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« Comme des enfants découvrant Disneyland »

Par François Goyet

François Goyet, 29 ans, est milieu de terrain de l'équipe de France de hockey sur gazon. Et avant un match capital contre la Grande-Bretagne pour une qualification en quarts de finale, il nous a envoyé une carte postale.

« Comme des enfants découvrant Disneyland »

Salut So Foot,

Je profite que l’actualité foot soit un peu calme au milieu de l’été pour vous envoyer des news du village olympique, où nous avons emménagé depuis près de deux semaines avec l’équipe de France de hockey sur gazon.

Si les fameux lits en carton ne nous dérangent absolument pas, certains athlètes croisés à la cantine du village doivent certainement avoir davantage de problèmes à trouver le sommeil vu leurs gabarits… S’il faut patientant un bon quart d’heure dans la queue derrière des golgoths scandinaves tentant de négocier leur 17e filet de poulet auprès d’un personnel de cantine légèrement dépassé au début du séjour mais toujours extrêmement agréable et bienveillant (prend ça le cliché du serveur parisien), les alentours du réfectoire sont à chaque repas l’occasion d’ouvrir l’œil car les allées et venues de stars se succèdent. Et au selfimètre, c’est nettement les tennismen qui suscitent le plus d’émerveillement : Alcaraz, Zverev, Nadal ou Ruud enchainent les étreintes, d’abord avec complaisance puis avec une certaine lassitude.

Nous fêtons chaque médaille de l’équipe de France olympique comme s’il s’agissait de la nôtre.

François Goyet

Petits nouveaux au village des athlètes (l’EDF masculine de hockey était absente des Jeux depuis 1972), nous avons pris d’abord le temps de profiter largement de nos premiers jours, tels des enfants découvrant Disneyland. Le bâtiment France est en lui-même un véritable repère de légendes : on y croise tous les jours Karabatic et ses compères handballeurs, prenons le temps d’échanger avec Ngapeth et les siens, accueillons en grande pompe le retour au bâtiment de Dupont et Cie après une énième victoire, fêtons chaque médaille de l’équipe de France olympique comme s’il s’agissait de la nôtre.

La fête des voisins avec Karabatic et Dupont.
La fête des voisins avec Karabatic et Dupont.

Abordables et gentils, les Corentin Moutet, Elohim Prandi, Varvara Gracheva ou Romain Barras prennent le temps d’échanger et d’en savoir plus sur notre sport méconnu du grand public. Big-up spécial à Samir Aït-Saïd, toujours cool et dispo malgré un palmarès long comme le bras de Wemby. On partage tous les mêmes tables de kiné, les mêmes ascenseurs, les mêmes espaces communs au quotidien : au-delà de l’émerveillement pour les amoureux du sport que nous sommes, on sent également tout le poids et l’honneur de représenter la France aux Jeux olympiques. Une véritable émulation jaillit chaque jour du bâtiment, comme sur le bateau France lors d’une cérémonie d’ouverture mémorable et intense sur la Seine malgré la pluie battante : des souvenirs pour la vie !

Passé l’émerveillement, il est temps de se concentrer sur le sportif. Pour nous hockeyeurs, l’objectif est double : performer, et profiter des Jeux pour faire connaître notre sport au grand public. Avec ses 12 000 et quelques licenciés dans l’Hexagone, le hockey sur gazon reste dans l’ombre des autres sports collectifs français.

Proche du football dans ses règles de base et la taille de son terrain (11 joueurs constituent une équipe, l’objectif étant de marquer plus de buts que l’adversaire à l’aide de sa crosse), certaines règles spécifiques (utilisation d’un seul côté de la crosse, obligation de tirer à l’intérieur du demi-cercle pour scorer, pas de hors-jeu, remplacements illimités, pelouse synthétique arrosée) font du hockey un sport très télégénique et populaire partout dans le monde. 9e au classement mondial, nous partageons l’affiche avec l’Équipe de France féminine, 20e au ranking et elle aussi qualifiée pour les Jeux.

Je suis finalement réconcilié avec les « Allez les Bleus » qui m’exaspèraient pourtant au Stade de France lors des matchs de la bande à Griezmann : quand t’es sur le terrain, faut reconnaitre que ça donne des frissons !

François Goyet

Le Stade Yves-du-Manoir à Colombes, seul enceinte hôte des JO de 1924 réhabilité pour l’édition 2024, est notre terrain de Jeux pour l’occasion. Une arène magnifique et chauffée à blanc qui va nous aider à nous dépasser pour l’évènement d’une vie. Je vous assure que 15 000 personnes qui gueulent en cœur pendant la Marseillaise, ça fout la chair de poule. Je n’aurais jamais cru dire ça, mais je suis finalement réconcilié avec les « Allez les Bleus » qui m’exaspèraient pourtant au Stade de France lors des matchs de la bande à Griezmann : quand t’es sur le terrain, faut reconnaitre que ça donne des frissons !

Malgré l’engouement, on tombe d’entrée face à deux cadors mondiaux, l’Allemagne puis la Hollande, respectivement championne du monde et championne d’Europe en titre. Des défaites cinglantes certes (2-8 puis 0-4), mais qui n’entament néanmoins pas notre confiance pour aborder le gros match face à l’Espagne, LE match à gagner pour rêver d’un quart de finale (les 4 premiers de chaque poule de 6 équipes se rencontrent en quarts de finale). Un match intense, joué à 10 heures du matin sous une chaleur de bête et retransmis en grande partie sur France 3, qui se solde finalement par un match nul 3-3. Rejoints en fin de match, l’amertume domine malgré la belle prestation de l’équipe.

Il reste deux matchs, face à la Grande-Bretagne (ce jeudi à 12h45), puis face à l’Afrique du Sud (vendredi à 19h45), deux victoires impératives face à de redoutables adversaires. Si la tâche s’annonce difficile, impossible n’est pas français ! On compte sur le public français, qu’il soit derrière son écran de télé ou au stade Yves-du-Manoir, pour nous pousser à l’exploit.

Bon été la team !

Par François Goyet

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