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Klaus Allofs : « Leipzig, c’est solide derrière et spectaculaire devant »

Propos recueillis par Julien Duez
Klaus Allofs : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Leipzig, c’est solide derrière et spectaculaire devant<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En 1987, Klaus Allofs débarque du FC Cologne à l’OM sur les conseils de son coéquipier en équipe nationale Karlheinz Förster. Avant le déplacement des Olympiens en Saxe ce jeudi en quarts de finale de la Ligue Europa, il se souvient de sa victoire en Coupe des coupes contre une ancienne gloire locale : le Lokomotive Leipzig.

Votre première joute européenne avec Marseille, c’est un seizième de finale de Coupe des coupes contre le Lokomotive Leipzig. En tant qu’Allemand de l’Ouest, la rencontre revêtait-elle une importance particulière ?Oui, c’est d’ailleurs difficile de s’imaginer aujourd’hui, maintenant que l’Allemagne est réunifiée, qu’il y avait à l’époque deux systèmes politiques qui s’affrontaient : le socialisme d’un côté, le capitalisme de l’autre et une rivalité Est-Ouest qui se répercutait au niveau sportif. Dès lors, pour Karlheinz Förster et moi, ce match était assez spécial. Comme pour le public du Lok qui allait voir jouer deux anciens de Bundesliga. Mais pour mes coéquipiers français, c’était une rencontre comme une autre.

Vous débarquez donc le 15 septembre 1987 dans ce qui s’appelle encore le Zentralstadion. L’OM est tenu en échec (0-0), mais deux semaines plus tard, c’est vous qui qualifiez Marseille en marquant le seul but des deux rencontres.C’était le premier tour, les deux équipes voulaient évidemment aller le plus loin possible dans la compétition et l’ambiance était vraiment intense. À Leipzig, parce qu’il y avait des Allemands de l’Ouest sur la feuille de match et à Marseille, parce que c’est Marseille. Sur le terrain, c’était très physique, on commettait beaucoup de fautes des deux côtés. Avec le recul, j’ai marqué beaucoup de buts dans ma carrière, mais celui-ci était assez spécial, d’abord parce que je venais d’arriver à Marseille, ensuite parce qu’il était décisif et enfin, parce qu’en face c’était une équipe de RDA.

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Les joueurs du Lok Leipzig étaient-ils connus de l’autre côté du Mur de Berlin ?Non. Les Allemands de l’Est connaissaient les joueurs de Bundesliga, mais l’inverse n’était pas vrai. C’est également difficile de se l’imaginer aujourd’hui, mais en RDA, le régime opérait un contrôle très strict de l’information, de telle sorte qu’il était presque impossible de savoir ce qui se passait de l’autre côté de la frontière.

Vos deux saisons à l’OM se terminent par le doublé coupe-championnat en 1989. Quel bilan tirez-vous de ces années phocéennes ?À l’époque, les deux clubs les plus populaires de France, c’étaient Saint-Étienne et l’OM. On pouvait comparer avec le Bayern, dans le sens où il avait des fans dans tout le pays et que venir jouer à Marseille signifiait jouer sous pression. Même si je n’ai pas vraiment pu profiter pleinement de la ville, je m’y suis très bien senti. Mes années en France ont été une très belle période de ma carrière, pour moi et ma famille. Si Bordeaux ne m’avait pas vendu à cause de ses problèmes financiers en 1990, j’y serais bien resté une année de plus.

Vous avez encore des contacts avec l’OM aujourd’hui ?La saison dernière, j’ai été invité au Vélodrome pour le dernier match de la saison contre Bastia. Cela faisait longtemps que je n’y étais pas retourné, mais je parle régulièrement au téléphone avec le kiné Alain Soultanian et avec Mario Albano, un journaliste de La Provence. Après, des gens comme Johan Micoud ou Valérien Ismaël me permettent de rester en lien avec la France en général. Et puis je sais toujours parler français ! (en français, N.D.L.R.)

Quel regard portez-vous sur la saison actuelle de votre ancien club ?J’ai regardé quelques matchs, mais jamais en entier, avec une attention toute particulière pour Luiz Gustavo que j’ai connu lorsque j’étais manager général à Wolfsburg. En Allemagne, on observe attentivement Payet à cause de son statut international, mais aussi Mitroglou ou Abdennour qui sont passés par la Bundesliga. Marseille a changé, mais reste une équipe intéressante. À l’époque où j’y étais, c’était le club numéro 1 et on sent qu’ils veulent le redevenir, ne serait-ce qu’en matière de public. Ils sont globalement dans la bonne direction, même si la situation n’est pas simple avec la concurrence de Paris et Monaco, sans oublier Lyon qui a été au sommet pendant plusieurs années.

Le RB Leipzig est-il un tirage facile ?Absolument pas. C’est une très bonne équipe, très structurée et qui a suivi un plan carré ces dernières années, en révélant de nombreux joueurs de talent. En championnat, ils sont dans une situation comparable à celle de l’OM puisqu’ils sont à la lutte pour une qualification en Coupe d’Europe, même si je dirais que la concurrence est légèrement plus relevée en Allemagne.

Y a-t-il des joueurs dont il faudra particulièrement se méfier ?Oui, surtout dans le secteur offensif. Timo Werner compte parmi les meilleurs attaquants d’Allemagne, Emil Forsberg ou Naby Keïta sont des joueurs exceptionnels. Il faudra également faire attention à Marcel Sabitzer et à Yussuf Poulsen, qui peut se révéler très désagréable et qui se démarque par un bon jeu de tête. Sans oublier Jean-Kévin Augustin bien sûr ! Tous produisent un jeu spectaculaire, tandis qu’en défense, c’est plutôt solide.

L’OM est-il encore un club connu en Allemagne ?(Il réfléchit.) Je crois qu’en premier lieu, les gens s’intéressent avant tout aux équipes qui jouent la Ligue des champions, car c’est elle qui détermine avant tout la renommée internationale. En revanche, l’OM garde malgré tout un statut à part. D’abord parce que c’est une équipe de tradition et ensuite, parce que de nombreux Allemands y ont joué ou entraîné. Mais pour atteindre le niveau de visibilité du PSG ou de Monaco, il faudrait les revoir en Ligue des champions.

On le sait, le RB Leipzig est toujours très critiqué à cause de son modèle économique. Faut-il dès lors s’attendre à ce que les Allemands soutiennent plutôt Marseille ?Difficile à dire. Je vous retourne la question : les Français soutiennent-ils le PSG en Ligue des champions parce que c’est un club français ? En Allemagne, il est encore inconcevable pour de nombreux fans de soutenir Leipzig, mais personnellement, je crois que son image est en train de changer, car c’est un club qui fait du très bon travail, en particulier vis-à-vis des jeunes. La fronde générale tend à diminuer, et dans le cadre d’un match entre un club français contre un club allemand, je pense que les gens soutiendront majoritairement le club allemand. Mais chez moi, ce sera du 50-50 ! (Rires.)

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