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La lettre de motivation de Gérald Baticle pour entraîner l’OL

Par Maxime Brigand
La lettre de motivation de Gérald Baticle pour entraîner l’OL

Alors que Sylvinho a été éjecté du banc de l'OL lundi soir, le bal des candidats débute autour de Jean-Michel Aulas. Et si la solution était finalement sous le nez du président lyonnais ?

« Cher Jean-Michel,

Je peux vous appeler Jean-Michel ? Bon, pas le temps pour les politesses, la maison brûle et 969 jours après la grippe post-derby 2017 de Bruno, qui m’avait poussé sur un banc du Roudourou un après-midi de février, nous y revoilà : l’OL s’est de nouveau fait cogner dans un derby et vous avez donc décidé de me refiler, là encore, le bébé. Je ne vous en veux pas, il paraît que filer une patate chaude à un mec né à Amiens fait partie de notre époque. D’ailleurs, ce qui me rassure, c’est que les gilets jaunes sont déjà passés par l’outil connecté et ont tout raflé il y a dix jours. Ouf. Parlons vite, parlons bien. Déjà, Jean-Michel, je voudrais vous remercier. Merci de m’avoir permis de travailler pendant ces quelques semaines avec Sylvinho et de l’avoir viré à cet instant précis. Ça me permet de faire rapidement un podium de ses plus belles victoires au club, c’est pratique. Merci aussi de m’avoir permis de rencontrer un coach capable de rester fidèle à ses idées – des latéraux qui ne montent pas, des milieux interdits de se projeter -, mais aussi de se suicider en allant se balader à Saint-Étienne en pantoufles. Je l’avais pourtant prévenu, le bonhomme, mais bon, ça faisait 48 heures qu’il ne pouvait plus respirer. En même temps, porter du XS et marcher avec un sifflet serré autour du cou en permanence, ça n’aide pas forcément. Juni’ me disait que c’était normal, je lui faisais confiance. Tout le monde lui faisait confiance, d’ailleurs, mais bon, ainsi va la vie.

La vie, tiens : il y a moins d’un mois, j’ai fêté mes cinquante ans. Georges Chelon dit que c’est un âge pour jeter les gants et entretenir ses bourrelets, je préfère laisser ça à Magloire. Je pense plutôt, me concernant, que c’est l’âge, le bon âge, celui des responsabilités et des actes. C’était bien vu de m’avoir dégagé sur le bout du banc pendant huit ans afin de nourrir la boîte qui avait fait de moi un Spécialiste en 2010 – eh ouais ! – et déballer ma science au guignol à micro d’Aubenas, mais tout ça, c’est fini Jean-Michel. Ma femme trouve que j’ai un côté Ryan Reynolds en costume et j’ai envie de la croire. Au fond, ce rôle de casseur de gueules me plaît plus que celui de nounou de Paga. Ce mec a quand même réussi à me faire passer pour un prof de physique-chimie qui parle de foot, alors que moi, mon truc, c’est le jeu, les dédoublements, crier « Attaque ! Défends ! » ou venir parler aux journaleux des « exploits individuels » de mes gars. Bruno faisait ça, ça leur plaisait, c’était bien, c’était le bon temps. C’était l’OL, au fond, non ?

Oui, Jean-Michel, me voilà nostalgique et il faut le comprendre. Vous vous souvenez de la leçon tactique de l’Etihad Stadium ? C’était grand, ça, non ? Châteauroux m’avait collé la même lorsque j’étais coach de Brest. Un 5-1, clair, net, Mathieu Scarpelli avait ouvert le score et Bakary Sako m’avait planté un doublé. Un Vert, déjà. Celui de trop ? Pas encore, et figurez-vous qu’en huit ans à Lyon, j’en ai fait tomber des Verts, quand même. Bon, en revanche, ne restez pas trop sur ces quelques mois passés à Brest. J’étais jeune, c’était ma première expérience avec un paperboard et je n’avais pas encore eu un micro sous le nez. Paraît-il que la bonnette donne des ailes, c’est Rémi qui m’avait appris ça. Aujourd’hui, j’ai cinquante ans et il est l’heure pour moi de mettre enfin à profit toutes ces heures passées à bouffer des schémas, des purges et des rencontres de haut niveau tactique. Bruno appelait ça des pieds de nez. Vous voilà avec une belle occasion d’en faire un joli. Vous vouliez écrire l’histoire, la Ligue 1 n’a jamais connu de Gérald coach, et moi, au contraire de votre Chippendale de São Paulo, je sais qu’un sifflet, ça se met dans la bouche et non autour du cou. Vrais reconnaissent vrais, Jean-Michel.

PS : je sais faire fonctionner la machine Caqueret. Tout était prévu, je gardais les codes pour moi, bisous.

Microtiquement, Gérald »

Ceci est évidemment une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait fortuite.

La lettre de motivation de Bruno Genesio

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