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Knysna et histoires de bus

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Knysna et histoires de bus

Les Who ont souvent été prémonitoires. Après “Substitute” en 1966, ils ont enquillé avec « Magic Bus” en 67 : « Too much, the magic Bus ! Too much, magic Bus ! Too much, magic Bus ! ». En 2010, les Bleus ont vraiment été too much... Pour le meilleur et pour le pire, le bus est associé à la mythologie foot hexagonale. Le « footbus », un sport français ? Petit inventaire non exhaustif...

Dimanche 20 juin 2010. Après-midi. Hiver austral. Knysna. Terminus ! Tout le monde descend ! Non… Tout le monde reste. Rideaux tirés. Rideau baissé. On ferme. Focus sur l’engin. Du slogan sur les flancs : « Tous ensemble vers un nouveau rêve bleu » . En anglais : « All together for a new dream in blue » . Sur le devant du bus : KIA MOTORS Official Partner… FRANCE… ZFY456-GP (numéro de plaque non verbalisé)… Hyundai… Puis le bus repartira à l’hôtel. Pas d’entraînement. Le chrono a été balancé aux orties. Le France-Afsud encore qualificatif aussi. Les Bleus feront Game over. Tilt !

En 1979, Jean-Jacques Annaud sort « Coup de tête » , film sympa avec Patrick Dewaere junky pour de vrai et footeux pour de faux. Giscardisme finissant : JJA tente la parabole du car pour dépeindre une France pignoufière. C’est l’épisode du car de supporters de l’AS Trincamp se rendant en troupeau au match aller de Coupe de France. Ca picole, ça rote, ça beugle, ça gerbe par terre face à la caméra. Le car comme bétaillère, les Français comme des gros boeufs ?

Mai 1996. Finale retour de la Coupe de l’UEFA, Bordeaux-Bayern. A l’aller, les Bavarois l’ont emporté 3-0. Le titre est plié, Kaizer Franz en coach intérimaire va ajouter un nouveau titre à sa collection. Au retour, à Chaban-Delmas, le Bayern clôt la session sur un 2-0 sec. The winner is german. Once again. La lose, c’est Bordeaux. Et le loser, c’est qui ? JPP. Après le match, tel un Cendrillon occupé à retrouver tous ses amis bordelais, d’Arcachon et d’ailleurs, Jean-Pierre tchatche et trinque joyeusement avec la compagnie et en oublie l’horloge. En allant rejoindre ses coéquipiers bavarois, Jipé Pé se rend compte que le car du Bayern a quitté le stade sans l’attendre ! Même pas une citrouille BMW garée sur le parking. Parti. Le pauvre chat rejoindra Munich tout seul, par ses propres moyens. L’Allemagne est ponctuelle jusqu’à la fin des arrêts de jeu, et toujours à l’heure au moment des tirs au but. Jamais après. Après l’heure, c’est plus l’heure. JPP ou la France en retard… Le mois d’après, à l’Euro anglais 96, compète qui achève cette saison 95-96, les Bleus échoueront en demies. L’Allemagne remportera l’épreuve. Ponctualité, victoire et car BMW. BMW : Bayerische Motoren Werke, « Manufacture bavaroise de moteurs » . Le Bayern, toujours.

1998… La France encore en retard ? Pourtant, c’est jour de gloire : 12 juillet 1998. Aimé Jacquet flippe. Depuis que le bus des Bleus a quitté Clairefontaine en fin d’après-midi, une foule de supporters accompagne le véhicule sur les petites portions de Nationale. Tant de dévotion ralentit le car. Et si la France allait arriver à la bourre au Stade de France, le jour de « sa » finale ? Aimé stressé fait alors donner la gendarmerie à moto pour dégager la voie ! Y compris sur le Périph’ quand des voitures de supporters reconnaissent le bus de l’équipe de France et viennent se coller de trop près…La France arrive à l’heure. Ouf ! Tout va mieux. Aimé est rassuré. Lui, qui dans ce foutu de boulot d’entraîneur, a toujours aimé les déplacements en car, lieu de vie en mouvement où l’équipe fait corps. Après la victoire 3-0 sur les Brazileiros, retour à Clairefontaine. C’est sur la fin que ça se complique avec les « Et un, et deux et trois zéros ! » venus encore par milliers escorter le bus de la gloire. Sauf que là, Aimé est plus indulgent : les Bleus sont cham-pions-du-monde ! L’impatience de se retrouver tous ensemble au Château pâtira sans problème de ces débordements populaires, de ce contretemps pardonnable. La liesse comme première rançon du succès. Les bleus arriveront très en retard à Clairefontaine mais ce coup-ci c’est pas grave…

Au fait, comment on célèbre un titre de champion du monde ? En défilant sur les Champs-Elysées. Un vieux truc républicain qui date de 1918. Une autre victoire. Sur les Boches. 14-18 : quatre années de Guerre. 1918, 1938, 1958, 1968, 1978, 1988, 1998. La France du Huit a souvent épousé l’Histoire. Lundi 13 juillet, lendemain de titre, défilé sur les Champs, en plein soleil… En car. Autobus à impériale (faut bien ça) avec une plateforme sur le toit où les Bleus d’Aimé pavoisent, de l’or dans les mains. A l’intérieur du car, sous leurs pieds, les épouses des footeux suent à grandes eaux. Le car avance trop lentement, retenu par la houle de centaines de milliers de fans qui freinent l’avancée victorieuse du char de la gloire… Impossible d’arriver à l’Etoile avant des plombes… Il faut changer d’itinéraire et regagner Clairefontaine au plus vite. Et tant pis pour les supporters… Mais la célébration du titre n’est pas finie : la Province exige son défilé impérial. Va pour Marseille. Un truc légitime mais un peu tordu : pas mal de Bleus ont joué, jouent ou sont natifs de la cité phocéenne : Zidane, Deschamps, Desailly, Barthez, Blanc, Boghossian, Dugarry, Leboeuf, Pirès (transféré de Metz à l’OM cet été), voire Candela (partenaire de pétanque des Marseillais de l’EDF). Défilé sur la Canebière : ça se passe sans problème, des barrières retiennent le bon peuple de Massilia.

Euro 2008… Les Bleus dans les alpages. Cata. Elimination sèche. Retour au bled sans passer le premier tour. Plus tard, Thierry Henry expliquera la mauvaise ambiance chez les Bleus, le manque de respect, les valeurs qui se perdent, les jeunes qui sont mal élevés. Titi couine : « Et puis Samir m’a piqué ma place » . Dans le bus de l’équipe de France, Titi a sa place attitrée. Un truc d’ « anciens » : chez les Bleus, chacun à sa place et pas touche aux sièges des tauliers. Titi pas content : « J’ai dit à Samir qu’il était assis à ma place. Alors il m’a dit : « Ben, t’as qu’à te prendre une autre place dans le bus » » … Samir donnera sa version des faits dans The Independent : « C’est tout à fait simple, quand j’ai commencé en équipe de France, Henry était absent à cause d’un problème au dos et j’étais assis à une place dans le bus qui, au moment de son retour, s’est révélée être la sienne. Dès que j’ai découvert ça, je lui ai laissé la place. Peut-être que les gens cherchaient des excuses car nous n’avions pas été bons à l’Euro. Mais je ne pense pas qu’on peut attribuer cet échec au fait que j’étais assis à la place de Thierry Henry » . Pas faux, gamin.

Fin 2008… Au Bayern, Francky veut les clefs du camion. Du bus, plutôt. Lascarface veut piloter la Bavière et les Bleus. Il suggère à ses dirigeants de recruter Sébastien Frey et Jérémy Toulalan. Rien que ça… Rummenigge et Hoeness le remettront à sa place. A cette époque Francky revendique aussi le brassard de capitaine de l’Equipe. Entretien au Monde : « Oui, j’ai envie d’être capitaine de l’équipe de France. Ce maillot me transcende. Aujourd’hui, je me sens mûr pour porter le brassard. Je suis de mieux en mieux dans le groupe, de plus en plus important dans l’équipe » . Francky squeeze Pat Vieira (toujours capitaine en titre), Thierry Henry et Gallas (sous-capitaines après Pat Vieira). Le 9 janvier 2009, Francky prend les clefs du camion. Du bus, plutôt. Pour de vrai. A Dubaï, où le Bayern est en stage, il s’empare du car du club pour effectuer un petit tour de piste autour de l’hôtel. Boum ! Accident… Accident mineur, mais incident quand même : mauvais conducteur, il envoie le bus dans le décor en heurtant un plot en béton et deux panneaux de signalisation. Tout le monde rigole. Sauf Francky, choqué par l’incident. Les accidents de voiture, il connaît : c’est au cours de l’un deux qu’il s’est retrouvé défiguré, jeune enfant… Sortie de route. Déraillage… Début du déclin pour Francky. Début du désamour en Allemagne et en France. Les pépins physiques de l’année 2008 se multiplient en 2009. Saison pourrie : le Bayern ne gagne rien. Au Mondial 2010, Francky s’entête à vouloir piloter les Bleus, en meneur excentré côté gauche, un poste qu’il a fini par décrocher auprès du sélectionneur. Là aussi, il enverra les Bleus dans le décor. Echoués sur la bande d’arrêt d’urgence, à attendre une dépanneuse qui ne viendra jamais…

Dimanche 20 juin 2010. Après-midi. Hiver austral. Knysna. Terminus ! Tout le monde descend ! Non… Tout le monde reste. Rideaux tirés. Rideau baissé. On ferme. A l’intérieur, 22 Bleus décident de ne pas s’entraîner. Décision préméditée : il sont venus à Knysna en basket de jogging, sans prendre les crampons. Les gars se solidarisent avec leur pote Nico, écarté après avoir été sanctionné, après-coup, pour insultes au sélectionneur. Huis clos. Black-out. Silencio stampa. Ca dure 45 minutes. Puis le car redémarre vers Nowhereland. A ce moment précis, les Bleus viennent de s’éliminer tous seuls, comme des petits, de la compète. Il reste pourtant un dernier match contre les Bafanas : une large victoire pour passer, c’est encore jouable… Mais, non ! Les Bleus renoncent. Ils viennent de rater le coche. Le coach les a ratés.

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