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La vie des Clarets

Par Maxime Brigand
La vie des Clarets

Cette fois, c'est officiel : Burnley retrouvera la Premier League la saison prochaine et la Premier League pourra de nouveau prendre dans ses bras la barbe rousse de Sean Dyche. C'est un plaisir pour le cœur, pas toujours pour les yeux. Chronique d'un retour annoncé avec une évolution à enclencher.

Personne ne voulait plus de lui. Pendant de longues semaines, Joey Barton est resté assis sur son canapé à attendre que son téléphone vibre. Au point même d’imaginer, parfois, des appels qui n’existaient pas. Le 27 mai dernier, l’international anglais (une sélection) se voyait laisser sur le côté par les Queens Park Rangers. Trop cramé, moins percutant qu’hier. Barton n’était plus le même et se dirigeait alors vers une fin prématurée après une négociation ratée avec West Ham et un rejet profond des supporters des Hammers. Lui mettait cette situation sur le compte de « dirigeants paresseux » , du manque d’intelligence de certains clubs de Championship. Et Sean Dyche est arrivé avec sa gueule de taulard, sa barbe rousse et sa voix de fumeur névrotique. Autour d’une omelette et avec un objectif simple : panser les plaies d’un effectif miné par une relégation en deuxième division nationale et retrouver de l’expérience après les départs du prodige Danny Ings à Liverpool, de Kieran Trippier à Tottenham, alors que Jason Shackell filait à Derby County. Barton avait alors le profil idéal du gueulard recherché par « le Mourinho roux » pour donner du caractère à son Burnley. « Si vous voulez monter en Premier League, je suis l’homme qu’il vous faut » , a même lâché l’ancien joueur de l’OM. C’était il y a maintenant neuf mois. Sean Dyche a depuis terminé dans une douche, Joey Barton avec.

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De l’amour du réalisme

La nouvelle a été officialisée en début de semaine. Quelques heures après la bataille perdue à domicile par Brighton face à Derby County (1-1), Burnley a confirmé son retour en Premier League grâce à un succès symbole face aux Queens Park Rangers (1-0). Symbolique ? Oui, car une nouvelle fois, les Clarets n’ont pas vraiment brillé dans le jeu et ont assuré leur promotion grâce à un réalisme terrible de Sam Vokes qui a marqué sur l’une des deux seules frappes de son équipe. Comme une constante avec la troupe de Dyche qui a toujours avancé avec « le sang-froid » de ses joueurs sans accepter le terme de « lutte » . « Le terme « lutter » implique la difficulté, alors que nous, on construit sur et en dehors du terrain. Avoir suffisamment de points pour rester en Premier League, ce n’est pas une lutte, c’est un challenge » , expliquait l’entraîneur la saison dernière. Cette saison, Burnley a avancé comme un rouleau compresseur, repartant sur les bases posées en Premier League lors de la saison 2014-15 (19e) et restant invaincu depuis 22 rencontres – la dernière défaite en Championship remontant au 26 décembre 2015, sur la pelouse de Hull City (0-3). C’est le tableau général, au-delà d’un jeu pas forcément clinquant, des victoires tirées par les cheveux, des faiblesses cachées par la réussite de la doublette offensive Vokes-Gray (38 buts à eux deux) et d’un Joey Barton garantie de l’équilibre du groupe.

L’exemple Bournemouth

Finalement, voir revenir Burnley en Premier League est tout sauf une surprise. Cet effet est désormais passé dans la plus petite ville de l’élite (75 000 habitants) et dans un club qui avance avec un budget serré. Lors de leur dernier passage en PL, les Clarets avaient refusé le rôle de victime, faisant chier les gros à plusieurs reprises en avançant en permanence selon « leurs principes de jeu » . Sean Dyche refuse de se prostituer, de changer, et ce, malgré les supporters qui demandaient hier sa tête. Son ambition est simple : des économies, des joueurs britanniques pour la majorité et du jeu, toujours du jeu, comme il l’a appris, joueur, sous les ordres de Brian Clough à Nottingham Forest. Avec, en plus, à l’approche d’une éventuelle promotion, une faculté à muscler son discours devant la presse pour parler « des couilles » de son effectif. Dyche ne triche pas et refuse que ses joueurs le fassent. C’était déjà le cas il y a deux ans, ce le sera encore la saison prochaine. Burnley n’a pas forcément les meilleurs footballeurs, est loin d’avoir les techniciens les plus fins, mais possède certainement une pincée de gros couillus, à l’image du vieux George Boyd ou de Scott Arfield.

Reste que ce refus de l’évolution dans le système est aussi le frein des ambitions des Clarets. L’été prochain, Burnley sera certainement plus Bournemouth que Leicester, mais devra surtout apprendre à lâcher le carnet de chèques pour se muscler dans l’approche de la Premier League. L’expérience peut s’acheter ailleurs, elle ne peut pas s’inventer. Leicester l’avait compris en allant chercher Cambiasso, Upson ou encore Schwarzer lors de l’été 2014. Bournemouth aussi avec Boruc et Distin. C’est la mission de Sean Dyche, là où il doit évoluer pour grandir et assouvir ses ambitions mesurées. Car il sait aussi que monter en Premier League cette saison est une aubaine financière avec l’insuline injectée par les massifs droits télés afin, aussi, de cesser avec le yo-yo. « J’ai eu des moments difficiles.(…)Il serait erroné de penser que mon parcours d’entraîneur est un long fleuve tranquille. J’ai expérimenté des eaux calmes, mais aussi des eaux houleuses » , aime raconter Dyche. Aujourd’hui, les turbulences n’existent plus, et Burnley doit définitivement prouver que sa place est plus haut.

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Par Maxime Brigand

Propos de Sean Dyche recueillis par NJ dans le SO FOOT Club numéro 10.

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