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La Russie enterre les Pharaons

Par Maxime Brigand, au stade Krestovski
La Russie enterre les Pharaons

Trois nouveaux buts, la confirmation de la naissance d'une unité nation-sélection, une seconde victoire en deux matchs : oui, voilà la Russie déjà qualifiée pour les huitièmes de finale de sa Coupe du monde. Et c'est l'Égypte qui trinque.

Russie 3-1 Égypte

Buts : Fathi (47e, c.s.c.), Cheryshev (59e) et Dzyuba (62e) pour la Russie // Salah (73e, s.p.) pour l’Égypte.

Il fallait que ça pète, vraiment. La journée, rythmée par des seaux d’eau tombant sur la tronche des aventuriers de l’histoire, l’exigeait et ne demandait qu’un truc : une éclaircie, une étincelle, un crépitement. Le public, venu s’installer en tribunes comme s’il débarquait à un carnaval géant, était également sur le coup, le DJ ne parvenant pas totalement à le calmer et la présence de Mohamed Salah sur la piste ne faisant qu’exciter les corps. Oui, c’est passé : solide, bousculée sans trop plier, la Russie a tamponné une deuxième victoire en deux rencontres face à l’Égypte (3-1), validé sa qualification pour le deuxième tour (à 99%) et surtout fracassé les livres d’histoire. Parce qu’elle n’avait plus gagné deux matchs de suite depuis novembre 2015, déjà, mais surtout parce que voilà une première : jamais dans l’histoire post-URSS, une équipe de Russie n’avait dépassé la phase de poules d’une Coupe du monde. Parfait.

La compétition, la vraie

Deux confirmations là-dedans : ce pays n’a pas organisé cette Coupe du monde pour se faire sortir du bocal en trois coups de cuiller à pot, et Stanislav Cherchesov, le maître du spectacle servi à la nation, n’est pas là pour blaguer. C’était le sens de son approche médiatique de la rencontre, cela aura été le message passé par la feuille de match qu’il a balancée au visage d’un Héctor Cúper récupérant mardi soir l’archet de son violon : Mohamed Salah, évidemment. Avec le monstre Dzyuba, un homme à dos voûté sur 196 centimètres désarticulés, préféré au coup d’envoi à Fedor Smolov, la Sbornaya a débarqué dans sa seconde soirée du Mondial avec le cœur, la tête et les tripes. Ce qui s’est déplié ainsi : un pressing agressif au milieu, où l’Égypte a ouvert sa rencontre en multipliant les pertes de balle suicidaires, une volonté affichée de tabasser en contre et quelques flèches loin de la cible (un pétard de Golovin, un autre de Cheryshev). Ce chapitre aura duré trente minutes, soit le temps nécessaire pour pousser Cúper à bout et le voir réarticuler son équipe dans un 4-4-2 plus équilibré, qui a permis aux Phararons de mieux boucler le premier acte, Trezeguet lâchant notamment un enroulé presque délicieux (16e), Zhirkov sauvant la patrie devant Salah (34e) et la touffe de Liverpool s’offrant une balle en or avant la pause (42e). Voilà la Russie le nez dans la compétition, la vraie.

Début d’hystérie

De cet angle de vue, c’est autre chose qui s’invite : la gestion des nerfs, la maîtrise des détails, la chance aussi, évidemment, dans une rencontre qui se sera avant tout jouée sur la capacité des Égyptiens à enchaîner les séquences et à gérer un nombre de fautes hallucinant. Sur le premier centre de la seconde période, tout y est passé : El-Shenawy qui s’arrache pour dégager un centre de Golovin (pourquoi ne pas le capter ?), le manque d’agressivité de ses potes à la retombée, Roman Zobnin, une nouvelle fois très bon mardi soir, qui allume à l’entrée de la surface, et Ahmed Fathy, le capitaine de la bande, qui découpe la trajectoire et trompe son propre gardien (1-0, 47e). Un rebondissement cruel et une bascule. Dans la foulée, Salah croque une balle d’espoir et… revoilà Denis Cheryshev ! Où ? Au bout d’une superbe combinaison enclenchée par Samedov, poursuivie par Mario Fernandes et conclue de près par le joueur de Villarreal, gâchette de ce début de Mondial (2-0, 59e).

La suite ? C’est un pays qui tombe définitivement dans les bras d’une sélection qu’il ne voulait au départ pas regarder dans les yeux, Dzuyba qui ajoute un troisième but (3-0, 62e) et le vaisseau Krestovski qui décolle pour de bon alors que Trezeguet bazarde une balle de 3-1 avant de se barrer (68e). Forcément, la VAR s’invite et offre une réduction du score tout sauf illogique à Salah (3-1, 73e), en refuse une seconde qui aurait dû être sifflée pour une faute évidente sur Marwan Mohsen, mais la pièce a déjà cessé de tourner dans l’air malgré la bonne fin de match à l’orgueil de l’Égypte : voilà la Russie avec son billet pour les huitièmes de finale de son Mondial et Saint-Pétersbourg drapé dans un vrai début d’hystérie.


(4-2-3-1) : Akinfeev – M. Fernandes, Kutepov, Ignashevich, Zhirkov (Kudryashov, 86e) – Gazinski, Zobnin – Samedov, Golovin, Cheryshev (Kuzyayev, 74e) – Dzyuba (Smelov, 79e). Sélectionneur : Stanislas Cherchesov.

(4-2-3-1) : El-Shenawy – Fathi, Gabr, Hegazy, Abdel-Shafy – Hamed, Elneny (Warda, 64e) – Salah, Saïd, Trezeguet (Sobhi, 68e) – Mohsen (Kahraba, 82e). Sélectionneur : Héctor Cúper.

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