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La clé à Mollet

Par Andrea Chazy et Mathieu Rollinger
La clé à Mollet

Arrivé cet été à Montpellier, le milieu offensif a enfin l’occasion de montrer ses muscles dans la peau d’un titulaire à part entière, dans un club qui peut viser la première moitié du tableau. Une nouveauté pour lui qui a dû lutter pour ne pas descendre avec Metz et Créteil. Une jolie fenêtre pour celui qui dit « avoir toujours dû batailler » pour montrer ce qu'il valait.

Le seul coin dans lequel Florent Mollet aime se retrouver est celui d’une surface de réparation. Et encore. Quand il s’y trouve, comme ce 18 août, c’est pour envoyer un pétard dans la lucarne opposée – celle de Régis Gurtner en l’occurrence – et attirer l’œil de n’importe quel être humain. Pour ce qui est alors sa deuxième apparition en match officiel sous son nouveau maillot montpelliérain, le milieu offensif a choisi le fracas pour se distinguer. « Un moment de grâce » , assure l’intéressé. Ces caramels sont, depuis ses débuts au Dijon FCO, sa manière à lui de sortir de l’ombre, là où il ne supporte pas d’être cantonné. « Une grosse frappe de balle avec un effet flottant, c’est exactement dans son style, réagit Olivier Dall’Oglio, qui l’a rencontré en 2010 sur les terrains du centre de formation de Dijon. Ça ne m’étonne pas du tout de le voir réaliser ce genre de gestes. »

Une signature déjà dévoilée au Vélodrome il y a quelques mois, un soir de naufrage avec le FC Metz, où en deux banderilles, il avait permis aux Grenats de sauver les apparences (6-3). « Ça restera un moment unique, parce que ce n’est pas donné à tout le monde de marquer un doublé au Vélodrome, rembobine Florent Mollet. Mais sur le moment je ne pouvais pas le célébrer comme je le voulais parce qu’il y avait déjà 4-0 ou 5-0 et on n’était pas bien au classement. » Mais cet exploit, dans la déroute des siens, est certainement celui qui a permis au grand public de mettre un visage sous cette toison rouquine. Et son éclair au stade de la Licorne aura le même effet, tout en contribuant à son intégration dans le onze de Michel Der Zakarian. Lui sera le détonateur d’un trio offensif – composé de l’explosif Andy Delort et de la mèche Gaëtan Laborde – censé apporter de la folie au bloc compact du MHSC.

La branche montpelliéraine

J’ai insisté auprès du président pour le prendre. Amener avec nous en Ligue 1 des bons joueurs de Ligue 2 était la politique de recrutement à ce moment.

Une place dans un effectif de Ligue 1, l’endroit parfait pour s’exprimer et s’affirmer à 26 ans comme un titulaire à part entière. « On en a parlé vite fait cet été en vacances à Marbella, il m’a demandé des infos sur deux-trois trucs comme l’ambiance, explique William Rémy, proche de Flo depuis l’époque dijonnaise et passé lui aussi par la maison héraultaise. Mais je n’ai pas eu besoin d’insister pour le convaincre de signer. Dans sa tête, c’était déjà clair. » Au bout des discussions : un chèque de 2,6 millions d’euros signé par Laurent Nicollin, qui lui permet de continuer sa progression dans l’élite. « Il y a des contacts qui ont été noués depuis le dernier match de la saison dernière, notamment avec Michel Der Zakarian, explique le néo-Héraultais. C’est un coach qui ne parle pas beaucoup, mais quand il le fait, ça vous marque. Pas besoin de beaucoup de dialogues, mais c’est clair, c’est droit, c’est honnête et on sait où on va. Dans sa manière de parler, de voir les choses, ça m’a tout de suite conforté dans le fait que je sentais que ce club me voulait vraiment. »

Ce n’est pas la première fois que Florent Mollet saute d’un train qui va dans la mauvaise direction pour en attraper un autre qui roule sur les bons rails. En 2016, déjà, il avait suivi le promu lorrain en Ligue 1, alors que Créteil, club où il avait brillé la saison précédente, descendait en National. À l’époque, c’était Philippe Hinschberger qui avait été séduit par le joueur cristolien. « Il m’avait fait bonne impression à Créteil, assure l’ancien coach messin, aujourd’hui à Grenoble. J’ai insisté auprès du président pour le prendre. Amener avec nous en Ligue 1 des bons joueurs de Ligue 2 était la politique de recrutement à ce moment. »

Metz, à double tranchant

À Saint-Symphorien, le garçon débarque d’abord dans la peau de doublure du capitaine Renaud Cohade. Pour sa première saison, il se familiarise avec ce nouvel environnement, grappillant de plus en plus de temps de jeu. « Je me souviens d’un match où il avait été très très bon contre Nice, raconte Hinschberger.

Il a su se relancer, alors qu’il ne faisait pas l’unanimité au club, donc je lui dis bravo. C’est quelqu’un d’un peu cabochard, ce qui est une qualité aussi.

Après il s’est blessé et ça a été un peu plus compliqué pour qu’il reprenne sa place. Florent a manqué de patience. Il revendiquait des choses, mais il aurait fallu le prouver sur le terrain » Alterner les hauts et les bas fait aussi partie de l’apprentissage du haut niveau, chose que Florent Mollet semble avoir plus de mal à gérer. « Il commençait sur le banc et manifestait sa volonté de jouer. Sauf qu’il faisait des entrées de merde. C’était une situation qu’il acceptait mal, donc on est arrivé petit à petit à de la tension » , confie l’ancien coach du FC Metz. « Ce que je reproche à Hinschberger, c’est de ne pas m’avoir donné ma chance là où je me sens mieux sur le terrain(en soutien de l’attaquant, N.D.L.R.)et de me juger sur un poste(de milieu gauche, N.D.L.R.)où mes qualités intrinsèques ne ressortent pas à 100%. Après, je ne suis pas rancunier, je n’ai rien contre Metz ni l’ancien coach. J’avais aussi ma carte à jouer, mais je ne l’ai pas eue, c’est comme ça. » Du moins pas dans l’immédiat.

Si le signal est brouillé avec Hinschberger, il sera rétabli quand Frédéric Hantz accepte fin octobre de se lancer dans une mission maintien déjà très compromise. « Il n’a pas regardé ce qui a été fait avant. Il a pris le groupe tel quel et il a fait ses propres choix, apprécie Mollet. Après j’ai eu un petit coup du destin : le premier match contre Rennes, je ne dois pas débuter, y a un joueur qui se blesse à l’échauffement, et c’est moi qui le remplace. J’ai pu marquer ce jour-là. Tout part de là. » Ainsi, Mollet est le grand bénéficiaire de ce mouvement sur le banc de touche : en 21 matchs de Ligue 1 sous les ordres de son nouvel entraîneur, le milieu inscrit 7 buts et impressionne par son niveau de jeu. Obligeant même les plus dubitatifs, comme Hinschberger, à reconnaître sa force de caractère. « Il a su se relancer, alors qu’il ne faisait pas l’unanimité au club, donc je lui dis bravo. C’est quelqu’un d’un peu cabochard, ce qui est une qualité aussi. »

Aux Poussots dès les poussins

Être dos au mur et contesté, des sensations que le gamin de Fontaine-lès-Dijon a toujours connues, depuis l’âge de sept ans au DFCO. « J’ai toujours été conscient de mes qualités, mais je savais aussi que je devrais toujours plus travailler que les autres pour gagner ma place. Certains ont des passe-droits que je n’aurai jamais, déplore Florent. Les joueurs de petit gabarit comme moi, en France, il faut toujours montrer plus que les autres. Depuis que je suis tout petit, c’est comme ça. J’aurai toujours à batailler. Mais je préfère ça, parce je sais que si j’en suis là, c’est grâce à mon travail. » Un constat que partage Olivier Dall’Oglio : « Florent surnageait depuis quelques années et il faisait partie des meilleurs jeunes avec son compère Jordan Marié, un élément très intéressant avec une bonne base technique et agressif dans son jeu » . Des caractéristiques qu’il partage avec ses deux idoles : Deco, en qui il s’est « toujours reconnu » , et Paul Scholes, à qui on l’a souvent comparé, aussi pour une proximité capillaire.

Dans son cocon dijonnais, il s’épanouit suivi de près par ses parents. « Ils m’ont inculqué de toujours aller chercher les choses par moi-même. Tout ce que j’ai appris petit, c’était avec mon père, qui était gardien au Cercle Dijon(l’ancêtre du DFCO, n’ayant pas joué plus haut que le National, N.D.L.R.). Il m’a appris à jongler, à frapper, j’allais sur le terrain avec lui. De son côté, ma mère m’emmenait tout le temps à l’entraînement sans jamais rechigner… » Dans son parcours sport-études, Florent passe ses années lycée principalement avec Pierre Mangold et Xavier Audergeon, compères de football, mais aussi de sorties McFlurry au McDo du coin le mercredi après-midi. « Florent, c’est le frérot qui a réussi, embraye Xavier, qui gère aujourd’hui les U13 du Gulf Coast Rangers FC aux États-Unis. En cours, lorsqu’il avait de moins bonnes notes que nous ou que les profs lui mettaient un peu la pression, je l’ai entendu leur dire plusieurs fois :« De toute façon, quoi qu’il arrive, je serai pro. » » Chose faite quand Dijon retrouve la Ligue 2 après avoir passé une tête en première division.

Se fâcher tout roux

En 2012, Dall’Oglio prend en charge l’équipe fanion, entraînant Florent dans son sillage. Fait historique en Bourgogne : Mollet devient le premier jeune du club à signer pro. « Pour moi ce n’est pas rien, c’est quelque chose qu’on ne pourra pas m’enlever. » Un statut d’espoir local qui lui permet de devenir un joueur majeur dans ce nouveau cycle bourguignon, au point de commencer 32 matchs sur la saison 2012-2013. Sans pour autant que l’essai soit définitivement transformé. « Je le faisais moins jouer la deuxième saison, à cause d’une concurrence plus accrue (celle de Johan Gastien notamment, N.D.L.R.), déroule Dall’Oglio. Il a eu quelques périodes de doute par rapport à ça. Dans la vie, c’est un garçon assez agréable, un peu réservé. Mais il peut être colérique, donc il fallait le canaliser. »

Un côté nerveux qu’usait jusqu’à la moelle le gardien Xavier Audergeon, lors des entraînements en jeunes : « Quand on faisait des exercices de finition avec Flo, j’aimais trop le mettre en rage. Je rentrais dans sa tête, et à chaque fois que j’arrêtais un tir ou qu’il tapait à côté, j’en rajoutais une couche. C’était marrant parce qu’il rentrait tellement dans le jeu, qu’à la fin, son seul objectif, c’était de mettre toute sa force dans les six mètres pour que ça m’éclate la tête ! Ça me faisait rire, jusqu’à ce qu’au bout d’un moment, il finisse par décocher une frappe de malade à vingt mètres qui termine dans la lucarne. »

Je me souviens qu’il a fait quelques allers-retours avec les jeunes car il fallait lui remettre les idées en place. Mais en général, il revenait encore plus fort derrière.

Dall’Oglio abonde : « Les éducateurs de l’époque ont beaucoup travaillé là-dessus. Je me souviens qu’il a fait quelques allers-retours avec les jeunes car il fallait lui remettre les idées en place. Mais en général, il revenait encore plus fort derrière. Il faut aller vers lui pour discuter, il n’est pas rancunier derrière. C’est un garçon qui a du mental, on sait que derrière il va revenir. Il s’est construit comme ça. »

Demande en mariage

Après trois saisons en dents de scie, Florent trouve un premier test loin de ses bases, à Créteil. Une nouvelle étape vers l’émancipation que le Dijonnais digère rapidement, notamment sur le terrain où il boucle la meilleure saison de sa carrière (36 matchs, 11 buts, 4 passes décisives et 7 cartons jaunes) dans un contexte compliqué (des mauvais résultats et un entraîneur, Thierry Froger, qui quitte le club après avoir été agressé dans les couloirs du stade Duvauchelle). Un exil qui ressemble à une découverte du monde adulte. « À Dijon, je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez, reconnaît-il.Là, je me suis dit :« Merde, il va falloir que je me fasse à manger, que je fasse des courses, que je me prenne en main et il n’y aura personne pour assurer mes arrières. » » Pour Dall’Oglio, « Florent avait besoin de prendre son envol, prendre ses responsabilités, d’agir par lui-même. L’expérience à Créteil lui a fait beaucoup de bien. C’est la première fois qu’il partait, il fallait s’accrocher, gagner sa place, se refaire une réputation. »

Avoir un joueur avec cette mentalité-là dans un groupe, ça ne peut qu’être bénéfique.

Un nouveau départ réussi pour « La Mollette » , facilité par une intégration optimale. « Quand il est arrivé, il s’est fondu dans le groupe sans problème, assure Bagaliy Dabo, son ancien coéquipier d’attaque à Créteil. Dans la vie de tous les jours, Florent parle avec tout le monde, aime chambrer les plus grands ou costauds que lui. En contrepartie, il se faisait chambrer à cause de sa couleur de cheveux. Et pour ça, il pouvait bomber le torse devant des gars qui font deux têtes de plus que lui ! » La preuve que lorsque la confiance l’habite, Flo est capable de toutes les excentricités et de quitter sa carapace. Comme lors d’un séjour en Espagne avec ses potes Loïs Diony, Jérémie Bela et William Rémy. « On était dans un resto, et une des serveuses avait parlé à un moment à Flo, raconte ce dernier. Plus tard, Florent interpelle en français un vendeur de roses qui passait à ce moment-là. D’habitude, tu lâches un euro pour une rose et c’est déjà bien. Non, lui il lui a acheté toutes les fleurs en lui laissant beaucoup plus, il est arrivé au pied de la serveuse et s’est mis à genou pour la demander en mariage.(Rires.)Bon, la serveuse a refusé, mais tout le resto était mort de rire. » Version démentie par l’accusé : « Ils ont dû confondre. »

Chez Mollet, la confiance est une condition pour affirmer ses ambitions. « Il n’a jamais caché qu’il voulait avoir les stats les plus élevées possible, affirme Dabo. Peut-être qu’il le montrait un peu trop d’ailleurs, mais avoir un joueur avec cette mentalité-là dans un groupe, ça ne peut qu’être bénéfique. » Pour l’avenir, Olivier Dall’Oglio ne se fait pas trop de soucis : « Il est ambitieux, et c’est cette ambition qui le fait avancer. Je ne sais pas jusqu’où il ira, mais l’essentiel, c’est de continuer à travailler. C’est le genre de garçon qui doit franchir les paliers petit à petit. » Et quoi de mieux que de jouer à côté d’Andy Delort pour voir un Mollet gonflé à bloc ?

Dans cet article :
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Par Andrea Chazy et Mathieu Rollinger

Tous propos recueillis par AC et MR.

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