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Koni De Winter is coming

Par Matthieu Darbas

C'est sous les températures estivales de l’Est européen que Koni De Winter a décidé de surprendre tout son monde. Pilier de la défense des Diablotins, le Juventini s'impose comme l'un des plus grands prospects de sa génération. Focus sur le Chiellini belge.

Koni De Winter is coming

Voilà près d’une heure que l’une des premières rencontres du championnat d’Europe Espoirs, ponctuée d’une chouette baston entre les Pays-Bas et la Belgique (0-0), est terminée. Les différents acteurs sortent peu à peu des vestiaires. L’un d’entre eux brille un peu plus que les autres, la faute au trophée de MVP du match qu’il tient à la main. Koni De Winter ne se soucie alors de rien et s’avance tranquillement en direction de la zone mixte, jusqu’au moment d’être bousculé par un journaliste de son (plat) pays. « Bonjour Koni, on ne te connaît pas très bien parce qu’on n’a pas trop vu jouer Empoli cette saison. Est-ce que tu pourrais nous expliquer quel joueur tu es ? On a vu, par exemple, ton sens de l’anticipation. Tu as quand même beaucoup de qualités, non ? » Le pilier de la défense des Diablotins est d’abord perturbé : « Ah, merci, mais… Qu’est-ce que vous voulez que je réponde à ça ? » Puis il se rééquilibre et enchaîne avec sang-froid : « J’ai quand même fait des matchs cette saison, et il fallait les regarder. Si on ne me voit pas beaucoup en Belgique, je peux vous dire qu’en Italie, tout le monde me connaît. »

Koni De Winter aura donc dû attendre de quitter la pelouse pour que quelqu’un ne réussisse à le déranger. Un peu plus secoué face à la surprenante Géorgie (2-2) quelques jours plus tard, le défenseur de 21 ans forme avec Debast une solide charnière et, si son partenaire est plus célèbre que lui outre-Quiévrain – le joueur d’Anderlecht compte trois sélections avec les A –, le joueur prêté cette saison en Toscane par la Juventus compte bien aussi se faire un nom. Et c’est Brian Brobbey, robuste attaquant des Oranje, qui en a fait les frais. Ce « costaud » qui « va vite » selon De Winter lui-même a été muselé au point de ne toucher qu’un seul ballon dans la surface adverse ce jour-là et de ne tenter sa chance qu’à deux reprises. Son seul tir cadré a d’ailleurs été arrêté, à quelques centimètres de la ligne belge, d’un super tacle de son bourreau du soir. Une poignée de secondes après le quart d’heure de jeu, De Winter réalise cet exploit, puis sauve les siens dans la foulée en se relevant et contrant un deuxième tir des Oranje, cette fois-ci de Crysencio Summerville. « Oui, je pense avoir fait un bon match, a-t-il humblement confié après la partie, j’ai sauvé deux, trois buts, donc on peut dire que j’ai fait le boulot, avant de revenir sur ce qui a fonctionné pour lui. Je comprends les phases, je comprends les moments de jeu et je sais comment réagir. » Bref, celui qui a quitté la Belgique à 16 ans pour rejoindre l’Académie de la Juventus a bien grandi.

Le plus italien des Diablotins

Il fallait être encore devant sa télévision le 23 novembre 2021, sur les coups de 22h45, pour voir Koni De Winter porter les couleurs de la Juventus pour la première fois. Massacré par les Blues de Thomas Tuchel à Stamford Bridge (4-0) pour le compte de la cinquième journée de la phase de poules, Massimiliano Allegri donne du temps de jeu à sa pépite dans la plus grande des compétitions européennes. Une semaine plus tard, à 19 ans et 179 jours, il devient le premier joueur belge de la Juventus à commencer un match en Ligue des champions face au Malmö FF (1-0). Ces deux petites apparitions seront les seules avec les Bianconeri. Capitaine des U17 et des U19 juventini, le Belge d’un mètre 92 grimpe les étapes une par une jusqu’aux U23, la « Next Gen ».

J’ai beaucoup appris du duo Chiellini-Bonucci. Mine de rien, ça fait plus de six ans que je les côtoie, ou côtoyais quasiment tous les jours. Mais on apprend beaucoup plus quand on arrive dans le grand bain.

Koni De Winter

Né dans la ville portuaire d’Anvers, à quelques kilomètres des côtes de la Manche, et formé au Zulte Waregem entre 2016 et 2018, Winter apprend donc loin de ses terres. « Il peut jouer n’importe où derrière, c’est ça qui est fou ! À droite, à gauche, sur les côtés… il doit encore s’améliorer sur de nombreux aspects, mais c’est un joueur qui voit le jeu, avait alors déclaré Francesco Pedone, un de ses premiers entraîneurs chez les jeunes, il y a quelques années, au moment de voir le colosse belge impressionner en Youth League. On aura le temps de savoir où il se sent le plus à l’aise au fil de sa carrière. Pour le moment, c’est impressionnant de voir Koni s’imposer aussi facilement sur le terrain. Il est serein balle au pied et est certainement un des plus grands talents chez nos jeunes. Aucun Belge n’a encore joué en équipe première. Je suis sûr que ce sera lui. » Il avait donc tout vu.

Forcément, si depuis une semaine, beaucoup s’amusent à le comparer à Vincent Kompany, du côté de la Botte, tout le monde s’amuse à parler de lui comme du prochain Chiellini. « J’ai beaucoup appris du duo Chiellini-Bonucci, reconnaissait De Winter dans une interview pour Sporza, une émission sportive néerlandaise, avant le début de la compétition. Mine de rien, ça fait plus de six ans que je les côtoie, ou côtoyais quasiment tous les jours. Mais on apprend beaucoup plus quand on arrive dans le grand bain. » Prêté cette saison à Empoli pour gagner en temps de jeu, le Belge s’est facilement fait une place dans la défense du quatorzième de Serie A. La plupart du temps positionné axe droit, le Diablotin excelle dans l’anticipation, les duels aériens, et gagne en expérience. « Je dois encore passer des paliers sur plein de choses comme mes relances au pied gauche. Jouer plus vite aussi. Mais je suis content de faire des erreurs, pour les corriger, et passer un palier. » Quatorze apparitions dans l’élite transalpine sur 28 possibles toutes compétitions confondues et puis plus rien. La faute à une lésion du genou droit qui l’a poussé vers la touche pour tout le reste de la saison dès le mois d’avril. S’ensuit un gros travail de récupération avec le staff médical de la Vieille Dame pour revenir au niveau.

« Avec ce qu’il montre depuis le début de la compétition, certains oublient que Koni a dû travailler incroyablement dur pour être ici avec nous, s’étonne encore son sélectionneur Jacky Mathijssen en conférence de presse. Avec une blessure comme celle-là, ce n’était pas facile de revenir aussi bien en dix semaines. C’est un athlète, un bosseur, mais tout cela a été possible surtout grâce à sa volonté. » Contre les Pays-Bas, De Winter a d’ailleurs confié qu’il avait prévu de commencer le match avec une bande autour de son genou. « Mais elle s’est détachée pendant l’échauffement, et j’ai décidé de jouer sans. Parce que je me sentais bien. » Un pressentiment vérifié sur le terrain. La jeune Selecção est prévenue avant le match capital qui attend les deux sélections ce mardi soir. Pour les Diablotins, la donne est simple : un succès, et les Belges passent en quarts, ils seront éliminés en cas de défaite, enfin, il faudra que la Géorgie ne s’incline pas face aux Pays-Bas si les deux équipes se partagent les points. En attendant ce rendez-vous, la presse italienne s’est emparée du dossier De Winter. « Il sera sans aucun doute l’un des retours de prêt qui peut s’imposer la saison prochaine », a lancé La Gazzetta dello Sport dans ses colonnes du jour par exemple. « J’ai envie de porter les couleurs d’un club auquel j’appartiens, alors pourquoi pas la Juve », confirmait d’ailleurs le petit génie au micro de la RBFA il y a quelques semaines. Quoi qu’il arrive ce mardi, c’est sûr, De Winter arrive.

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