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« La remontada de la France » ? Montebourg en situation de hors jeu

Par Nicolas Kssis-Martov
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La présidentielle se profile. Arnaud Montebourg a décidé de se lancer parmi la pléthore des candidats d’une gauche plus que jamais éparpillée façon puzzle. Son slogan ? « La remontada de la France », décliné dans toutes les thématiques de son glorieux programme. La démonstration une fois encore qu’en matière de récupération, la politique, du moins en France, ne sait toujours pas y faire, faute sûrement d’en maîtriser vraiment les codes et l’histoire, même immédiate.

C’est donc officiel. L’ancien ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique sous François Hollande sera candidat à la présidentielle 2022. « Vous l’avez compris, je suis venu ici pour éviter à la France la douleur d’un deuxième quinquennat Macron ou le danger d’un premier quinquennat Le Pen », tweete-t-il avec la modestie qui sied en pareille circonstance. Pour conclure, un mot-dièse rappelant plutôt de mauvais souvenir : #laremontada. Car le socialiste promet ni plus ni moins une remontada de la France face aux grandes puissances de ce monde, qu’elles soient géopolitiques ou financières.

Peu de surprise sur le fond dans cet énième épisode d’une gauche du PS en voie d’émancipation (de Marceau Pivert au sein de la SFIO sous le Front populaire à Jean Poperen dans les années 1980), désirant incarner une alternative entre la sociale-démocratie molle et la gauche dure ex-communiste, aujourd’hui étiquetée France insoumise. Toutefois, l’usage de ce terme propose une singularité qui se veut de son temps ou moderne. On imagine déjà le brainstorming dans son équipe rapprochée qui a abouti à cette brillante association d’idées. Donc « La remontada de la France » se décline en thématiques, dont une remontada républicaine. Courage à ceux qui vont devoir expliquer à Jean-Pierre Chevènement à quoi renvoie cet emprunt à la langue de Cervantes. Pas besoin d’être un génie diplômé de Sciences Po pour deviner qu’il s’agit d’une petite astuce tournée vers les réseaux sociaux pour rajeunir l’image d’un programme très gaullo-communiste sur le fond : industrialisation, indépendance nationale, sixième République, « sévérité républicaine » ou encore « retour à la terre » (no comment).

Illusion populiste du football

Arnaud Montebourg n’est certes pas le premier dans sa famille politique à tenter d’envahir le terrain du football, avec un certain manque de tact généralement ou de sincérité souvent. Or ce dernier point est paradoxalement indispensable pour qu’une récupération fonctionne. Jean-Luc Mélenchon s’était ainsi déplacé au Vélodrome, lui dont personne ne cache le peu d’appétence pour le ballon rond, sûrement aiguillé par des conseillers qui lui avaient soufflé la nécessité d’un passage en tribune pour amadouer le peuple phocéen. Dans un autre registre, François Hollande, certes plus connaisseur, avait surjoué une amourette pour le Red Star, censée illustrer son ancrage de président de gauche face à un Sarkozy pro-PSG. La démarche n’a rien de neuf. Dans les années 1930, Jean-Pierre Vernant, alors jeune sorbonnard bourgeois, future grande figure intellectuelle communiste et résistante, décida d’aller jouer aux Arènes de Lutèce pour « prendre contact avec les masses laborieuses », en l’occurrence des travailleurs des halles aux vins. Plus récemment, c’est Emmanuel Macron qui invitait, lors de son déplacement à Marseille, Dimitri Payet et Pablo Longoria, histoire de souligner son attachement à ce club et son identité, sa proximité avec les mêmes passions que ces milieux populaires.

Un slogan diviseur

Toutefois, la faute de goût d’Arnaud Montebourg, avec l’usage du terme « remontada de la France », s’élève un niveau au-dessus. Passons sur l’emprunt d’un terme d’une langue étrangère chez un tel amoureux du français. « Je suis venu proposer à nos compatriotes un projet à partager ensemble : la remontada de la France. » Sortir une telle phrase depuis sa Nièvre natale, c’est omettre, voire ignorer, ce que représente et symbolise dans la mémoire collective du pays ce mot. Une raclée mémorable, mais aussi historique au mauvais sens du terme, qui privait le PSG de QSI des quarts de finale. Un trauma pour les supporters parisiens. Mais aussi une source de joie, d’amusement ou d’ironie pour une grande partie du reste de l’Hexagone, de Marseille à Lille. Car contrairement à ce que pense notre souverainiste, personne ne soutient plus par patriotisme obligatoire le dernier club de Ligue 1 le mieux placé en Coupe d’Europe. Cette manière de vivre le foot, façon épopée des Verts, a disparu depuis que l’Hexagone s’est dotée d’un minimum de culture foot, notamment dans ses gradins et ses virages. Importer la remontada dans notre champ politique hexagonal revient à s’adresser aux Françaises et Français en les divisant d’office, ne serait-ce que par le ressenti ou le souvenir qu’ils gardent de l’événement originel. Ou est-ce peut-être une main tendue à Manuel Valls ?

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