettre au club de continuer à grandir. Bingo : Fiducim – City-Gc, une société de promotion immobilière, a en tête depuis un bon bout de temps de s’impliquer dans le foot, et le profil de Versailles plaît beaucoup aux deux actionnaires. « C’était déjà dans les tuyaux l’année dernière, mais ça a pris du temps pour de multiples raisons, poursuit Arribart. Je m’étais déjà rapproché du club, car on pensait que ça allait se faire rapidement. J’avais déjà rencontré le coach, mais rien n’était encore signé ou validé. J’ai donné quelques conseils, mais je me suis éclipsé rapidement car les choses n’étaient pas faites. » Le 24 avril 2021, le deal est officialisé, et Fiducim – City-Gc devient bien plus qu’un sponsor maillot. Il doit permettre au club, déjà affilié à l’AS Monaco, de devenir « une référence dans le domaine de la formation ».

Je trouve qu’en faisant cela (renouveler 80% de l’effectif), on envoie le même message que le PSG envoie à ses jeunes : si vous voulez jouer, il va falloir aller autre part.

« Quand on a créé la société, on a souhaité que les valeurs mises en place depuis des années puissent perdurer au sein du club, confie aujourd’hui Daniel Voisin. On ne voulait pas un comportement de « Qatari du foot amateur » en mettant des sommes phénoménales, car ça ne correspondait pas à l’ADN de formation présente au FC Versailles depuis des années. » Mais dès le mercato estival, les premières divergences arrivent entre Youssef Chibhi et Daniel Voisin. Cet été, l’effectif a été renouvelé à 80% et la plupart des nouveaux venus sont des joueurs d’expérience de N2 ou même de N1 comme Diego Michel (ex-Red Star). Pas vraiment l’idée que se faisait l’ex-président de l’utilisation de ces nouveaux moyens (le budget a été multiplié environ par cinq, NDLR) : « J’aurais préféré qu’on reste humble. Je trouve qu’en faisant cela, on envoie le même message que le PSG envoie à ses jeunes : si vous voulez jouer, il va falloir aller autre part. » À cela, la version des actionnaires et d’Arribart est tout autre : « Youssef Chibhi fait du très bon boulot depuis des années. Il connaît bien Paris et sa région, ainsi que le championnat de N2. Il a pris des joueurs qui ont une expérience de ce niveau ou du niveau supérieur, ça a été assez bien pensé. Aujourd’hui, on a une équipe qui, par ses résultats, confirme que le recrutement a été bon. » En fin de compte, quelque chose de profond s’est cassé entre Chibhi et Voisin : « Depuis le début de saison, on a eu des joueurs ou des membres du personnel qui ont été remerciés de manière peu chevaleresque. Ces décisions émanaient de l’entraîneur, mais c’est de ma faute, car je lui ai laissé beaucoup trop de liberté, reconnaît l’ancien boss du FCV. Ce qui m’a poussé à me retirer, c’est un ensemble. »

Direction National 1 ?

Deux visions s’opposent pour le club et, si le sportif n’en pâtit pas, une décision doit être prise. Entre Chibhi et Voisin, les actionnaires font leur choix : c’est vers le responsable de la N2 que va leur préférence. « On veut aujourd’hui accompagner Youssef pour organiser le club autour de lui et le décharger de certaines tâches, explique Arribart, en tant que nouveau directeur général du FC Versailles. Encore aujourd’hui, il s’occupe encore du recrutement, il réserve des hôtels, il réserve des cars, en rentrant de Neuilly-sur-Marne c’est lui qui conduisait le car que certains idiots avaient défoncé… Il fait tout ! » S’il y a une chose sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est bien sur la compétence de celui qui préfère rester à l’écart des sollicitations médiatiques. Là où la direction est plus prudente en revanche, c’est au moment de dévoiler quelles sont les ambitions réelles du club pour cette saison. Si la volonté d’accéder au National 1 n’est pas publiquement exprimée, elle est envisagée : « Si je dis que notre ambition est de rester confortablement installé en N2, je vais mentir, avoue Arribart. Aujourd’hui, tout le monde se dit que c’est une opportunité formidable et que si cela arrive, on ne va pas se gêner. On n’a pas envie pour autant de jouer les fanfarons et de se prendre pour le Paris Saint-Germain. »

Et pour cause : remonté en National 3 il y a quatre ans, le FC Versailles n’est pas encore totalement prêt à l’heure actuelle pour répondre à toutes les exigences de la troisième division nationale. Arribart : « Si on a la réussite jusqu’au bout et qu’il y a une montée, il faut anticiper et travailler avec la ville pour être capable de répondre au cahier des charges pour le National 1. À Versailles, il y a des contraintes liées aux bâtiments de France avec la proximité du château par exemple. Aujourd’hui par exemple, on s’entraîne dans de bonnes conditions à Porchefontaine, mais l’équipe première est toujours dans un vestiaire qu’elle partage avec toutes les autres catégories avec un créneau horaire. » Pour ce qui est du futur de Daniel Voisin, personne ne sait vraiment s’il reviendra au club au sein de l’association. Même lui hésite encore, par peur que les gens disent : « Ils l’ont mis dehors, mais lui reste quand même. » Mais on ne reste pas dans un club aussi longtemps sans se rendre indispensable sur certains points. Même encore aujourd’hui, alors que le FC Versailles reçoit l’AS Poissy le 28 novembre prochain dans son antre de Montbauron : « Ils ne savent pas encore vraiment comment organiser le match, avance l’ancien président. La preuve : pour faire la billetterie ou pour organiser la réunion avec la police ou la mairie, c’est moi qu’on a appelé. Mais je tiens à préciser : quand le club gagne ou s’il est amené à monter, j’en serai le premier content. » Ce n’est pas la place qui manque à la cour de Versailles.

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Par Andrea Chazy

Tous propos recueillis par AC.

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