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Koeman versus wild

Par Antoine Donnarieix
Koeman versus wild

Nouvel entraîneur du FC Barcelone pour ce début de saison 2020-2021, Ronald Koeman a directement mis les pieds dans le plat afin de dépoussiérer le club catalan. Malgré cela, son arrivée sous la présidence de Josep Maria Bartomeu et son passé en demi-teinte sur un banc de touche laissent planer quelques doutes sur sa capacité à relever cet immense défi. Portrait.

« Les privilèges sont terminés. Je vais être intransigeant, il faut penser à l’équipe et toujours à l’équipe au-delà de n’importe quel intérêt particulier. » Lancées au cours de son appel téléphonique à Leo Messi, ces deux phrases de Ronald Koeman sont apparues dans le quotien sportif argentin Olé. La conséquence ? Une nouvelle bombe médiatique lâchée sur le Barça sans freiner pour autant l’entreprise de démolition de Rambo, un surnom qui colle à la peau de l’ancien stoppeur depuis son passage au PSV Eindhoven. En une poignée d’heures à la suite de sa nomination, l’ex-sélectionneur des Pays-Bas a indiqué la porte de sortie à Luis Suárez, Samuel Umtiti, Arturo Vidal, Ivan Rakitić et Junior Firpo, sans oublier de prévenir Sergio Busquets de son nouveau rôle de doublure de Frenkie de Jong en sentinelle devant la défense. D’où la question : Koeman est-il trop destructeur ou juste lucide devant le capharnaüm barcelonais ?

Le colosse aux pieds de mammouth

Pour trouver des éléments de réponse, il faut se pencher sur les états de service du Batave au Barça. Lors de son arrivée en 1989, Koeman jouit d’un curriculum vitae éloquent : vainqueur de la C1 avec le PSV et vainqueur de l’Euro un an plus tôt en Allemagne, le blond est recruté par Johan Cruyff (son ancien mentor à l’Ajax lors de la saison 1985-1986) qui voit dans ce profil la base de son 3-4-3 supplément football total. « Malgré son jeune âge, il possédait une grande personnalité et très tôt, il s’est auto-désigné pour frapper les coups de pied arrêtés direct, se souvient Eusebio Sacristán, coéquipier de Koeman pendant six saisons au Barça. Pour Johan, l’importance était de détenir le ballon depuis l’arrière pour l’amener vers l’avant sans discontinuer. » Or, la frappe de mammouth du Néerlandais va devenir légendaire : c’est grâce à elle que les Culés vont célébrer leur première victoire en finale de C1, contre la Sampdoria, en 1992 à Wembley (1-0).

Côté vestiaire, Koeman ne laissait pas de place à la dilettante. « Je me préparais toujours à côté de lui dans le vestiaire, poursuit Eusébio. Quand je jetais un œil sur ce qu’il faisait, c’était toujours ordonné et rigoureux : les crampons et le maillot d’un côté, le sac de rechange de l’autre… Il arrivait toujours en avance pour se préparer du mieux possible, il respectait les consignes de Cruyff au pied de la lettre. » Autre trait de caractère du bonhomme, son inflexibilité dans les moments tendus. « Quand il fallait mettre au clair un sujet sensible, tu pouvais être certain qu’il allait être le premier à en parler, confie Eusébio. Il utilisait son honnêteté pour le bien commun et nous respections sa parole, car elle était impartiale. En cela, ses premières réactions comme entraîneur du Barça ne m’impressionnent absolument pas. Koeman s’en fiche d’être populaire, il agit par sincérité, sécurité et détermination. » Visiblement, l’homme n’en est pas à son coup d’essai.

Escudé : « À l’Ajax, son discours et sa méthode étaient bien travaillés »

Koeman s’est en effet mis à peaufiner ses concepts d’entraîneur à Amsterdam, là où son apprentissage du Cruyffisme a véritablement commencé. Recruté à l’été 2003 par le technicien, Julien Escudé se souvient d’avoir privilégié l’Ajax à d’autres championnats étrangers, car cet ancien milieu de terrain replacé en défenseur central allait lui permettre de « connaître de nouvelles facettes liées au poste » et d’acquérir des responsabilités. « À Rennes, j’avais l’habitude de jouer dans une défense à quatre, rembobine l’ancien international tricolore. Koeman recherchait un successeur à Cristian Chivu, un gaucher un peu plus expérimenté que ceux issus du centre de formation et capable de sortir le ballon proprement afin d’aider les jeunes. Je n’avais que vingt-trois ans, mais il me considérait déjà comme un joueur d’expérience. »

Au milieu de talents parfois rebelles comme Rafael van der Vaart ou Zlatan Ibrahimović, Koeman doit également user de son tempérament. « La presse nationale avait pour habitude de mettre en scène ce trio de fortes têtes, narre Escudé. Mais au moment de savoir qui dirigeait l’équipe, il n’y avait pas de souci pour désigner la personne concernée. Koeman avait cette responsabilité à assumer et dans cette optique, son discours et sa méthode étaient bien travaillés. Il était capable de raconter deux ou trois conneries pour faire vivre le vestiaire, mais il restait uniquement proche des joueurs à titre professionnel. Quand je le vois arriver dans un contexte aussi difficile à Barcelone, je me dis que ce n’est pas idéal, mais peut-être qu’il s’est dit que l’occasion ne se présenterait pas deux fois. »

Cañizares : « Koeman utilisait Valence comme un vase communiquant vers le Barça »

À vrai dire, Koeman aurait sans doute aimé toucher le Graal barcelonais un peu plus tôt, mais sa première expérience sur un banc espagnol s’est transformée en douche froide. C’était au FC Valence, en 2007-2008. Santiago Cañizares, qui disputait là sa dernière saison dans l’effectif professionnel valencien, garde le souvenir d’un coach prêt à mourir avec ses idées, quitte à lutter pour le maintien aux commandes d’un club prestigieux. « Il s’entêtait à évoluer dans un 4-3-3, alors que ce schéma n’avait jamais fonctionné historiquement, remarque l’emblématique gardien de but des Chés. J’ai senti qu’il utilisait le club comme un vase communicant vers le Barça, c’était déjà son objectif à l’époque. Mais dans la pratique, c’était une grossière erreur de sa part, car la connexion avec le vestiaire ne s’est jamais faite. » Dès lors, comment expliquer la présence d’une Coupe du Roi dans son palmarès et son licenciement trois jours plus tard, après une gifle contre l’Athletic Club (5-1) ?

« Nous n’avions plus accès au centre sportif pour nous entretenir avec les joueurs, ce n’était jamais arrivé dans l’histoire du club, révèle Roberto Ferriol, journaliste pour le quotidien régional Plaza Deportiva.Depuis le vestiaire, des joueurs avaient fait comprendre que le groupe était passé en autogestion pour les matchs de Coupe d’Espagne. Lors de la finale contre Getafe, une information avait fuité : les joueurs se sont entendus entre eux pour désigner les onze titulaires pendant que Koeman était spectateur des décisions collectives. » Une situation rocambolesque qui trouve sa source dans le désir de Koeman d’être encore une fois le seul maître à bord. Par conséquent, les cadres Miguel Ángel Angulo, David Albelda et Cañizares sont écartés du projet collectif. « Depuis douze ans, j’imagine qu’il a appris de ses expériences et j’espère qu’il reste peu de ce Koeman-là, conclut Cañizares. Le souci, c’est que le Barça est mal géré depuis plusieurs années, et sa fibre de vainqueur a disparu. En cela, je ne crois pas qu’il soit l’entraîneur idéal pour sortir le Barça de sa crise. » Prochain objectif pour Koeman : prouver à Cañizares qu’il a tort.

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Par Antoine Donnarieix

Propos d'Eusébio, Escudé, Cañizares et Ferriol recueillis par AD.

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