- Liga
- J30
- Séville-Barça (2-2)
La tournée du Barça
Dans le bouillant Sánchez-Pizjuán, le Barça semblait condamné à perdre son premier match de la saison en Liga contre Séville. Une entrée de Lionel Messi plus tard, voilà ce Barça 2017-2018 toujours invincible et en passe de faire partie des équipes légendaires.
Parfois, des signes comportementaux valent bien plus que des mots. Sur le bord du terrain, Leo Messi toise discrètement du regard Luis Muriel, second buteur de la partie pour le FC Séville, avant de jeter un coup d’œil au panneau d’affichage pour visualiser le temps restant dans la partie. Une demi-heure plus tôt, le Barça manquait de fluidité offensive, orphelin de La Pulga préservée pour le quart de finale aller face à l’AS Rome. Face à cette prestation, le remplaçant d’un soir gratte sa barbe rousse avec tranquillité avant de terminer ses étirements, d’enlever sa chasuble, puis son survêtement, et d’entrer à la place d’Ousmane Dembélé, décevant. La mission de Messi ? Toujours l’impossible, à savoir remonter ce score défavorable de 2-0 et permettre aux siens de rester invaincus en Liga.
L’ennemi public numéro un
Depuis la défaite du FC Porto sur le terrain de Paços de Ferreira le 11 mars dernier (1-0), le FC Barcelone est le seul club des six grands championnats européens invincible en championnat. Terminer invaincu en Liga, cela ne s’est vu que sous un format à dix clubs dans les années 1930, plus jamais ensuite. En Liga, vaincre le Barça devient donc un réel objectif pour éviter de voir les Culés se pavaner en fin de saison. À Séville d’ailleurs, tout avait l’air du parfait guet-apens : un stade hostile qui n’hésite pas à célébrer l’entrée de Messi sous une pluie de sifflets, un adversaire toujours en lice dans toutes les compétitions possibles (qualifié en finale de Coupe du Roi contre le Barça, quart de finale de C1 à venir face au Bayern Munich), et bien entendu des absences remarquées dans le onze de départ : Messi, mais aussi le métronome Sergio Busquets, encore convalescent.
Dans ce climat tendu, le Barça part en croisade et affronte une équipe qui, malgré le fait que sa qualification pour la prochaine C1 soit très incertaine, se retrouve en répétition générale avant de poursuivre son parcours européen. La partition est impeccable, seule manque une meilleure finition. Avant l’entrée de Messi, Jesús Navas puis Franco Vázquez gâchent de réelles balles de 3-0. Après l’entrée de Messi, Muriel et Miguel Layún font de même. Le banc sévillan devient fou, car les données sont connues : depuis le début de saison, le Barça avait empoché seize points après avoir été mené au score. Voilà donc le dix-septième, récolté contre les Palanganas. « Nous étions tous énervés dans le vestiaire, expliquait Vincenzo Montella à la figure décomposée en conférence de presse. Quand tu dois marquer pour tuer le suspense, il faut marquer. » Parole d’ancien artilleur romanista.
Voir Barcelone et mourir
Galvanisés, les Catalans se sont mis à y croire grâce à un but tardif de Luis Suárez en bon renard des surfaces (2-1, 88e). Et comme Séville avait manqué toutes ses occasions, comme la détente de Sergio Rico était moins fraîche que la frappe enroulée pied gauche de Leo Messi, Séville se fait sanctionner dans la foulée (2-2, 89e). « Messi devait entrer en deuxième période, c’était prévu, dévoile Ernesto Valverde, calculateur. Son entrée était planifiée dans le cas d’une situation comme celle-ci, voire pire que celle-ci. » Avec un entraîneur cérébral à sa tête, ce Barça-là n’est sans doute pas le plus beau à voir jouer durant la dernière décennie, mais son efficacité diabolique dans les moments cruciaux devient une vraie marque de fabrique.
76 points, 30 matchs, 23 victoires, 7 matchs nuls. À huit journées du terme d’une Liga qui lui semble promise, le Barça vient sans aucun doute de faire le plus gros du chemin. Les Azulgranas ont joué tous leurs matchs dans Madrid et sa banlieue pour trois victoires et un nul, leur match à Valence, à Villarreal, à Saint-Sébastien, à Bilbao et à Séville. Sur leur fin de parcours, quatre réceptions de haut vol sont prévues face à la forteresse Leganés, la renaissante Valence, le terrible Real Madrid et l’esthétique Villarreal, pour deux déplacements en Galice, à Vigo et La Corogne. Rien n’est encore fait dans cette quête d’une saison similaire à celle d’Arsenal lors de la Premier League 2003-2004, mais plus les journées sans défaite défilent, plus le Graal se rapproche pour le Barça. Et qui sait, Arsène Wenger pourrait peut-être partir l’esprit tranquille, un successeur en poche…
Par Antoine Donnarieix